Le Mans
Hôtellerie : Un quatre étoiles de plus auMans
Le Mans # Commerce # Investissement

Hôtellerie : Un quatre étoiles de plus auMans

S'abonner

La reconversion du site de la Visitation amène la création d'un hôtel quatre étoiles et d'une résidence de tourisme d'affaires en centre-ville du Mans. Les hôteliers s'inquiètent de cette nouvelle concurrence sur un marché en recul.

— Photo : Kaufman & Broad

C'est une nouvelle course contre la montre qui débute avec comme échéance les 24Heures du Mans de juin2015. À cette date, le centre-ville du Mans comptera 44 lits de plus dans un nouvel établissement haut de gamme situé dans l'ancien couvent de la Visitation. Ce projet n'est que la première étape du vaste chantier de réhabilitation du site de la Visitation, comprenant 8.342m² de bâtiments anciens, aux trois quarts protégés par les Monuments Historiques. Propriété du Département, cet îlot était en partie occupé par le Palais de justice jusqu'en 1991 et par la maison d'arrêt, avant l'ouverture de la nouvelle structure de Coulaines en 2010. Le conseil général de la Sarthe a ainsi retenu, suite à un appel à projets, le dossier de reconversion du site porté par l'antenne nantaise du promoteur Kaufman & Broad. Celui-ci prévoit à l'horizon 2017, l'aménagement d'un restaurant, d'un spa, d'un hôtel des ventes, de logements de standing et de bureaux dans les constructions existantes. Une résidence senior et une autre de 80 chambres dédiée au tourisme d'affaires verront le jour dans un bâtiment neuf. Un chantier qui s'annonce pharaonique, sur lequel le promoteur ne souhaite pas révéler de budget. Néanmoins, une étude menée en 2008 par le Département en vue du regroupement de ses services sur le site avait chiffré ce projet à plus de 50millions d'euros. La cession de cet ensemble pour 4,45 millions d'euros à Kaufman & Broad constitue donc une bonne opération pour la collectivité qui se débarrasse ainsi d'un encombrant patrimoine.

Jouer la carte séminaire

Aux vues de la qualité des bâtiments, pour la plupart du XVIIIe siècle, et de sa localisation en coeur de ville, le positionnement haut de gamme s'est naturellement imposé. En ligne de mire, la clientèle business. Un segment en progression de 2 % l'année dernière en Sarthe, qui représente désormais 69 % de l'activité hôtelière, selon l'agence départementale de développement économique et touristique Sarthe Développement. « La plus forte progression des nuitées s'effectue sur les établissements classés trois et quatre étoiles. C'est sur ce créneau qu'il faut développer l'offre », appuie Véronique Rivron, vice-présidente de Sarthe Développement. La demande en événementiels d'entreprise tendant en effet à glisser vers les hôtels. Bien qu'aucun classement hôtelier ne soit encore arrêté, le groupe Evanescence, propriétaire et futur exploitant du lieu, se tourne vers une prestation dite de niveau quatre étoiles plus. Ces 44 chambres vont donc s'ajouter aux 56 de l'hôtel Concordia. Un quatre étoiles situé à deux arrêts de tramway du site de la Visitation, à proximité de la gare du Mans. Ainsi, c'est une offre de cent lits dédiée à la clientèle d'affaires qui s'apprête à voir le jour en plein centre-ville, sans compter les résidences de tourisme d'affaires et les établissements de périphérie.

Taux d'occupation en recul

L'arrivée de ce nouvel acteur inquiète les hôteliers manceaux, conscients qu'ils vont devoir partager un gâteau qui se réduit. « C'est très tendu actuellement, l'activité n'est pas là. Jamais nous n'avons eu un taux d'occupation aussi bas », souligne Jean-Paul Hennin, président de la Chambre professionnelle des indépendants de l'hôtellerie de la Sarthe (CPIH). Selon lui, les établissements sarthois fonctionnent entre 50 et 55 % de leur capacité actuellement, contre 56 % en 2012 à la même époque. « Nous n'atteignons pas les 50 % d'occupation à l'année, constate anonymement un hôtelier de la périphérie mancelle. Il n'y a pas l'utilité sur l'agglomération d'un nouvel établissement de cette catégorie. » Réalisant 75 % de l'activité sur la clientèle d'affaires, ce professionnel constate lui aussi des difficultés à remplir son hôtel en semaine. Ainsi, c'est l'ensemble de la filière locale qui ne parvient pas à redresser la barre. La clientèle loisirs du week-end, peu nombreuse hors 24Heures du Mans, ne compensant pas le delta. « Le marché de l'hôtellerie est pourvu au Mans, inutile de créer un trois ou quatre étoiles. Nous sommes largement en surcapacité », martèle le président de la CPIH, qui néanmoins se dit favorable à une véritable offre luxe. « Un cinq étoiles, pourquoi pas. Il ne prendrait pas de parts de marché à l'existant. En revanche, il ne faut pas que la montagne accouche d'une souris avec une offre haut de gamme et des tarifs tirés vers le bas. » Une guerre des prix inquiétante pour les hôteliers, sceptiques sur le potentiel d'attrait d'une nouvelle clientèle. Quant à la future résidence de tourisme d'affaires, ses 80 chambres cristallisent toutes les craintes. Ce mode d'hébergement « prêt-à-vivre » effectue une vraie percée sur le plan national, notamment sur la clientèle business qui représente 20 % de l'activité de ce secteur. Après avoir investi dans des espaces séminaires et dans la montée en gamme de leurs établissements, les hôteliers manceaux craignent donc pour leur retour sur investissement face à cette nouvelle concurrence. Le compte à rebours est lancé pour s'adapter à cette nouvelle donne.

Le Mans # Commerce # Investissement # Implantation # Création d'entreprise