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Hausse du coût des matériaux et manque de main-d‘œuvre ralentissent le secteur du bâtiment
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Hausse du coût des matériaux et manque de main-d‘œuvre ralentissent le secteur du bâtiment

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La Capeb, confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, a fait paraître son enquête annuelle réalisée auprès des professionnels de la région. Malgré des carnets de commandes très encourageants, le secteur se heurte à des difficultés de recrutement et à la hausse des coûts de certains matériaux.

Christelle Delouche et Gilles Hamon, respectivement présidente et secrétaire général de la Capeb de Maine-et-Loire — Photo : Olivier Hamard

25 % des entreprises adhérentes de la Capeb, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, ont répondu à l’enquête annuelle réalisée par leur syndicat professionnel, soit environ 280 d’entre elles. Depuis dix ans, chiffre d’affaires et carnet de commandes n’avaient pas été aussi encourageants, mais des zones d’ombre subsistent, qui portent sur le manque de main-d’œuvre, la hausse des coûts et l’approvisionnement en matériaux.

Près de la moitié des chiffres d’affaires en hausse

Il faut remonter au moins dix années en arrière pour retrouver de tels chiffres dans le secteur du bâtiment. 49 % des entreprises qui ont répondu à l’enquête annuelle de la Capeb reconnaissent avoir un chiffre d’affaires à la hausse, et 42 % un chiffre d’affaires stable. Ce sont donc plus de 9 entreprises sur 10 qui voient leur chiffre d’affaires ne pas régresser, avec de surcroît des perspectives encourageantes : 26 % des entreprises ont une trésorerie à la hausse et 51 % la déclarent stable. Du côté des carnets de commandes, ils sont supérieurs à 3 mois chez 68 % d’entre elles, allant même jusqu’à plus de 6 mois pour 28 % : "Ces chiffres sont les plus élevés depuis 10 ans, se réjouit Gilles Hamon, secrétaire général de la Capeb de Maine-et-Loire. Le plan de charge des entreprises a progressé depuis fin 2020, et celles-ci ont peu fait de demandes d’aides, ce qui explique que les trésoreries se portent bien. Les gens ont passé du temps chez eux depuis le début de la crise, ont envie d’améliorer leur cadre de vie et font appel aux artisans du bâtiment. Cela permet aux entreprises d’anticiper des projets d’investissement et de recrutement."

C’est avant tout l’amélioration des logements qui porte l’activité des adhérents de la Capeb, à hauteur de 64 %, et 80 % des clients sont des particuliers. La rénovation énergétique arrive en tête des types de travaux réalisés, 21 % des entreprises réalisant plus de 50 % de leur chiffre d’affaires dans ce domaine, alors qu’elles n’étaient que 11 % l’an passé à la même période. À côté, l’ensemble des corps de métiers enregistre une hausse de leur activité : "La demande reste toujours soutenue et de ce côté-là, les feux sont au vert, indique Christelle Delouche, présidente de la Capeb 49. Mais face à cette forte demande, les entreprises manquent de main-d’œuvre."

Difficultés de recrutement

Conséquence de cette activité à la hausse, le collaborateur est devenu une denrée rare, même si les métiers du bâtiment gagnent en attractivité : "Nos métiers sont plus techniques, ajoute Christelle Delouche, moins pénibles et il y a un vrai choix de valoriser les compétences des collaborateurs. Les salaires sont plus attractifs qu’ils ne l’ont été par le passé. Nos centres de formation d’apprentis sont pleins, avec 12 % de jeunes en plus à la rentrée de septembre sur l’ensemble de la région. On voit aussi arriver dans nos entreprises de gens qui se réorientent, venant par exemple des secteurs de la santé ou de l’hôtellerie-restauration." De nouveaux collaborateurs qu’il faut néanmoins former, certes sur des périodes plus courtes, mais qui peuvent atteindre 12 à 18 mois selon les métiers. "Ensuite, témoigne Laurent Pineau, dirigeant d’une entreprise de carrelage aux Ponts-de-Cé, il faudra encore plusieurs années avant d’avoir la pleine maîtrise du métier."

"Nos centres de formation d'apprentis sont pleins"

45 % des entreprises du bâtiment ont recruté cette dernière année et le secteur a créé 3 600 emplois depuis 18 mois dans les Pays de la Loire. Mais 37 % des entreprises qui ont répondu à l’enquête de la Capeb ont encore des postes vacants et 46 % d’entre elles envisagent de recruter dans les mois à venir. Là aussi, le constat vaut dans tous les métiers, comme ceux de la pierre (71 % des entreprises), de la maçonnerie (61 %) ou encore de la plâtrerie (59 %). Les postes vacants se retrouvent quant à eux le plus souvent encore dans les métiers de la pierre, pour 61 % des entreprises, de la couverture (56 %) ou dans de l’électricité (50 %).

La question des matériaux

À cette pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du bâtiment, s’ajoute la hausse du coût des matériaux : "Depuis février-mars 2021, 98 % de nos entreprises la constatent, indique Gilles Hamon, avec des hausses pouvant aller de 20 à 450 % ! 30 % des adhérents ont enregistré des coûts en augmentation en moyenne de 36 %. Le bois, le métal sont particulièrement concernés, et depuis septembre 2021, les équipements intégrant de l’électronique, comme les volets roulants, les appareils de chauffage ou certains équipements électriques." Pour plus de la moitié des dirigeants, la hausse est évaluée entre 15 et 30 %, et seulement 2 % n’ont pas constaté d’augmentation du prix de leurs matériaux. "Une entreprise sur deux s’estime fragilisée par cette hausse, principalement dans les métiers de la charpente (71 % des entreprises), de la couverture (67 %), de la serrurerie-métallerie (67 %) et de la menuiserie (56 %). Les professionnels ne répercutent pas toujours ces hausses sur les devis et les marges, déjà peu élevées, s’affaiblissent. Et au-delà de cette augmentation, ces mêmes matériaux viennent parfois à manquer. "

"Une entreprise sur deux s'estime fragilisée par la hausse du coût des matériaux"

La tension sur les approvisionnements peut aller jusqu’à entraîner des arrêts de chantier, ajoute Christelle Delouche. 28 % de nos adhérents l’ont observé et 54 % l’envisagent. D’autres doivent avoir recours à l’activité partielle, ont des difficultés à répondre à des appels d’offres ou constituent des stocks occasionnels, et c’est une trésorerie qui dort." "Nos métiers sont aussi très interdépendants, ajoute Laurent Pineau, et l’arrêt ou le retard d’une entreprise sur un chantier entraîne souvent des conséquences pour les autres."

Pour les entreprises du secteur du bâtiment interrogées par la Capeb, la période est donc encourageante : le travail ne manque pas et les perspectives sont bonnes, avec des carnets de commandes qui continuent de se remplir. Mais face à cette embellie, les représentants du secteur demeurent prudents : "Il y a beaucoup de paramètres qu’on ne maîtrise pas, tempère Christelle Delouche. Nous avons du travail, nous formons, mais on ne sait pas ce que ce sera d’ici 6 ou 8 mois."

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