Gastronome : Terrena cède son usine à Casino
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Gastronome : Terrena cède son usine à Casino

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Agroalimentaire Avec la cession de son usine sarthoise à Casino et l'annonce de ses négociations avec Sofiprotéol pour reprendre la majorité de Doux, Terrena rebat ses cartes dans la volaille.

— Photo : Yanne Boloh

Rebondissement inattendu sur le site sarthois de Gastronome. Le jour prévu de la cessation d'activité, son propriétaire, le groupe coopératif Terrena, a annoncé un accord de vente au groupe de distribution Casino. Accord validé par le comité d'entreprise qui avait demandé l'analyse d'experts indépendants avant d'accepter la cession du site de Luché-Pringé.

Les GMS entrent dans la volaille

Dans le cadre de la restructuration de ses outils industriels, la coopérative avait, il y a trois ans, fermé l'activité abattage de cette usine, la plus excentrée du groupe, puis annoncé sa fermeture. La coopérative a rapatrié les contrats assurés par cette unité de découpe et conditionnement de volailles, notamment la fourniture de KFC, dans ses autres outils, dont celui de Moncoutant (79) pour la dinde et de Bretagne pour le poulet. Avec 160 salariés, dont le projet prévoit la reprise complète du site sarthois, elle constituera le premier pas de Casino dans l'amont. Historiquement, le distributeur a en effet suivi la tendance générale de la GMS en se désintéressant peu à peu de la production. Seuls Intermarché (64 usines regroupées dans Agro-Mousquetaires) et Leclerc (viandes de Kermené, eaux Aquamark) ont une réelle implication industrielle dans leur amont. Mais aucun n'avait d'intérêts dans la volaille. Or, le groupe de Saint-Étienne souhaite se déployer vers l'amont pour acquérir une expertise de sourcing et, donc, faire potentiellement pression sur les prix « en toute connaissance de cause ». Une démarche que les services de l'État voient d'un bon oeil. C'est d'ailleurs le Ministre de l'agriculture lui-même qui a mis les acteurs en relation. Les services de l'état se sont fortement mobilisés pour cette reprise : le 29 avril, c'est d'ailleurs le Ministre Stéphane Le Foll, accompagné de la Préfète de la Sarthe Corinne Orzechowski, qui a annoncé officiellement cet accord à l'occasion de la table ronde « Manger local en Pays de la Loire ». Ils étaient tous deux présents lors de la présentation à la presse du projet le 4 mai dernier. La question de la traçabilité pour les produits sous marque du distributeur est une première raison avancée, mais le potentiel de l'unité, 10.000 tonnes, est loin de suffire pour les approvisionnements des réseaux du groupe (Géant Casino, Leader Price, Monoprix, Franprix...) qui s'approvisionnera forcément aussi auprès des autres opérateurs. De fait, le site pourrait fournir 50 % des découpes de volailles sous ses marques pour le segment standard et 100 % des découpes de volailles certifiées toujours pour ses marques. Même si l'usine de Luché-Pringé reste dédiée à la même activité de découpe et de conditionnement de volailles, elle devra subir une période de 6 à 8 mois de travaux durant lesquels les salariés bénéficieront des systèmes de maintien de l'emploi, demandé par le Ministre de l'agriculture à son collègue du Travail.

Terrena vise Doux

Alors que le dossier Luché-Pringé n'est pas tout à fait bouclé, Terrena a fait une autre annonce qui bouleverse les cartes de la volaille française : accompagné par la banque d'investissement Sofiprotéol (groupe Avril, déjà actionnaire minoritaire chez le leader national LDC), la coopérative a en effet annoncé le 19 mai, la signature d'un accord d'exclusivité avec D & P Participations. Filiale de la holding de la famille Calmels, spécialisée dans l'accompagnement au capital de PME françaises, D & P a pris 52,2 % du capital de Doux en 2013, alors que le groupe finistérien risquait le démantèlement complet. Son activité frais avait alors été cédée à différents acteurs dont LDC et Glon, filiale du groupe Avril. C'est à l'occasion de la reprise des activités volailles de Glon que LDC a d'ailleurs fait entrer Sofiprotéol à son capital début 2015. Restent chez Doux une marque forte de produits élaborés, Père Dodu, et une activité d'exportation de poulets, notamment vers le Moyen Orient. À l'issue de l'opération, Terrena pourrait donc devenir majoritaire chez Doux. Le second acteur du secteur (avec 850 M€ pour Gastronome), reprendrait donc le troisième (457 M€).

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