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Face à la crise, la Fonderie Macheret accélère sa diversification
Sarthe # Métallurgie

Face à la crise, la Fonderie Macheret accélère sa diversification

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La fonderie d’art Macheret trouve un relais de croissance dans le domaine de la décoration en développant une gamme de produits en propre. Une première pour l’entreprise sarthoise qui profite de la crise sanitaire pour accélérer sa diversification.

Repreneur de la fonderie familiale en 2015 avec son frère Yves, Paul Macheret entend développer l'entreprise vers le secteur de la décoration — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

Comme tous les quatre ans, la fonderie d’art Macheret a mis son savoir-faire au service du Vendée Globe en réalisant le trophée de la célèbre course autour du monde à la voile et en solitaire. Une véritable vitrine des savoir-faire de cette entreprise familiale, forte de 18 salariés. Basée à Monfort-le-Gesnois, elle effectue en effet 30 à 35 % de ses 1,8 million d’euros de chiffre d’affaires dans la réalisation de médailles et trophées. Une activité habituellement récurrente qui est désormais sérieusement plombée en raison de l’épidémie de Covid 19. « Ça s’est réduit à peau de chagrin ! Nous n’avons plus de chiffre d’affaires sur l’événementiel et les salons où nous aurions pu prospecter sont annulés. Nous avons donc dû trouver des relais de compensation », indique Paul Macheret. Repreneur de la fonderie sarthoise en 2015 avec son frère Yves, il actionne déjà le levier depuis deux ans, en dotant l’entreprise d’une gamme de produits en propre. Une première depuis la création en 1982 de la fonderie d’art, qui propose désormais des luminaires en bronze et en albâtre sous sa marque Entrelacs. « C’est la première fois que nous développons un catalogue en propre. Cela nous permet de prospecter directement sur le marché plutôt que de seulement y répondre. Clairement, ça nous aide à contrebalancer la perte d’activité sur nos métiers traditionnels, mais nous permet également de nous professionnaliser davantage. »

Réduire la dépendance aux marchés traditionnels

Spécialisée dans le travail du bronze et labellisée en 2013 Entreprise du patrimoine vivant, la Fonderie Macheret évolue ainsi sur des marchés de niche très spécifiques. Outre les médailles et trophées, l’atelier de Montfort-le-Gesnois réalise également des sculptures, des plaques commémoratives, des bronzes de décoration ou encore de l’accastillage maritime. Une diversité de production mettant l’entreprise à l’abri de la dépendance à un seul marché, mais imposant une certaine complexité dans son organisation. Le temps de réalisation d’une sculpture n’étant pas le même que pour le trophée d’un événement. Avec Entrelacs, la Fonderie Macheret doit à présent penser collections, catalogues et prix. La création des différentes collections et les commandes régulières nécessitent une nouvelle organisation en interne. Ainsi, une chargée d’affaires a été recrutée et deux personnes en production sont dédiées à la nouvelle marque de l’entreprise. Celle-ci s’adressant principalement à une clientèle de prescripteurs, architectes et décorateurs, mais aussi à des magasins de décorations « très haut de gamme, installés dans les grandes métropoles européennes. »

Ouverture à l’export

Entrelacs permet également aux frères Macheret de trouver de nouveaux débouchés à l’international. La fonderie familiale comptant à présent des clients aux États-Unis, au Canada, en Scandinavie ou encore en Allemagne. Pour cela, elle s’appuie notamment sur des agents commerciaux basés à l’étranger. Résultat, l’export représente aujourd’hui environ 30 % du chiffre d’affaires de l’entreprise contre 10 à 20 % avant la création d’Entrelacs. La marque pesant pour 20 % de l’activité de l’entreprise. « C’est un aspect positif du confinement, le besoin de reconfigurer son habitat. Aujourd’hui, l’aménagement intérieur est un secteur porteur. Dans notre cas, le luminaire est un produit qui fonctionne bien et cela va nous permettre de rester maître de notre développement », explique Paul Macheret. Car l’entreprise doit en effet poursuivre ses efforts dans ce sens. La deuxième période de confinement en fin d’année fait déjà ressentir ses effets. « La demande se tasse, des projets déjà chiffrés tardent à se concrétiser. On sent de l’inertie dans les décisions chez nos donneurs d’ordres. » Une raison de plus pour accélérer sa diversification.

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