Avec 111,7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, en croissance de 30 % par rapport à 2021 (84,7 M€), Evolis, leader mondial des imprimantes à cartes en émission décentralisée, a vécu une année "exceptionnelle", selon son président Emmanuel Picot. "Et l’année 2023 est bien partie, poursuit le dirigeant, car nous avons pris des marchés. Notre objectif est à la fois de séduire de nouveaux clients et de conserver ceux qui sont venus vers nous. Nous avons aussi de plus en plus de projets à long terme, comme des appels d’offres de gouvernements ou dans le secteur bancaire, qui nous offrent de la visibilité." Réalisant 90 % de son chiffre d’affaires à l’export, le groupe angevin, qui emploie 300 personnes à Beaucouzé, sa seule unité de fabrication,
se taille une part de choix sur le marché mondial de l’imprimante à cartes en émission décentralisée dans de nombreux secteurs : éducation, transport, entreprises, associations, services publics, santé, commerce ou encore finance, en Asie, en Europe, en Afrique ou aux États-Unis, premier pays vers lequel il exporte, avec une présence dans 140 pays. "Le secteur public représente 30 % de notre activité, ajoute Emmanuel Picot. Nous avons par exemple signé il y a peu avec deux nouveaux pays africains."
Le groupe angevin a par exemple noué un partenariat stratégique avec la société parisienne Famoco, spécialiste des solutions mobiles sécurisées. Les deux entités ont développé une solution d'enrôlement et d'impression de cartes in-situ, visant à faciliter l'identification des individus dans les pays émergents. Le système permet aussi de lutter contre la fraude et d'optimiser la gestion des dossiers administratifs, tout en garantissant la protection des données personnelles des adhérents. Un premier contrat a été signé avec la Mugefci (Mutuelle générale des fonctionnaires et agents de l'État), en Côté d'Ivoire, qui pourra désormais accélérer le processus d'enrôlement et d'impression de cartes pour ses membres et la solution a été présentée en maià Nairobi, au Kenya.
Sciure de bois et amidon de maïs
Si le groupe angevin a conquis de nouveaux clients, il a également étoffé sa gamme de produits. Il dispose d’une part d’un catalogue de 350 références, avec des imprimantes allant de l’entrée, au haut de gamme, et ne cesse d’innover.
"Nous avons lancé la marque Edikio, indique Emmanuel Picot, qui est une solution d’impression d’étiquettes plastique pour les produits frais dans les supermarchés et les magasins, en indiquant la provenance, les prix, ou les allergènes. Nous l’avons développé il y a quelques années et cela a pris son essor avec le Covid. C’est un marché qui reste encore faible mais qui grandit, nous avons vendu plus de 30 000 solutions dans le monde et nous en avons sorti une à destination spécifique pour la restauration et les hôtels." À destination de cette clientèle, Evolis a sorti une carte en PLA, un mélange fait de sciure et bois et d’amidon de maïs. Lancé il y a un mois, le produit, résultat d’un an et demi de développement en interne, permet une impression en noir et blanc.
Réduire l’impact
Avec une équipe R & D d’une quarantaine de personnes, le groupe angevin, outre cette nouveauté proposée sur le marché, travaille sur d’autres sujets, en particulier celui du plastique. Depuis plusieurs années déjà, Evolis ne produit plus d’imprimantes pour des cartes en plastique à durée courte. "Nous travaillons sur des cartes qui ont des durées de vie de 5 à 10 ans, précise Emmanuel Picot, dont l’impact est moindre. Pour les marchés de cartes à durée courte, nous avons développé des produits avec des cartes cartonnées. Cela reste une faible partie de notre production mais elle augmente." De même, le groupe a intégré la capacité de générer un QR code dans l’impression des cartes. Ce qui permet par exemple de disposer d’une carte de visite que l’on fait scanner à son interlocuteur, qui va ainsi disposer des données. "Chaque année, deux milliards de cartes dans le monde ont une durée de vie de moins de deux jours, affirme Emmanuel Picot, et dix milliards de moins d’un mois. Nous avons imaginé une carte de visite unique d’une durée de vie de 5 ans et nous allons essayer d’amener les gens à utiliser ce type de produit. Notre objectif est d’utiliser le plastique à meilleur escient, de rationaliser et de travailler de plus en plus avec d’autres matières." Cette solution sort en ce mois de juin et Evolis mettra aussi sur le marché une nouvelle gamme en novembre, avec des cartes à la durée de vie plus longue.
Nouveaux usages
Parallèlement, Evolis travaille sur d’autres sujets, comme la possibilité d’imprimer en qualité quadrichromie sur un film, collé ensuite sur des supports qui ne soient pas en PVC, une technologie ouvrant aussi de nouveaux marchés haut de gamme, dans les domaines de la monétique ou de la sécurité. "Notre travail de recherche et développement porte sur de nombreux aspects, confie Emmanuel Picot, comme les logiciels, les produits que nous fabriquons, les matériaux, la consommation d’énergie de nos imprimantes ou nos emballages. Nous sommes leaders sur les machines traditionnelles et nous voulons garder ce leadership. Nous avons donc un plan de développement à horizon 2025 pour rénover nos gammes et proposer le meilleur rapport prix, qualité et fonctionnalité du marché." Outre cet objectif, le groupe travaille en permanence à la recherche d’opportunités de marchés, comme c’est le cas avec l’étiquetage de produits frais ou sa gamme de produits destinée à l’hôtellerie. "Avec de nouveaux supports qui permettront de sortir du plastique, poursuit Emmanuel Picot, nous essayons sans cesse de trouver des usages novateurs, comme dans le secteur artistique avec l’impression de cartels pour les musées, dans le commerce de cigares ou encore du vin." Une quête de marchés à 360 degrés, allant des commerces aux administrations, en passant par les entreprises, les secteurs de la santé ou de l’éducation, qu’Evolis poursuit partout dans le monde.
Filiales en Asie et aux USA
Si le groupe dispose en effet d’une seule unité de production en Maine-et-Loire, il compte aussi près d’une centaine de collaborateurs à l’étranger, dans des filiales à Singapour, en Inde, en Chine ou aux États-Unis, qui assurent des activités de marketing, de support ou de logistique. Ne commercialisant par directement ses produits, Evolis s’appuie également sur un réseau de distributeurs, choisis en adéquation avec les différents marchés. " Nous avons des canaux de distribution différents selon les clients, précise Emmanuel Picot, comme dans le domaine de l’identification, pour les projets bancaires ou gouvernementaux, et nous en développons de nouveaux lorsque nous ouvrons une gamme de produits." Pour accompagner ses réseaux de distribution dans le monde entier, le groupe va lancer un grand projet de digitalisation. Il veut proposer à ses distributeurs des outils sur des compétences techniques dans toutes les langues, sur différents supports comme des vidéos ou des plateformes. Après un investissement récent de près d’un million d’euros d’aménagement de son site de Beaucouzé, en particulier pour la partie accueillant les bureaux, il réfléchit aussi à un plan industriel à une échéance de 5 à 10 ans.
