Doué-la-Fontaine, La Flèche : les zoos doivent investir pour séduire
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Doué-la-Fontaine, La Flèche : les zoos doivent investir pour séduire

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Moteurs du tourisme local, les parcs zoologiques de Doué-la-Fontaine et La Flèche investissent actuellement dans l’aménagement de leurs installations. Entre agrandissements et diversification de l’activité, ces établissements entendent rester attractifs et séduire une nouvelle clientèle.

Dirigé par François Gay, le Bioparc de Doué-la-Fontaine investit cette année 2 millions d'euros pour s'agrandir de 2 hectares — Photo : Olivier Hamard – Le Journal des Entreprises

Après La Flèche en 2017, c’est au tour du Bioparc de Doué-la-Fontaine de repousser les limites de ses enclos. Le parc zoologique du Saumurois s’agrandit cette année de plus de deux hectares. L’actuel chantier de 2 millions d’euros s’achèvera l’hiver prochain et permettra d’accueillir des lions, des guépards et une vingtaine d’autres espèces de la faune africaine. Un investissement représentant près de la moitié de ses 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. De quoi renforcer l’attrait de ce site qui reçoit autour de 220 000 visiteurs chaque année et réalise 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

À La Flèche aussi, le parc, visité par 382 000 personnes l’an passé pour un chiffre d’affaires de 13,5 millions d’euros, investit en permanence. 1,6 million d’euros cette année dans 4 lodges pour l’hébergement et un nouvel espace pour les tigres de Sumatra. Des investissements qui, s’ils doivent séduire le public, s’effectuent d’abord dans le respect de la mission de protection des espèces, dévolue aux zoos. « C’est l’ADN d’un parc, explique Cyril Hue, vétérinaire et responsable zoologique du Zoo de la Flèche. Pour y parvenir nous devons réaliser des investissements servant la cause de la biodiversité, tout en étant attractif pour les visiteurs et sans pour autant devenir un parc d’attractions. »

Remis régulièrement au goût du jour, les espaces s’adaptent ainsi toujours plus aux animaux, tout en offrant aux visiteurs une meilleure immersion. « Les investissements ne sont pas toujours effectués pour accueillir de nouvelles espèces, confirme François Gay, directeur du Bioparc de Doué-la-Fontaine. Régulièrement, nous apportons des améliorations et tous les trois ans, nous menons un projet important. Mais c’est avant tout en se demandant ce que l’on peut parfaire dans l’existant. »

En finir avec l’aléa climatique

Autre spécificité des parcs zoologiques, la météo, dont les aléas peuvent impacter lourdement la fréquentation d’un établissement. « 2018 a été une année en demi-teinte en raison de plusieurs week-ends orageux, des ponts de mai pendant les vacances scolaires et de la Coupe du monde de football. Nous avons perdu 60 000 visiteurs par rapport à 2017 qui, elle, était une année exceptionnelle à 442 000 visiteurs », souligne Céline Talineau, directrice du Zoo de La Flèche.

« L’excellence, c’est de trouver le bon rythme de croissance pour faire les choses avec maturité. »

Pour s’assurer des rentrées de trésorerie à l’année, l’établissement sarthois a misé en 2013 sur le développement de l’hébergement. 16 lodges sont actuellement ouverts au cœur des enclos des animaux, et deux autres le seront au cours de l’été. Représentant 20 % de son chiffre d’affaires, ce pari de l’hébergement haut de gamme est gagnant pour le parc, puisque les réservations ne faiblissent pas, été comme hiver, captant au passage de nouveaux visiteurs. « Cela permet d’attirer une clientèle éloignée et de satisfaire une demande liée à l’allongement des visites, analyse Arnaud Bennet, président du Snelac, le Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels. Tous les parcs d’attractions le font, mais ce n’est pas le cas des zoos. »

À Doué-la-Fontaine, où la billetterie pèse pour 3,3 millions d’euros dans le chiffre d’affaires 2018, l’idée est encore en phase de réflexion : « Ce sera peut-être quand nous aurons réalisé d’autres projets, confesse François Gay. L’investissement serait, certes, rentable, mais nous ne sommes pas pressés, et nous ne voulons pas le faire juste parce que cela rapporte, ni au détriment éventuel de la qualité de visite pour les animaux. »

Céline Talineau a pris en 2018 la succession de Stéphane Da Cunha à la direction du Zoo de La Flèche — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

Deux parcs complémentaires

Forts de leurs spécificités et de leur proximité, les parcs de La Flèche et de Doué-la-Fontaine ne se livrent pourtant pas une concurrence effrénée. Là où le premier a développé des animations, créé une offre d’hébergements et ouvre toute l’année, le second a choisi de fermer deux mois chaque hiver et mise sur les interventions de ses soigneurs pour échanger avec le public : « A l'échelle régionale, précise Arnaud Bennet, il faut raisonner en complémentarité et éviter de reproduire ce que fait le voisin, pour ne pas être en concurrence frontale. » Ce qui semble avoir réussi à chacun des deux parcs qui, s’ils investissent continuellement pour améliorer leurs espaces, le font avant tout en fonction de leur histoire et de leur spécificité. « Nous n’avons jamais perdu d’argent. Ce n’est pas un gros mot d’en gagner, mais ce n’est pas le but. L’excellence, c’est de trouver le bon rythme de croissance pour faire les choses avec maturité », appuie François Gay.

Une croissance qui devrait être au rendez-vous en Sarthe. De nouveaux hébergements vont pousser au cœur du zoo fléchois dans les années à venir. Chaque nouvelle mise à niveau des installations animalières s’accompagnant de la création d’un nouveau lodge. Un rythme d’investissement soutenu pour le parc qui peut compter sur l’appui du groupe Looping. Le Zoo de La Flèche a en effet rejoint en 2017 cet opérateur national qui fédère une quinzaine de parcs de loisirs. De quoi assurer ses futures ambitions de développement.

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