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Coronavirus : l’ex-site Arjowiggins se refait une santé en approvisionnant le fabricant de masques Kolmi-Hopen
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Coronavirus : l’ex-site Arjowiggins se refait une santé en approvisionnant le fabricant de masques Kolmi-Hopen

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Reprise il y a un an suite à la liquidation d’Arjowiggins, la Papeterie du Bourray fournit en ouate le fabricant angevin de masques médicaux Kolmi-Hopen. Une résurrection pour ce site sarthois alors que sa maison mère, CGMP, est à l’arrêt.

En Sarthe, l'ancienne papeterie Arjowiggins de Saint-Mars-La-Brière fournit en ouate le fabricant angevin de masques de protection Kolmi-Hopen — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

Si elle a bien failli disparaître en 2019, la Papeterie du Bourray en Sarthe tourne actuellement à plein régime. Cette ancienne usine Arjowiggins a été reprise il y a tout juste un an à la barre du tribunal de commerce par CGMP, une PME locale, alors que l’autre papeterie sarthoise du groupe était, elle, liquidée. 115 emplois sur 260 ont ainsi été maintenus, des salariés qui fabriquent aujourd’hui du matériel d’hygiène pour les hôpitaux, à base de ouate. Une matière première que l’on retrouve dans les couches-culottes, le papier toilette ou encore les masques de protection à usage unique. « Nous fournissons en bobines de ouate Kolmi-Hopen, à Angers. Notre production est utilisée pour former l’une des quatre couches de papier qui constituent les masques », indique Céline Bourdin, dirigeante de CGMP à Tuffé, qui a repris la papeterie avec son mari François. Venant d'accueillir Emmanuel Macron, Kolmi-Hopen est le plus important des quatre fabricants de masques en France. En temps normal, cette usine produit 3,3 millions de masques par semaine. Avec le coronavirus, son effectif a doublé pour atteindre 140 salariés, ses machines tournent 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Et la montée en cadences de Kolmi-Hopen est loin d'être terminée.

Un an après sa reprise, la Papeterie du Bourray se retrouve donc en première ligne face à l’épidémie de Covid 19. « Nous ne pouvons pas nous arrêter dans cette période de crise sanitaire. Les salariés en sont conscients et sont très impliqués, même si certains ont peur de travailler sans masque. Nous savons de toute façon qu’il n’y en a pas de prévu pour les entreprises… »

La maison mère CGMP est, elle, à l’arrêt

En reprenant la Papeterie du Bourray en mars 2019, Céline et François Bourdin n’imaginaient pas la valeur stratégique actuelle de leur acquisition. Il s’agissait alors pour eux de sécuriser l’approvisionnement en ouate de CGMP. Employant 140 personnes pour un chiffre d’affaires de 36 millions d’euros, cette entreprise sarthoise est en effet spécialisée dans la fabrication de nappes et serviettes en papier. Des produits nécessitant de la ouate, que la PME commercialise auprès d’une clientèle de fournisseurs de restaurants et traiteurs. Cette usine est aujourd’hui l’arrêt, au contraire de la papeterie. « La fermeture des restaurants a été un drame. Pour CGMP, la saison débute à Pâques et nos stocks étaient prêts à les approvisionner. La production étant stoppée, nous les écoulons en ce moment à travers de nouveaux débouchés », rapporte la dirigeante. L’entreprise fournit ainsi l’Armée de Terre en serviettes en papier et a également équipé les hôpitaux avec des tabliers jetables habituellement destinés à la restauration collective. « Nous avons même été sollicités pour fabriquer des blouses médicales en papier. Comme nous n’avons pas de production en ce moment, nous donnons la matière première à un atelier qui se chargera de la confection. »

Approvisionnements sécurisés

CGMP fonctionne ainsi en effectif extrêmement réduit, moins de 10 personnes, et a recours au chômage partiel. L’entreprise s’est également sécurisée en assurant ses approvisionnements en amont de la crise. « Nous avons acheté davantage de pâte à papier pour les deux entreprises. Il n’y a pas de menace sur la pérennité de CGMP. Notre trésorerie nous permettra de passer la crise, mais il ne faudra pas que ça dure. Je trouve également que les banques ont rapidement réagi en mettant en place des reports d’échéance. » Toutefois, la dirigeante regrette que son entreprise ait été contrainte de cesser sa production face aux mesures de confinement alors qu’elle propose du matériel sanitaire, comme des draps d’examen ou encore du papier d’hygiène. « Lors de l’épidémie de grippe H1N1, nous avions été sollicités, contrairement à aujourd’hui. Nous sommes pourtant spécialisés dans les produits à usage unique, qui sont parfaitement adaptés dans ce contexte de crise sanitaire », déplore Céline Bourdin. Ambassadrice du mouvement French Fab en Sarthe, elle reste ainsi plus que jamais convaincue de la pertinence de la production en France. Malgré les usines à l’arrêt, cette crise rebat en effet les cartes du maintien d’industries stratégiques dans l’Hexagone.

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