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Coronavirus : La crise bloque les interventions de Pack’R à l'étranger
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Coronavirus : La crise bloque les interventions de Pack’R à l'étranger

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Pack’R, à Beaucouzé, réalise 85 % de son chiffre d’affaires à l’export. Spécialisée dans la conception et la fabrication de machines de remplissages de bidons et de fûts pour les liquides, l’entreprise angevine reste depuis le début de la crise en attente de commandes importantes et espère surtout pouvoir intervenir rapidement chez ses clients étrangers.

Pack'R, qui fabrique ses machines d'embouteillage sur mesure, est en attente d'importantes commandes retardées en raison de la crise sanitaire — Photo : Olivier Hamard JDE

Après quatre semaines de fermeture, l’usine de Pack’R, à Beaucouzé, a relancé la fabrication de ses machines de remplissage le 13 avril, avec 30 % des 60 collaborateurs de la partie ateliers et magasin. La moitié des salariés était présente la semaine dernière. Ils sont cette semaine 85 % à travailler, mais le rythme de production est ralenti, contraint par des mesures sanitaires strictes. Et surtout, une très grande partie des interventions chez les clients sont repoussées, tandis que les commandes prévues n’ont pas toutes été enregistrées, certains clients ayant préféré les retarder.

Des opérations de maintenance annulées

Pour Pack’R, les premiers signaux d’alerte sont apparus bien avant l’annonce du confinement en France à la mi-mars. L’entreprise, en plus de ses 120 salariés à Beaucouzé, compte en effet une filiale à Atlanta, aux États-Unis avec 5 collaborateurs et une autre avec 6 personnes à Singapour. Depuis début février, plusieurs interventions, que devait faire cette dernière chez des clients chinois pour des opérations de maintenance, avaient déjà été annulées. « Des clients nous ont demandé de ne pas intervenir, précise Didier Bessard, le PDG de l’entreprise angevine de 130 personnes. Nous devions installer des machines aux États-Unis et en Australie en mars et il nous a aussi fallu reporter. De même, nous avons dû rapatrier les techniciens qui devaient effectuer des interventions prévues en Australie, en Amérique du Sud, aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe. »

Un tiers du chiffre d’affaires en activités de service

Depuis peu, seul un technicien, depuis Paris, est parvenu à effectuer quelques déplacements chez des clients dans le nord de la France et en Belgique.

Mais l’activité de services de l’entreprise, qui représente un tiers de son chiffre d’affaires, de 16,5 millions d’euros en 2018, est fortement impactée. La fourniture de pièces détachées, l’installation, la maintenance ou la remise à neuf des machines, de même que la fourniture de pièces pour leur réadaptation au remplissage de nouveaux liquides, sont quasiment à l’arrêt. « Notre hot-line a tout de même été conservée depuis le début de la crise et elle est très sollicitée, précise Didier Bessard. Nos clients de l’agroalimentaire continuent de travailler, d’autres se sont réorientés vers l’embouteillage de gel hydroalcoolique. Nos clients qui conditionnement des lubrifiants, en revanche, ont une production moindre en ce moment. »

Dans l’attente de plusieurs commandes importantes

Si l’activité de services est en nette baisse, la production des machines d’embouteillage est également ralentie : outre sa fermeture pendant quatre semaines, l’usine a dû s’adapter pour réunir toutes les conditions de protection sanitaire. Pour cela, il a notamment fallu revoir le processus de fabrication : Pack’R réalisant des machines sur mesure, l’entreprise n’a pas de ligne de production. Les collaborateurs travaillent habituellement sur des îlots de quatre à huit personnes. Aujourd’hui, ils ne sont que deux par îlot, pour fabriquer les machines dont les commandes ont été enregistrées avant le mois de mars. « Depuis le début de la crise, notre service commercial a enregistré d’autres commandes en fonctionnant normalement, ajoute Didier Bessard. Mais de très grosses commandes étaient aussi prévues, qui ont été repoussées et nous ne savons pas quand elles seront passées. Cette situation d’attente est gênante car nous en avons besoin pour faire travailler nos bureaux d’études. Ce creux en phase d’étude pourrait aussi se répercuter en août ou en septembre dans l’atelier. » Pour l’entreprise, qui fabrique entre 30 à 40 machines par an, il faut compter en effet 5 à 7 mois entre la prise de commande et la sortie d’usine, avant la livraison et l’installation chez le client.

En plus du ralentissement de l’activité dans l’usine, l’entreprise ne sait pas non plus quand son personnel pourra à nouveau repartir chez les clients. Une machine doit par exemple être mise en service au Texas et des interventions, ailleurs dans le monde, sont en attente du feu vert des clients et de la réouverture du trafic aérien. Amputée d’une partie de son activité, Pack’R va connaître en 2020 un coup d’arrêt dans sa croissance, constante depuis plusieurs années, mais son dirigeant reste confiant. « Nous sommes partis pour une année faible en chiffre d’affaires, envisage Didier Bessard. En termes de résultats, on sera peut-être dans le rouge, mais il y a tellement de données inconnues qu’on ne peut pas encore mesurer l’impact de cette crise. Nous avons fait des projections estimatives, un peu au doigt mouillé. L’entreprise est solide, nous avons de la trésorerie, mais l’année ne sera d’ores et déjà pas bonne. »

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