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Coronavirus : Emka Electronique s'adapte pour que les hôpitaux aient plus d'équipements respiratoires
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Coronavirus : Emka Electronique s'adapte pour que les hôpitaux aient plus d'équipements respiratoires

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Le groupe français Air Liquide augmente sa production de respirateurs artificiels pour les hôpitaux. Parmi ses sous-traitants, l’entreprise Emka Electronique et son unité de Noyant-le-Gravoyère, dans le Maine-et-Loire, s'adaptent pour répondre à une demande multipliée par 30.

Photo : © DR

Emka Electronique est engagée dans une course contre la montre. Spécialisée dans la conception et l’assemblage de cartes électroniques, cette PME s’est réorganisée, en particulier pour continuer de répondre à l’un de ses clients, Air Liquide Medical Systems. Emka Electronique fournit en effet à cette filiale d'Air Liquide des cartes électroniques qui entrent dans la composition de respirateurs d’air médicaux, ces équipements respiratoires qui sont utilisés pour venir en aide à certains malades du coronavirus. Et, en pleine épidémie, la demande pour ces respirateurs explose. Un challenge qui mobilise pleinement la PME présidée par l’Angevin Patrick Marionneau. Ayant son siège social dans le Loir-en-Cher (où elle emploie 90 salariés), Emka Electronique compte une usine dans le Maine-et-Loire, à Noyant-la-Gravoyère (50 salariés) ainsi qu’un site en Tunisie (60 salariés).

Deux sites de production pour assurer une continuité

« C’est une carte que nous avons conçue et que nous fabriquons habituellement à 200 unités chaque mois pour les respirateurs de notre client, confie Patrick Marionneau. Aujourd’hui, il nous en faut faire 6 000, et tout de suite ! » La filiale du groupe français Air Liquide, dans un communiqué, a en effet indiqué vouloir doubler sa production de respirateurs en mars, la tripler en avril et la multiplier par quatre en mai. Elle a même mis en place une ligne de production supplémentaire à Antony (Hauts-de-Seine), où sont fabriquées ses machines.

Pour Emka Electronique, si cette demande permet de conserver une activité importante et un carnet de commandes chargé, il a fallu s’adapter : « Nous avons eu peur de devoir fermer notre site en Tunisie, explique Patrick Marionneau, où le confinement en vigueur est plus strict qu’en France, mais nous avons réussi à y maintenir un minimum d’activité avec une trentaine de personnes. Pour les séries de cartes de respirateurs, nous avons choisi de les répartir sur nos deux sites de Noyant-la-Gravoyère et de Pruniers-en-Sologne, pour assurer une continuité. »

Des composants difficiles à trouver

Pour la PME, augmenter la cadence de fabrication de la carte qu’elle a conçue n’a en soit rien de compliqué. Mais les acheteurs de l’entreprise doivent se démener pour trouver la matière première : « Se fournir en composants, c’est une vraie galère, affirme Patrick Marionneau. En temps normal, nous en faisons venir du monde entier. C’est un peu de l’épicerie, puisque rien n’est centralisé et il faut faire appel à un tas de gens. Actuellement, il faut relancer des fournisseurs qui sont parfois à l’arrêt, mais aussi se faire livrer et expédier ensuite les cartes assemblées. ». L’entreprise a choisi en cette période de privilégier le travail pour des secteurs prioritaires. Pour exemple, en plus des cartes pour les respirateurs, Emka Electronique fabrique aussi pour un autre client des nettoyeurs et désinfecteurs de salles, et l’entreprise est dans ce domaine également très sollicitée. « C’est un produit dont nous assurons l’assemblage complet, avec deux références différentes, précise Patrick Marionneau. Nous en fournissons une cinquantaine chaque trimestre et la commande actuelle atteint 700 à 800 pièces. »

Une organisation stricte

Une fois les composants réunis, il faut aussi faire travailler les équipes : Emka Electronique avait anticipé le confinement la semaine précédente, mais il faut sans cesse s’adapter. Une partie des salariés sont en arrêt, pour garde d’enfant ou parce qu’ils présentent un risque lié à des problèmes de santé. Les commerciaux, les chargés d’affaires et le personnel du bureau d’études travaillent à distance. 35 personnes sont présentes sur site à Noyant-la-Gravoyère et 47 à Pruniers-en-Sologne.

« 70 % de l’effectif de l’entreprise est encore en activité, constate Patrick Marionneau. Dans notre métier, nous avons déjà des règles strictes de propreté. Nous en avons imposé, avec des postes de travail nettoyés régulièrement et en respectant certaines distances, un lavage des mains plus régulier. Des pulvérisateurs d’eau de javel sont à disposition et dans la salle de restauration, les gens ne sont jamais plus de six en même temps, éloignés les uns des autres. Il est important de s’assurer que toutes ces mesures sont bien respectées. » Chaque matin, un point de cinq minutes est effectué en évitant la proximité entre les salariés et les échanges entre les trois unités de l’entreprise, s’ils sont constants, se font à distance. « Il a fallu beaucoup rassurer les collaborateurs présents, précise Patrick Marionneau. Le service RH a fait un énorme travail, et l’équipe dirigeante est présente tous les jours. C’est très important pour les salariés de montrer qu’on est là. »

Pour autant, si le carnet de commandes d’Emka Electronique est bien rempli, la PME s’attend à rencontrer dans les mois à venir une situation probablement plus tendue : « Après la crise, envisage Patrick Marionneau sans pour autant se montrer pessimiste, le temps que la machine se relance, nous allons sans doute perdre de l’activité. Rien que dans le secteur aéronautique, moins d’avions sortiront probablement des usines et cela redescendra évidemment jusqu’à nous. » L’entreprise fabrique en effet 2 500 produits finis par an, dont 95 % avec 42 clients sur les 115 qu’elle compte dans son fichier. Le secteur médical ne représente qu’une part de ses activités. Elle travaille aussi dans l’aéronautique, la signalisation, le bâtiment ou encore les télécoms. Et son dirigeant sait qu’elle n’est que le maillon d’une chaîne de sous-traitance au bout de laquelle un client final donne le tempo.

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