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Coronavirus : de nouveau en ordre de marche, AAS veut se diversifier pour éviter le trou d'air
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Coronavirus : de nouveau en ordre de marche, AAS veut se diversifier pour éviter le trou d'air

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En adaptant les postes de travail et en modifiant son organisation, la PME AAS a relancé son activité après une interruption d’une semaine. L’entreprise, qui fabrique des pièces mécaniques de haute précision pour l’aéronautique et la défense, craint une baisse de son activité à partir du mois de mai.

AAS s'est adapté au confinement : masques, gants et désinfectant pour chaque poste de travail, avec des parois transparentes pour garder un indispensable contact visuels lors des échanges et des changements d'équipes — Photo : AAS

Dans l’entreprise AAS, à Chacé, dans le Maine-et-Loire, reprise par David Lecomte il y a tout juste deux ans, 95 % des 40 collaborateurs sont au travail, une partie chez eux et une autre dans les ateliers. L’interruption aura duré quelques jours pour la société qui fabrique des pièces mécaniques de haute précision pour l’aéronautique et la défense. Le temps de mettre en place une nouvelle organisation pour travailler en toute sécurité et continuer à honorer les commandes en cours.

Doute généralisé

Avant l’annonce du confinement, « nous avions mis en place des mesures barrières, témoigne le dirigeant David Lecomte. J’avais choisi d’investir dans un nouveau système informatique rapidement après mon arrivée dans l’entreprise, ce qui nous a permis de placer en travail à distance en moins de 48 heures les fonctions supports et les cadres. » Malgré tout, le 19 mars, AAS a dû s’arrêter, à la fois parce qu’en amont et en aval de la production, chez les clients comme les fournisseurs, les choses se sont un peu désorganisées. Mais aussi parce que certains salariés ont émis des craintes, légitimes, quant à la poursuite du travail. « Il fallait prendre des mesures fortes pour rassurer, reconnaît David Lecomte. Le confinement est anxiogène. Certains salariés étaient inquiets et tout le monde était assez perturbé. Nos correspondants, fournisseurs, clients ou transporteurs, étaient eux aussi tous dans le doute. »

Aménagement des postes de travail et nouveaux horaires

David Lecomte a donc fermé l’entreprise pendant une semaine. Il s’agit pour le dirigeant de préparer l’entreprise à un nouveau mode de fonctionnement :

David Lecomte a repris AAS en avril 2018, il y a tout juste deux ans — Photo : Olivier Hamard JDE

« Nous avons trouvé rapidement 300 masques en tissu lavables auprès d’une entreprise de Vihiers, grâce à la CCI de Maine-et-Loire. Les salariés ont des gants et du désinfectant à disposition sur chaque poste de travail et nous avons installé des parois transparentes pour permettre les échanges lors des passages de relais entre les équipes. On peut ainsi montrer les pièces à travers, ce qui est essentiel dans notre métier. »

L’entreprise a aussi aménagé ses horaires : deux équipes en usinage se succèdent, comme auparavant, mais le reste de l’effectif présent dans l’usine effectue maintenant une journée continue, de 6 heures à 13 heures. Le réfectoire a été fermé et chacun est invité à prendre temporairement ses repas à l’extérieur des locaux. « Nous avons un CSE très positif et impliqué, confie le dirigeant et nous communiquons beaucoup. Tout le monde a compris qu’il en allait de la survie de l’entreprise ».

La nécessité de diversifier les secteurs

Assurer la pérennité de l’entreprise, qui a réalisé 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier, c’est actuellement la tâche quotidienne de son dirigeant : « Il y a un danger létal et il faut s’y atteler tous les jours, confie-t-il. Je ne suis surtout pas défaitiste mais pessimiste pour la fin 2020. Je sais que la situation va être difficile. »

AAS en effet travaille à 90 % l’aéronautique et la défense, avec des commandes à long terme, de 6 jusqu’à parfois 18 mois. « Certains clients ont déjà demandé un report ou une annulation de ce qu’ils avaient commandé, précise David Lecomte. Une bonne partie a été reportée à 2021, et nous risquons d’avoir un trou d’air de la mi-mai jusqu’à cet automne. Je continue à chercher à travailler pour d’autres secteurs, comme je le faisais déjà avant la crise. Lors de la reprise de l’entreprise, j’avais identifié comme point de faiblesse le fait d’avoir peu de clients et un secteur d’activité trop fort. La situation ne fait que conforter ce besoin de diversifier nos marchés. »

Le dirigeant d’AAS s’y emploie donc ardemment, car il sait aussi que le secteur aéronautique tardera à redémarrer, avec des compagnies aériennes en difficultés qui ne repasseront pas commande tout de suite de nouveaux avions. David Lecomte a ainsi plusieurs appels d’offres en cours, entre autres dans le nucléaire ou le médical.

David Lecomte sait donc que la charge de travail va baisser d’ici un mois environ. Il met un point d’honneur à régler ses fournisseurs en temps et en heure, et reconnaît que les clients eux aussi jouent le jeu, sans chercher à retarder les paiements. « En avril, nous aurons les règlements de ce que nous avons fait en février, puis en mai ce qui est parti en mars. Mais nous aurons les effets de la crise de manière décalée et la trésorerie va commencer à se tendre ensuite. » Pour l’instant, David Lecomte a sollicité le report du paiement des charges salariales et le chômage partiel des salariés pendant la semaine d’arrêt. Pour l’avenir, il envisage de demander un prêt bancaire garanti par l’État, tout en redoublant d’efforts pour investir de nouveaux marchés dans d’autres secteurs.

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