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Coronavirus : comment Macosa est passé des soutiens-gorges aux masques
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Coronavirus : comment Macosa est passé des soutiens-gorges aux masques

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Le fabricant sarthois de lingerie de luxe Macosa a mis son outil de production au service des équipements de protection individuelles, masques et surblouses jetables. Néanmoins, son dirigeant redoute les 18 prochains mois.

— Photo : Yanne Boloh

La crise du Covid 19 a impacté durablement l’entreprise Macosa de Bonnétable. Totalisant 3,5 millions d’euros de chiffre d’affaires, ce fabricant de lingerie de luxe a très faiblement compensé l’arrêt des commandes de ses clients en adhérant au projet collectif de production de masques, coordonné par le groupement Mode Grand Ouest. « Dès le 18 mars, le projet de participer à l’effort collectif était lancé et la production a démarré le 23 mars avec 4 couturières volontaires », explique Philippe Hache, dirigeant de cette société employant 106 personnes. Après l’ouverture des frontières en 1995 et la crise de 2008-2009, il ne pensait pas vivre une nouvelle crise avant le passage de relais à son fils, Romain, 32 ans, qui l’a rejoint il y a trois ans et représente donc la troisième génération à la tête de l’entreprise familiale.

« À la fin des années 90, nous avons dû profondément modifier la production, rassembler toutes nos productions sur le seul site de Bonnétable et perdre la moitié de notre effectif », explique celui qui compte parmi ses 32 clients des grands noms comme Lacoste, Yves St Laurent, Saint James ou Eres mais aussi l’Opéra de Paris pour les tutus de ses danseuses. « À cette époque, nos couturières ont dû s’adapter à ces productions pour lesquelles une erreur de la taille d’une tête d’épingle fait refuser le produit et à des lots de 30 à 500 pièces modèles/couleur. Avec les masques, elles ont dû reprendre des habitudes de production de volumes. »

138 518 produits alternatifs « Covid »

Macosa a en effet, en deux mois, fabriqué près de 140 000 pièces de protections individuelles : 96 740 masques dans le cadre du groupement Mode Grand Ouest, 5 000 pour Lacoste qui les a distribués dans le Grand Est, 32 000 pour le marché des départements (dont des masques « J’aime la Sarthe » produits fin mai), sans oublier le montage de manches pour les surblouses de la polyclinique de Bordeaux. Mais, si la fabrication de surblouses lavables se poursuit, notamment pour le Centre Hospitalier du Mans (3 580 pièces fabriquées depuis le 7 avril), tout cela ne remplace pas la production habituelle même si 30 personnes sont désormais mobilisées pour ces fabrications.

Pour Macosa, la crise s’est traduite immédiatement « par une annulation de 40 % des commandes », explique Philippe Hache. « Nous avons obtenu un premier soutien avec le prêt garanti par l’État, pour un montant de 880 000 euros et le chômage partiel pour 15 000 heures. Mais, les 18 prochains moins vont être extrêmement difficiles en raison de la saisonnalité de notre activité. Nous n’attendons pas de redémarrage réel avant novembre prochain même si une partie de la production, celle pour Saint James qui exporte beaucoup au Japon, a repris. Les marques annoncent d’ores et déjà une réorganisation de leur modèle économique avec des abandons de sous-traitants. Sans oublier que les boutiques ont trop de stocks ». Dans tous les cas, le dirigeant s’attend à ce que les commandes soient plus faibles en 2021 qu’en 2020. Il est contraint à suspendre ses projets de 10 embauches pour l’instant. « Le made in France qui devrait être un avantage ne l’est pas forcément », regrette-t-il, en rappelant que la ville de Nantes a notamment acheté 460 000 masques au Portugal.

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