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Comment le repreneur des Ateliers Aéronautiques de Saumur (AAS) veut transformer l'entreprise
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Comment le repreneur des Ateliers Aéronautiques de Saumur (AAS) veut transformer l'entreprise

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Après une vingtaine d'années passées dans de grands groupes en France et à l'étranger, David Lecomte a repris l'entreprise de mécanique de précision AAS (Ateliers Aéronautiques de Saumur), à Chacé (Maine-et-Loire). Il compte investir dans de nouveaux moyens matériels et proposer de nouvelles règles du jeu à l'équipe de la PME.

L'entreprise AAS fabrique en petites séries des pièces dynamiques pour le secteur de l'aéronautique — Photo : Olivier Hamard JDE

Fin avril, David Lecomte a repris les rênes de l’entreprise AAS et ses 37 salariés à Chacé. Les locaux n’ont pas beaucoup changé depuis son installation en 1976. Ils sont même un brin désuets, le reconnaît son nouveau dirigeant, qui y voit néanmoins un beau potentiel, parce qu’au-delà des murs, il y a surtout un marché dynamique, un savoir-faire et des hommes.

Des pièces pour le Rafale

En un peu plus de quarante ans, l’entreprise a bien évolué : d’abord filiale d’un grand groupe, puis fabricant de générateurs pour des appareils de dialyse avant que l’activité d’usinage, jusque-là secondaire, ne devienne principale. AAS s’est alors orientée vers son marché actuel : la fabrication de pièces dynamiques de haute précision pour l’aéronautique civil et militaire, avec dans ce même secteur une activité de câblage qui représente aujourd’hui 30 % de son chiffre d'affaires : « Nos clients sont français mais il y a derrière eux des groupes internationaux, précise David Lecomte. Nos produits sont destinés principalement aux hélicoptères, aux avions Rafale ou encore aux Airbus. C’est une fabrication en petites séries de pièces complexes ou de sous-ensembles avec beaucoup de phases de contrôle. Certains groupes sont des clients directs, ce qui est rare pour une entreprise de notre taille. Je crois qu’ils apprécient chez nous la réactivité et l’agilité d’une PME. »

« Je voulais reprendre une entreprise industrielle »

En reprenant AAS à 46 ans, l’enfant d’une longue lignée de vignerons de Faye-d’Anjou se fixe un nouveau challenge.

Après une école de commerce, quelques années chez KPMG puis Volvo pour y développer la filiale assurance en France, David Lecomte a intégré Groupama, où il est resté pendant 16 ans : « J’y ai fait six métiers dans trois pays : j’ai entre autres travaillé sur l’introduction en bourse du groupe et j’ai dirigé le secteur fusion-acquisition pour l’Europe et le Maghreb, avant de prendre la direction de la filiale portugaise, puis celle de Turquie avec 600 personnes ». Mais depuis toujours, il souhaite reprendre une entreprise. « Je la voulais en Anjou, industrielle et structurée, avec un vrai challenge à relever. J’ai donc quitté Groupama en novembre 2016 pour revenir dans la région. »

« Je souhaite mettre en place un vrai contrat social qui demandera un peu plus de flexibilité, mais chacun en profitera, avec un système d’intéressement par exemple. »

Persuadé qu’une entreprise industrielle peut réussir sans nécessairement être dirigée par un technicien issu du sérail, David Lecomte a franchi le pas et compte bien utiliser son expérience pour développer la PME saumuroise, ayant déjà travaillé par le passé à deux reprises sur des projets de transformation.

Les 1 000 challenges du repreneur

C’est donc sur AAS que David Lecomte a jeté son dévolu après avoir étudié plusieurs offres de reprise. Il y voit de nombreux atouts et lui présage un bel avenir, avec aussi un vaste chantier de transformation à mener pour gagner en compétitivité. « Il y a 1 000 challenges à relever, liés à la fois à l’entreprise et au secteur d’activité. » Pour cela, le nouveau dirigeant s’est fixé trois grands axes de travail : avec un outil désormais amorti, il sait qu’il faudra réinvestir dans l’automatisation et la robotisation pour garder un outil de production compétitif au regard des exigences des donneurs d’ordres. En second lieu, la restructuration totale de l’outil informatique est aussi pour le repreneur un chantier important. « Mais c’est surtout le challenge humain qui est essentiel. Nous allons nous réorganiser, réagencer les différents îlots de travail. Je veux donner des responsabilités pour faire progresser les gens et pour que nous montions encore en gamme. Je souhaite mettre en place un vrai contrat social qui demandera un peu plus de flexibilité, mais chacun en profitera, avec un système d’intéressement par exemple. Il nous faut faire encore mieux, ensemble ! »

David Lecomte veut donc entamer une vraie transformation, « prudemment, par étapes, pour qu’AAS grandisse, en regroupant nos forces avec d’autres. » Le dirigeant souhaite déjà embaucher deux personnes, à des postes d’opérateur et de contrôleur qualité, et entend voir augmenter rapidement le chiffre d’affaires de 3,7 M€ réalisé par AAS l’an passé. « Dans le secteur de l’aéronautique, on nous demande désormais d’aller vers encore plus de qualité avec de meilleurs délais. C’est ce que nous allons faire : l’entreprise est saine et nos clients sont prêts à nous aider à franchir toutes ces étapes », assure-t-il.

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