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Comment BeLink veut défendre la carte électronique "made in France" et relocaliser
Sarthe # Industrie # Production

Comment BeLink veut défendre la carte électronique "made in France" et relocaliser

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La PME sarthoise BeLink se lance dans les cartes électroniques souples imprimées par sérigraphie, une technique innovante qui ciblera le marché automobile. Elle va investir près de 7 millions d’euros dans ce projet et dans la robotique, en vue de rapatrier une partie des productions jusqu’ici délocalisée.

Pierre Ball, directeur commercial de la PME sarthoise BeLink — Photo : Florent Godard

Les initiatives pour défendre l’électronique "made in France" se multiplient. Dernier exemple en date, le fabricant de cartes électroniques BeLink (200 salariés) vient de lancer deux projets innovants chiffrés à près de 7 millions d'euros, sur son site de La Ferté-Bernard, dans la Sarthe.

Pour se démarquer des pays low cost, la PME mise en particulier sur l’électronique "imprimée". "C'est une vraie révolution", assure Pierre Ball, directeur commercial de BeLink. Le concept ? Pour véhiculer un signal, BeLink imprime par sérigraphie des lignes conductrices au moyen d’une "encre argent" sur une matière plastique fine et souple (polycarbonate, PET, TPU…). Exit les habituelles cartes vertes en plastique dur, ces circuits imprimés nus généralement importés d’Asie sur lesquelles sont ajoutés les composants en France. Un coup double pour l'industriel sarthois, puisque l’initiative relocalise certaines étapes de production tout en répondant aux besoins de l’industrie.

Soutien financier de l’État

Sous-traitant de rang deux pour l’automobile, BeLink livre déjà des systèmes pour piloter les clignotants, l’éclairage intérieur, l’ouverture des vitres ou encore le chauffage. Grâce à ces nouvelles cartes souples, libre aux constructeurs de créer des interfaces de commande tactiles très fines dans l’habitacle. Plus de besoin de boutons mécaniques et de câbles volumineux. "Cela réduira drastiquement le temps de montage d’une porte et allégera encore les véhicules", argumente notamment Pierre Ball. BeLink allie ici ses deux grands métiers : la conception-production de cartes électroniques et la sérigraphie (impression par pochoir).

Ces systèmes électroniques tactiles pourront intégrer des éléments de déco comme des Led, pour offrir une esthétique futuriste par exemple. Au total, ce programme s’élève à plus de 3 millions d'euros, soutenu par l’État à hauteur de 500 000 euros en subvention et avance remboursable de Bpifrance dans le cadre des projets industriels d’avenir.

Des robots pour l'assemblage automatique de pièces

En parallèle, BeLink mise sur la robotique et développe un projet de ligne automatisée pour intégrer les circuits imprimés dans leurs boîtiers de protection. "Une série d’étapes coûteuse et délocalisée depuis une vingtaine d’années dans les pays à bas coût de main-d’œuvre, en Europe de l’Est et en Chine", indique Lydie Glon, directrice financière de BeLink.

Déjà dotée d’une petite activité annexe de fabrication de machines spéciales, l’usine de La Ferté-Bernard réalisera bientôt des lignes robotisées pour sa propre utilisation ou pour d’autres industriels de l’électronique, de la domotique, du packaging… Ce second projet, chiffré à 3,7 millions d'euros, a obtenu 800 000 euros de subvention du plan France Relance.

Les deux projets aboutiront à l’horizon 2023-2024. De quoi pérenniser ce site sarthois créé dans les années quatre-vingt ayant notamment arboré le drapeau de Sagem, Johnson Controls et Visteon avant d’être racheté par le fonds d’investissement américain AIAC en 2018.

Fonctionnant désormais comme une PME, BeLink a récemment connu une année 2020 difficile, avec 37 millions d'euros de chiffre d'affaires enregistré contre 55 millions d'euros en 2019), même si elle a toutefois réussi à rester à l’équilibre. Elle anticipe désormais une croissance au-delà de son niveau d’avant-crise, accompagnée d’une hausse des effectifs de 10 % au cours des trois prochaines années.

L’électronique dopée par la voiture électrique

D’autant que d’autres signaux sont au vert. "Le marché de l’électronique est en pleine expansion, porté par l’essor des véhicules électriques. Avec un besoin de cartes pour piloter les batteries afin d’éviter toute surchauffe", rappelle Lydie Glon. Reste à pallier un ultime problème : la pénurie de semi-conducteurs. "Actuellement, nous avons une visibilité à 24 à 48 heures sur l’arrivée des composants, confie la directrice financière. Les économistes prévoient qu’on ne sortira probablement pas de cette pénurie avant le dernier trimestre 2022…"

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