Avec la crise sanitaire, le CFA de Belle-Beille à Angers, qui accueille environ chaque année 740 jeunes, enregistre une nette baisse des inscriptions pour la rentrée prochaine, et dans le département, les entreprises du secteur du bâtiment ont bien du mal à pourvoir les postes d’apprentis dont ils disposent. Ce qui vaut pour le CFA d’Angers est tout aussi valable pour les autres centres d’apprentissage, comme celui de la CCI à Cholet qui forme à certains métiers du bâtiment. « Entre 2008 et 2015, témoigne Yannis Borjon-Piron, dirigeant d’une entreprise de plâtrerie à Trélazé et président de la commission emploi-formation à la FFB des Pays de la Loire, nous avions déjà connu une crise de vocation importante des apprentis, dont le nombre avait quasiment chuté de moitié. Aujourd’hui, il manque 25 % de futurs apprentis pour la rentrée de septembre, ce qui aura des conséquences pour les entreprises à court, moyen et long terme. Elles veulent recruter des apprentis mais ne le peuvent pas. »
74 % des entreprises souhaitent recruter un apprenti pour la rentrée
On estime en effet qu’il faut environ sept années d’expérience pour parvenir, dans les métiers du bâtiment, à un niveau de compétences et de qualification optimal. Les entreprises du secteur craignent donc à terme de manquer de cette main-d’œuvre qualifiée. Dans les Pays de la Loire, selon une enquête menée auprès de 600 entreprises adhérentes de la FFB et de la Capeb, 74 % d’entre elles déclaraient récemment vouloir recruter un apprenti pour la rentrée de septembre. « Il manque environ 1 500 apprentis sur les 6 400 que l’on accueille en moyenne sur l’ensemble de nos CFA de la région, souligne Isabelle Pineau, codirigeante d’une entreprise de carrelage aux Ponts-de-Cé, membre de la Capeb 49 et administratrice du CFA-BTP des Pays de la Loire. Habituellement, en juin, des collégiens de classe de troisième font des stages d’immersion dans nos entreprises pour valider leur choix et être intégrés fin août ou début septembre. Cela n’a pas pu se faire cette année. Il y aura peut-être un décalage dans le temps avec des inscriptions plus tardives mais il reste beaucoup d’incertitudes. »
Des nouvelles journées portes ouvertes
Face à ce doute pour la rentrée prochaine, la profession se mobilise. Les CFA se sont adaptés aux contraintes sanitaires et les fédérations, comme les professionnels s’investissent dans des opérations de promotion. À Angers, le CFA de Belle-Beille propose par exemple deux nouvelles demi-journées de portes ouvertes les 8 et 10 juillet, après la semaine de promotion de l’apprentissage tout récemment dans toute la région. La FFB va aussi réactiver ses liens avec le monde de l’enseignement. L’État, de son côté, a confirmé la possibilité de mettre en place des parcours de découverte de choix et de formation pendant plusieurs mois dans un CFA, avec des stages en entreprise pour déboucher sur un contrat d’apprentissage en cours d’année. « L’aide à l’apprentissage a également été revue à la hausse, ajoute Patrick Gidoin, président de la FFB 49. Elle a été majorée de 850 euros pour atteindre 5 000 euros pour un apprenti mineur et 8 000 euros pour un majeur. C’est une incitation mais les entreprises ne le font pas pour ça. Elles intègrent des apprentis parce qu’elles le souhaitent et qu’il est l’ADN de nos métiers. Nous sommes un secteur où l’ascenseur social est important et beaucoup de nos chefs d’entreprise sont eux-mêmes issus de l’apprentissage. »