Mayenne
Avec sa nouvelle unité, la corderie Lancelin s’ouvre les marchés de l’éolien en mer
Mayenne # Industrie # Production

Avec sa nouvelle unité, la corderie Lancelin s’ouvre les marchés de l’éolien en mer

S'abonner

La corderie mayennaise Lancelin a investi 2,5 millions d’euros dans une unité de fabrication et de test unique en France. Elle lui ouvre des marchés nouveaux, dans la marine marchande et les énergies maritimes, tandis que son activité historique sur la plaisance ne faiblit pas. La PME prévoit de doubler son chiffre d’affaires dans les prochaines années.

Nicolas Lancelin, PDG de la corderie Lancelin, compte sur sa nouvelle unité pour fournir de nouveaux marchés, notamment l’éolien offshore — Photo : Rémi Hagel

À l’été 2022, le fabricant de cordages techniques Lancelin a mis en service une nouvelle unité, composée d’une tresseuse de 26 mètres de long et d’un banc d’essai de traction de 40 mètres (et 75 tonnes), unique en France. La tresseuse fabrique des cordages pouvant atteindre 150 millimètres de diamètre, "des produits jusque-là importés, nous avions perdu cette compétence en France", explique Nicolas Lancelin, dirigeant de la PME familiale (5,8 M€ de chiffre d’affaires, 40 salariés) installée à Ernée (Mayenne).

Produire en continu

"La capacité de notre banc de traction était de 100 tonnes, ce qui limitait nos débouchés", décrit le dirigeant. Amarrer un cargo nécessite des cordages d’une résistance de 100 à 300 tonnes. Le nouveau banc, fabriqué aux États-Unis, déploie une puissance de test de 600 tonnes. "Désormais, nous sommes capables de répondre à des demandes en marine marchande : amarrage de pétroliers, remorquages en haute mer".

La corderie Lancelin avait décidé de s’équiper d’une tresseuse plus grande afin de répondre à un projet à horizon 2030. L’investissement envisagé était d’environ un million d’euros. La possibilité de bénéficier d’un soutien de France Relance de 800 000 euros a permis un effet levier. Finalement, 2,5 millions d’euros ont été investis dans ce matériel plus puissant. "La demande de cordages robustes fabriqués en France est forte, nous avons de nombreux projets", appuie Nicolas Lancelin. Outre le diamètre du cordage, la nouvelle tresseuse est capable de produire en continu. Par ailleurs, la capacité de production permet de répondre plus facilement à des demandes urgentes. La porte est également ouverte à des contrats de sous-traitance pour les bancs d’essais, adaptés à tout matériau dont les câbles d’acier.

La nouvelle tresseuse peut fabriquer des cordages jusqu’à 150 mm de diamètre — Photo : Rémi Hagel

L’éolien ouvre des horizons

Si son activité historique sur la plaisance et le nautisme ne faiblit pas, c’est le développement des énergies renouvelables maritimes, et en particulier l’éolien offshore, qui ouvre des perspectives à la PME. Ainsi, Lancelin équipe la voile de haute technologie Solid Sail des Chantiers de l’Atlantique, destinée au futur paquebot à propulsion vélique Silenseas. Il participe également à des prototypes d’amarrage pour des éoliennes offshore. Avec ces perspectives de marché, Nicolas Lancelin estime pouvoir doubler son chiffre d’affaires dans les trois à cinq ans. Il était de 5,8 millions d’euros en 2021, il devrait dépasser les 6 millions d’euros en 2022, "sans les nouvelles machines". L’entreprise est passée de 25 à 40 personnes en quelques années, car l’activité se porte bien : "On craignait une crise de la plaisance… qui n’a pas eu lieu", confie le patron. Lancelin équipe 85 % des bateaux de plaisance neufs en France, dont le vainqueur du dernier Vendée Globe, Maître Coq IV.

L’Australie en forme

La PME profite également de la bonne santé de sa filiale Lancelin Pacific, créée avec un partenaire à Sydney, en Australie, en 2019. Elle emploie quatre personnes et représente 10 % du chiffre d’affaires. Fermée pendant le Covid, elle a repris en forte croissance. Elle peut toucher des marchés différents (dont les mines). Une réflexion est en cours sur une éventuelle augmentation de ses capacités industrielles. En cours également : des discussions de partenariat pour ouvrir une nouvelle unité dans un troisième pays.

Enfin, Lancelin avait ouvert en 2021 un concept store à Palma de Majorque (Espagne), qui s'est révélé fragilisé par la crise du Covid et la guerre en Ukraine. Une nouvelle piste de partenariat pour ouvrir un deuxième concept store ailleurs s’est révélée tout récemment.

S’associer à la recherche publique

À Ernée, Nicolas Lancelin aimerait voir aboutir un autre projet : la constitution d’un groupement d'intérêt économique avec des centres de recherche, pour mettre à disposition son nouveau banc de traction à des fins scientifiques. "Des études sur l’ancrage des éoliennes flottantes seraient utiles. Il en existe beaucoup, mais chacun met en avant des conclusions en fonction de sa technologie disponible, tantôt favorable au polyamide, tantôt au polyester… Il n’existe pas de réels écrits scientifiques. À Ernée, nous manquons d’ingénieurs autour de la machine. J’aimerais parvenir à un partenariat en 2023. En particulier, il y a une synergie avec la filière navale de l’école d’ingénieur Estaca à Laval". D’autres centres pourraient être intéressés : l’Ifremer, l’École centrale de Nantes, l’université Gustave Eiffel à Nantes, etc.

Mayenne # Industrie # Banque # Nautisme # Production # International # Investissement