Qui ne s’est pas émerveillé devant l’élégance du Mucem à Marseille ? Sa fine dentelle est en béton fibré ultra-performant (Bfup). Celui-là même qui constitue la matière première des monuments funéraires que Bfup Création va vendre. L’innovation tient au matériau et à l’usage qui en est proposé : un monument funéraire en kit, Monukit. "C’est comme des Kapla, c’est très simple", sourit Régis Régereau. Le créateur de cette start-up démarre son activité à Entrammes, au sud de Laval, le 1er février. Le Bfup est coulé dans des moules en silicone et prend la forme que l’on souhaite. Les monuments funéraires ou cinéraires de Bfup Création sont constitués de quinze pièces de Bfup qui s’emboîtent. Elles sont deux fois moins épaisses que du granit. Ces tombes sont modulables : un bac végétalisé peut être inséré, il comporte un tapis de sédum, reprenant les techniques de toits végétalisés.
Fabriqué en France
En se démarquant du granit, le chef d’entreprise sent qu’il répond à des attentes du public autant qu’aux contraintes du secteur. Il avance l’argument écologique : "Le matériau est recyclable, consomme peu d’eau pour sa fabrication et ne fait pas le tour du monde avant d’arriver chez nous". Le granit nécessite des centaines de litres d’eau pour être scié et poli. Et surtout, 70 % est importé de Chine ou d’Inde. Là, tout est fabriqué en France, avec l’étiquette French Fab.
Cela va intéresser les entreprises de pompes funèbres, espère-t-il : "Avec le Covid et les problèmes de transport, les délais sont devenus très longs. Il faut trois, voire six mois pour se faire livrer". D’autre part, le kit est moins lourd (environ 500 kg contre 750 à 800 kg classiquement). Et grâce à sa présentation en kit, deux personnes peuvent l’installer sans recourir à du matériel de levage. "Je n’ai pas la prétention de tout bousculer, tempère-t-il, mais de proposer une alternative".
On installe 50 000 à 60 000 monuments par an en France. Régis Régereau compte en écouler deux cents cette première année, seul, puis atteindre mille dans cinq ans, en ayant embauché. Il s’adressera aux entreprises de pompes funèbres, en B to B.
Visualiser en réalité augmentée
Ses parents tenaient une entreprise de pompes funèbres et lui-même y a consacré vingt ans de carrière. Il avait déposé son brevet de kit à l’INPI il y a dix ans, mais sans avoir trouvé le matériau adapté… Jusqu’à ce qu’un fournisseur lui fasse découvrir récemment le Bfup. Son employeur d’alors refusant de tenter l’aventure, le Mayennais franchit le pas en créant sa propre affaire.
Aidé par la CCI et incubé à Laval Mayenne Technopole, Régis Régereau s’est entouré de partenaires locaux pour donner corps à son projet : un designer industriel a aidé à la conception des moules (CHC Design à Saint-Cénéré, Mayenne), et avec Portobello Communication (Laval), il met au point une présentation en réalité augmentée. Cela permettra aux familles de se rendre dans le cimetière avec une tablette et de positionner virtuellement les différents modèles de monuments, dans leur environnement. En attendant, un configurateur sur le site web permet déjà de composer le monument en 3D, d’en changer les couleurs, d’y appliquer les gravures, etc. Le fournisseur des pièces en Bfup sera Perin & Cie (Redon, Ille-et-Vilaine), à partir de moules conçus par Techni Moulage (Drôme). Les tapis de sédum proviennent des pépinières Renault (Gorron, Mayenne). Les premiers moules de Bfup Création seront livrés mi-février, et les premiers kits produits attendus pour mi-mars.
