Insérer en entreprise " ordinaire " des personnes en situation de handicap cognitif (mental). C'est l'objectif de la Fondation choletaise Amipi-Bernard Vendre qui fête ses 50 ans cette année. Spécialisée dans le câblage de faisceaux pour l'automobile, un secteur pour lequel elle est fournisseur de rang 1 (Renault, PSA...), la Fondation emploie 700 personnes - dont 600 handicapés - sur 7 sites en régions Pays de la Loire et Centre et réalise un chiffre d'affaires de 28 M€. Elle revendique plus de 1.500 insertions réussies en milieu dit ordinaire.
Une usine de 6.500 m² à Sainte-Luce-sur-Loire
La priorité de la Fondation est aujourd'hui de stabiliser l'activité industrielle (en croissance). Elle annonce entre 400 et 450 recrutements sous 5 ans afin de répondre à un double enjeu : la pyramide des âges et l'insertion en entreprises ordinaires d'une part et l'augmentation prévue du volume d'activités d'autre part. D'ici à 2020, Amipi ambitionne de passer de 500.000 heures/an sur l'ensemble de ses établissements à 600.000 heures/an. Dotée de 7 unités de production - 6 sites d'assemblage à Cholet, Beaucouzé, Carquefou, Le Mans, Blois, Tours et un site de découpe de câbles à Carquefou qui fournit les 6 autres -, la Fondation investit 6 millions d'euros pour la construction d'une nouvelle usine de 6.500 m² à Sainte-Luce-sur-Loire. Un site qui regroupera les équipes des deux entités de Carquefou (50 sur l'usine de découpe et 90 sur le site de montage) et dont les travaux démarreront en juin 2016. Cette usine pilote devrait être opérationnelle durant l'été 2018. De nouveaux processus d'apprentissages y seront expérimentés.
Le câblage comme support d'apprentissage
Car c'est bien sûr les apprentissages que mise la Fondation pour insérer son public en milieu ordinaire. Ella a mis en place des formations adaptées qui permettent aux personnes en situation de handicap mental de développer leurs capacités cognitives et d'acquérir de nouvelles compétences. Après un démarrage sur la couture et le bâtiment, le câblage réseau a été identifié dès les années 80 comme un support idéal. « Il permet de développer le sens de l'observation, la maîtrise du geste, la concentration... et puis, il y a une récurrence qui facilite les progrès », liste Sophie Labatut, directrice de la Fondation, en charge des apprentissages et des ressources humaines. « L'activité est concentrée à 100 % sur le secteur automobile. Nous produisons 6,5 millions de faisceaux électriques par an. » Avec les mêmes attentes en termes de qualité, de normes, etc, de la part des donneurs d'ordres qu'une entreprise classique de rang 1. Des audits sont pratiqués tous les ans et Amipi est certifiée sur la qualité industrielle. Mais la Fondation se veut avant tout « un lieu de passage. Le temps passé chez Amipi doit être de 3 à 5 ans avec toujours cet objectif d'intégrer le milieu ordinaire. Et pas pour occuper des postes déclassés ! » Depuis 2009, 70 CDI ont été signés avec La Poste, Thalès, Areva, Christian Dior, la SNCF, Michelin, Leclerc, Leroy Merlin... « Nous ne formons pas nos salariés que sur le câblage. Ils sont également formés sur des postes et fonctions connexes : magasinier, utilisation de l'outil informatique, des transpalettes, tests d'étanchéité ou de conformité... » Et si admet Sophie Labatut, « les opérateurs n'ont pas 100 % de rendement », ils sont soumis à des consignes de fabrication et à des cadences avec un haut niveau d'exigence.
Un partenariat avec l'UCO pour de nouvelles activités
Une réflexion pour développer de nouvelles activités est actuellement en cours. Début mars, un partenariat a été initié avec le GRENE (Groupe de recherche en neurosciences et éducation) de l'Université catholique d'Angers. 90.000 € sont investis dans ce projet qui court sur 3 ans avec un double enjeu : poursuivre la démarche d'innovation en matière d'apprentissage et diffuser un savoir-faire centré sur le développement des capacités cognitives par le travail manuel. « Nous avons un comité scientifique à la Fondation qui donne son avis sur de potentielles nouvelles activités, toujours dans le secteur industriel. On ne prend pas tout et n'importe quoi. Nous veillons à ce que les apprentissages soient toujours adaptés. »
Bénédicte Hascoët
Fondation Amipi
(Cholet) Président : Jean-Marc Richard
CA 2015 : 28 M€ 700 salariés sur 7 sites 02 41 49 78 50 www.fondation-amipi-bernard-vendre.org
