Depuis quelques semaines, Luc Fayard est devenu le président d'Eurex. Il remplace Alain Neolier, à la tête du groupe depuis 15 ans. Diplômé d'une école de commerce, Luc Fayard a passé 19 ans en tant qu'associé du cabinet KPMG avant de rejoindre Eurex il y a 13 ans. « Une quinzaine d'associés se sont présentés pour les 12 sièges des instances de gouvernance. Il n'y avait jamais eu autant de candidats, ce qui est un bon indicateur pour le cabinet », estime Nadège Martinet, directrice des opérations. D'ici 2020, la feuille de route de Luc Fayard consistera à positionner Eurex sur de nouveaux segments tout en réaffirmant la qualité de signature de commissaire aux comptes du cabinet sur le marché de l'audit. Avec, dans le viseur, une croissance annuelle de 6 %. « Pour y parvenir, il s'agit de trouver un équilibre entre une croissance interne liée à la satisfaction du client et une croissance externe qui nous permettra d'avoir plus d'implantations en France », dévoile le nouveau président. « En matière d'audit, 98 % des signatures sont encore réalisées par les « big four » du CAC 40. Les entreprises recherchent avant tout une renommée, plutôt qu'une signature. C'est un pari risqué de laisser les rênes de nos cabinets à des anglo-saxons, d'autant qu'il existe des signatures de qualité en France », estime-t-il.
Une croissance par acquisitions
Pour affirmer sa position, Eurex veut être présent sur l'ensemble de l'Hexagone. Et ce sera bientôt chose faite, à en croire Nadège Martinet. « Mais cela ne se fera pas à n'importe quel prix. On se donne 3 à 6 ans en intégrant uniquement des cabinets qui partagent nos valeurs ». Son modèle ? Lors de chaque acquisition, la holding prend une participation majoritaire de 51 %, tandis que les associés présents sur le site conservent 49 % des parts. Grâce à cette stratégie, Eurex possède déjà une cinquantaine d'implantations à travers la région Rhône-Alpes, mais aussi au sein de plusieurs autres départements (Sud-Est de la France, Ile-de-France, Alsace, Normandie, Hauts-de-France). On en compte également à l'étranger, en Suisse, Italie, Tunisie, Maroc ou encore Pologne. « L'export a toujours fait partie de nos vocations, car nous voulions accompagner nos clients partout où ils vont », affirme Nadège Martinet. Pour autant, l'international ne représente pour l'instant que 10 % du chiffre d'affaires annuel. « Mais nous connaissons une croissance importante en Suisse, avec l'ouverture récente d'un cabinet à Fribourg, et bientôt à Lausanne », ajoute-t-elle.
Et une nouvelle palette de services
La prochaine étape pour Eurex ? Poursuivre l'élargissement de son offre, en développant du conseil social et RH, un segment qui représente aujourd'hui 20 % de son chiffre d'affaires. « Nos clients sont à la fois des artisans, des commerçants, des avocats, des médecins, des TPE, des particuliers qui sous-traitent leur déclaration d'impôts... Nous faisons en sorte que les clients qui entrent avec une problématique ressortent avec une solution, quel que soit le secteur », annonce Luc Fayard. Pour cela, le cabinet compte poursuivre sa stratégie de partenariats avec d'autres acteurs spécialisés tels que des avocats et spécialistes en droit du travail, fiscalité, droit des sociétés, ou droit des contrats. « Nous sommes partenaires de Bureau Veritas et des Pages Jaunes, dans la logique de fournir des services complémentaires à nos clients », note Nadège Martinet. Face à une concurrence multiple (cabinets indépendants, PME, grosses sociétés d'audit), Luc Fayard estime qu'Eurex (résultat net non communiqué) possède un « positionnement idéal entre de grosses sociétés très implantées en audit et un cabinet plus spécialisé et indépendant ». Son pari : miser sur la force de frappe du groupe, même si chaque associé demeure le chef de son propre cabinet.
