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Thimonnier : un plan d'accélération qui s'emballe
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Thimonnier : un plan d'accélération qui s'emballe

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Thimonnier, PMI de Saint-Germain au Mont d'Or (Rhône) spécialisée dans les machines pour emballages souples, planche sur un nouveau plan de développement qui passera par une acquisition ou une implantation internationale. Une première dans la longue histoire de cette entreprise familiale, dont la croissance s'appuie depuis toujours sur sa redoutable capacité d'innovation.

L'ancien PDG de Thimonnier, Louis Doyen, a inventé en 1963 le Doypack®, ce petit sachet hermétique qui tient debout. Il s'en vend 40 milliards chaque année — Photo : Trisan Tourelle

La PMI Thimonnier, installée à Saint-Germain-au-Mont-d’Or (Rhône), cultive un savoir-faire dans les procédés d’emballage historiquement tourné vers l’innovation. Née de l’invention de la machine à coudre par Barthélémy Thimonnier en 1830, cette pépite industrielle, présidée par Sylvie Guinard (80 salariés, CA 2018 : 14 M€), est spécialisée dans la soudure de matériaux souples et le remplissage par des liquides et produits humides. L'entreprise met au point des machines (standards ou sur mesure) vendues dans le monde entier et destinées aux secteurs agroalimentaire et médical. Le savon liquide Le Petit Marseillais, les emballages de yaourts et de gourdes de compote, les poches de liquide physiologique, c’est Thimonnier !

Acquérir une nouvelle technologie

Accélérée par Bpifrance, l’entreprise, dont la croissance est à 100  % organique, doit avoir repensé sa stratégie d’ici 18 à 24 mois. « L’objectif est de réfléchir à des scénarios de croissance externe, tout en poursuivant notre conquête de marchés internationaux, que l’on séduit grâce à notre inventivité », précise la dirigeante qui entend préserver le spectre - très large - de l’expertise de Thimonnier.

Deux options se profilent. L’une consiste en l’acquisition d’une entreprise qui apporterait une nouvelle technologie. « Y compris en aval de la chaîne de valeur, via les matériaux souples non-issus du pétrole », indique Sylvie Guinard, qui s’intéresse notamment aux algues. « Mais les produits 100  % biodégradables et les filières de valorisation n’existent pas encore », regrette-t-elle, rappelant d’autres exigences : les matériaux qui composent un emballage doivent à la fois offrir une barrière à la lumière, être compatibles avec le froid, le chaud, résister aux huiles aromatiques, etc.

Autre relais de croissance à l’étude : l’implantation d’une filiale à l’étranger pour se rapprocher de ses marchés. Asie, Amérique, Moyen-Orient, « rien n’est exclu ». Grâce à un réseau de 60 agents commerciaux dans le monde, les machines Thimonnier sont présentes dans presque tous les pays. En 2018, il s’en est vendu en Indonésie, Inde, Royaume-Uni, Algérie, Afrique du Sud, Israël, Liban ou encore Bolivie…

Investir dans le futur plutôt que protéger le passé

En parallèle, Sylvie Guinard débute une réflexion sur la gouvernance de l’entreprise dont elle détient la majorité des parts. « Le plan de développement n’est pas encore arrêté, donc tout reste ouvert » assure-t-elle.

Tout, sauf l’évolution de sa stratégie de non-dépôt de brevets. Un paradoxe pour cette PMI qui a mis au point le berlingot d’eau de javel en 1952, avant que Louis Doyen, fils de Barthélémy Thimonnier, n’invente le Doypack® - ce petit sachet hermétique pour l’agroalimentaire qui tient debout - en 1963 (40 milliards vendus chaque année) et, en 1972, la première machine aseptique en conditionnement de lait. « Déposer un brevet, c’est selon moi une façon de donner nos « recettes » à nos concurrents, défend Sylvie Guinard, la petite-fille de Louis Doyen. Je préfère investir dans le concept d’après plutôt que protéger l’idée d’avant. »

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