Opération « Empire du Milieu », deuxième clap ! Sept ans après avoir jeté l'éponge suite à un désaccord de fonds avec son partenaire chinois d'alors, le groupe rhodanien pousse à nouveaux les portes de la deuxième économie du globe. Objectif : s'y implanter durablement en visant en priorité le marché automobile domestique (plus de 20 millions de véhicules vendus chaque année). Et c'est sous la forme d'une WFOE (Wholly Foreign Owned Enterprise) - structure 100 % en propre - que se lance cette fois-ci Saint-Jean Industries. « Nous avions tenté une joint-venture il y a sept ans. Ça s'est mal passé. Nous préférons partir seuls cette fois-ci », confie Hervé Vericel, directeur marketing de ce groupe spécialiste des pièces de liaison au sol (chassis, jantes, etc.) ou de moteurs en aluminium. Une solide ETI, sévèrement bousculée par la crise en 2009 mais qui a su traverser la tempête en écoulant chaque année 15 millions de pièces aux plus grands constructeurs mondiaux. Et génère ainsi près de 80 % de son chiffre d'affaires (CA) à l'export, dont 5 % actuellement en Chine auprès de clients historiques comme General Motors, Renault-Nissan, etc. « Notre stratégie est de développer notre croissance autour de trois grandes zones de production : l'Europe (220 M€ de notre CA actuel dont 80 M€ en Allemagne), les États-Unis (80 M€) et la Chine, dont nous espérons une rapide évolution du CA », précise Hervé Vericel.
Terrain de 40.000 m²
C'est précisément dans la ville de Changshu - non loin de Shanghai - que Saint-Jean Industries prépare cette implantation en terre chinoise. Sur un terrain acheté de 40.000 m², le groupe construit ainsi une première tranche de 12.000 m². Un bâtiment dédié à l'usinage qui sera opérationnel, espère-t-on en interne, dans 12 à 18 mois. Montant de l'opération : 5 M€. « Nous visons sur cette unité un CA de 20 M€ d'ici à 2020 », évalue le cadre de cette entreprise détenue à 100 % par la famille Di Serio, qui l'a reprise et la dirige depuis 1974.
Pour l'heure, seul le directeur de ce nouveau site chinois, qui pilote les travaux, a été embauché. « Mais à terme, l'usine comptera 150 collaborateurs environ », complète Hervé Vericel, qui reconnaît la difficulté de l'opération. « La Chine est un marché difficile et complexe dans son fonctionnement. Cela nous a pris énormément de temps pour trouver ce terrain. » L'annonce de cette implantation en Asie intervient quelques mois seulement après les rachats successifs de l'Allemand Faster et de l'Espagnol Aleaciones Ligeras Aplicadas.
Un site XXL dans l'Arkansas
Des aquisitions stratégiques qui permettent à Saint-Jean Industries d'élargir son portefeuille de clients avec John Deere et Bosch, et de se rapprocher des usines espagnoles de ses clients Renault et PSA. « Avec ce nouveau périmètre, nous visons un CA consolidé à 400 M€ en 2017 », précise le directeur Marketing du groupe qui compte en tout treize sites de production (en incluant celui de Changshu) dont cinq en France. Et d'annoncer un agrandissement cette année du site US dans l'Arkansas, et ce afin « d'accompagner notre stratégie de développement "par zones" ». Un ajout de 4.000 m² au 30.000 m² existants. Et une poussée escomptée du volume d'activités de 30 % à 135 millions de dollars dès cette année. La raison : un nouveau marché (jantes) décroché auprès du constructeur Chrysler pour sa marque de véhicules Dodge Charger. Dans le même temps, le groupe - qui investit 6 % de son CA dans la R & D - développe près d'une quarantaine de projets dits « innovants ». Et prépare pour 2019 un nouveau centre Innovation et recherche (100 personnes par mobilité interne) au siège de Saint-Jean d'Ardières.
