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Olivier Ginon : « GL Events doit pouvoir "traverser" les générations »
Interview Lyon # Services # International

Olivier Ginon PDG de GL Events "traverser"

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A la tête de GL Events, Olivier Ginon veut faire de l’Asie un des principaux relais de croissance du groupe. A 60 ans, l'influent patron lyonnais réfléchit aussi à sa succession.

Olivier Ginon, PDG du groupe GL Events : « Dans les 10 ans qui viennent, je dois avoir résolu la question de la transmission de l'entreprise » — Photo : GL Events

Le Journal des Entreprises : Au troisième trimestre 2018, GL Events affiche un chiffre d’affaires en progression de 16,4 % à 224,7 millions d’euros. Pensez-vous enfin atteindre la barre (symbolique) du milliard d’euros de CA, alors que votre groupe a généré 953,8 millions d’euros de chiffre d'affaires en 2017 ?

Olivier Ginon : Avec une telle progression, il va de soi que nous visons ce palier, en effet symbolique, du milliard d’euros de revenus. Ce serait une première pour le groupe, né dans le deuxième arrondissement lyonnais il y a 40 ans, avec tout juste 3 000 euros de capital… Sur l’ensemble de l’exercice 2018, nous avons annoncé une croissance du volume d’activités de l’ordre de 8 %, avec une rentabilité en hausse sensible. Le chiffre d’affaires déterminé par les analystes financiers indépendants qui suivent la société – estimation que nous ne contestons pas – est d’environ 1,03 Md€, avec un résultat net de l’ordre de 41 M€ (contre 35 M€ en 2017).

Quels sont les marchés et les métiers en croissance pour le groupe ?

O. G. : Nous sommes en croissance forte sur le pôle « live » qui englobe l’ingénierie et la logistique événementielle en France et à l’international. Cette année, nous sommes intervenus sur les Jeux du Commonwealth en Australie, le Mondial de football en Russie, les Asian Games à Djakarta, la Ryder Cup en région parisienne et aussi sur les Jeux européens à Glasgow. Autant d’événements qui ont contribué à la progression du volume d’activités. C’est la clé et tout l’équilibre de notre business, lequel repose sur l’aménagement de lieux et la gestion de contenus

GL Events vient de lever 106,7 millions pour financer sa croissance externe en Asie. Quels sont vos projets sur la zone ?

O. G. : Nous avons signé une concession au Japon sur le parc d’exposition de Nagoya. Il s’agit d’une concession dans laquelle nous sommes majoritaires, ce qui est inédit au Japon, pour une entreprise étrangère. Nous avons également signé des aménagements pour la Coupe du monde de Rugby en 2019 et les Jeux Olympiques de 2020 ; deux événements majeurs qui se tiendront dans ce pays.

En Chine, le groupe progresse fortement après la signature de la concession du Palais des Congrès de Canton, qui ouvrira ses portes l’an prochain. Sur ce projet, nous sommes en joint-venture (50 - 50) avec la foncière de cette mégapole du sud de la Chine. Nous venons par ailleurs de signer une première lettre d’intention d’acquisition de la société ZZX (CA : 20 M€), basée à Shenzhen et spécialisée dans la prestation pour parcs d’exposition. Nous devrions également acquérir une autre entreprise, basée à Pékin. Enfin, plusieurs autres dossiers équivalents sont en cours de négociation.

Comment avez-vous identifié ces cibles ?

O. G. : Nous sommes présents en Chine depuis une quinzaine d’années. À l’époque le marché de l’événementiel était très concentré sur les villes de rang 1 (Pékin, Shanghai, Canton, Shenzhen). Aujourd’hui, le marché s’est métamorphosé. Vous avez désormais en Chine 17 villes qui ont construit des parcs d’exposition de plus de 100 000 m2. La ville de Chengdu par exemple, dans l’ouest chinois, s’est récemment dotée d’un bâtiment de 250 000 m2. Nous sommes en discussion pour la gestion de ce palais des congrès XXL.

Ce qui intéresse nos partenaires chinois, c’est notre « network » international. Ils cherchent à exporter leurs manifestations à l’étranger ; c’est ce qui explique notre progression sur ce marché. Notre objectif est d’y générer rapidement plus 100 M€ de chiffre d’affaires (contre 10 M€ actuellement), en misant sur de la croissance à la fois externe et organique.

« Je ne souhaite pas que GL Events soit vendu. »

Quelles sont les particularités et les difficultés de ce marché ?

O. G. : Nous partons du principe que c’est un marché domestique. La France est là pour accompagner les équipes sur place et non pour les encadrer. Voilà pourquoi le patron de nos activités chinoises est Chinois. Sur chaque projet, il est important, par ailleurs, d’être associé avec des locaux. Enfin, il faut être agile. Voilà pourquoi notre expérience à l’international (plus de 50 % du CA du groupe est généré hors-France, NDLR) est un atout.

Quelle est la stratégie globale du groupe à 5 ans ?

O. G. : Le groupe a 40 ans et je ne souhaite pas, en tant qu’actionnaire majoritaire, qu’il soit vendu. GL Events doit pouvoir « traverser » les générations. Je ne dis pas que ce sera forcément mes enfants qui le dirigeront demain. En tout cas, j’ai 60 ans et dans les 10 ans qui viennent, je dois avoir résolu la question de la transmission de l’entreprise. Plus globalement, je souhaite que le groupe devienne un acteur mondial dans l’événementiel. Je veux que l’on puisse emmener un événement à Lyon, à Paris, à Rio de Janeiro, à Lisbonne, ou encore à Shanghai.

Localement, vous gérez Eurexpo, le stade de Gerland ou encore la Grande Halle d’Auvergne… Comment faire évoluer ces lieux ?

O. G. : Il y a à ce sujet un appel d’offres en cours, afin de doubler la surface de la Grande Halle d’Auvergne. Nous cherchons des synergies. Nous sommes ainsi associés, en Auvergne, avec le Sommet de l’élevage et la foire internationale de Cournon.

Quel rôle, à l’égard des entreprises du territoire, jouez-vous en tant qu'ETI locale ?

O. G. : J’ai été nommé il y a trois ans par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, responsable de la filière "économie du sport". J’essaie de faire en sorte que des entreprises françaises – et avec elles leurs co-traitants - puissent répondre à des appels d’offres dans des villes à l’international qui organisent des grands événements sportifs.

Qu’attendez-vous en termes d’activités des JO 2024 à Paris ?

O. G. : Nous allons faire en sorte de récupérer les plus de chiffre d’affaires sur ce type de manifestation. Pour la Coupe du Monde de football au Brésil, nous avons généré plus 80 M€ de revenus. Nous en espérons au moins autant pour les JO de Paris. Certes il y a déjà beaucoup d’infrastructures pérennes, mais il y aura aussi beaucoup de choses non-pérennes.

Quelles réformes politiques d’envergure attendez-vous du gouvernement en place ?

O. G. : Il faut que la France aide ses ETI à « passer » les générations. Nous devons davantage nous occuper de l’entrepreneuriat familial. Nous devons faciliter la transmission.

Ce que j’attends également d’un gouvernement - quel qu’il soit - c’est de la stabilité fiscale. Je ne demande pas de cadeau fiscal mais de la simplification en cas de transmission. Il existe de nombreux cas de reports et d’exonérations. Je ne vois pas pourquoi cela ne serait pas également possible pour une entreprise familiale, à partir du moment où celle-ci reste en France et qu’elle contribue à l’économie nationale.

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