Difficile, en ces temps de fortes turbulences sur le commerce mondial, de garder le cap. Alors que Washington et Pékin semblent vouloir s’engager dans un long (et coûteux) bras de fer commercial, les options « sûres », pour qui s’engage à l’international, se font rares. L’Afrique reste globalement instable, l’Iran – hier terre de conquête – est aujourd’hui blacklisté sur décision américaine. Quant au reste des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Afrique du Sud), les promesses de croissance y sont toujours très incertaines.
Pas simple donc vu d’Auvergne-Rhône-Alpes – où les entreprises à implantation multinationale, selon l’Insee, emploient près d’un salarié sur deux – de faire le bon choix. Or, on le sait, la moindre erreur sur ce terrain se paie cash. Une mauvaise stratégie d’implantation peut en effet durement affecter la vie de l’entreprise. Mais hélas, sur ce point, les retours d’expériences sont rares et aucune statistique fiable n’est disponible. Bpifrance, qui a pourtant hérité de Coface la gestion des garanties à l’export l’an dernier, ne communique pas sur le taux d’insuccès à l’international. « Sujet sensible », nous dit-on à l’antenne régionale de la banque publique.
Dommage. Cet effort de transparence serait d’autant plus utile qu’Emmanuel Macron souhaite axer sa nouvelle stratégie export précisément sur les ETI et les PME. Une stratégie qui seule, a-t-il insisté lors de la Conférence des ambassadeurs cet été, permettrait de réduire l’abyssal déficit commercial de la France. Il est donc grand temps de mettre en partage et de valoriser l’échec de nos entreprises. De cesser d’y voir une faiblesse, une faute mais bien au contraire, pour paraphraser Charles Pépin – professeur à Sciences Po et auteur en 2016 des « Vertus de l’échec » - un « gage d’audace et d’expérience ». À quand donc un observatoire régional sur les défaillances à l’international ?
Ce billet a été publié dans Le Journal des Entreprises n°375, octobre 2018, édition Lyon - Saint-Etienne - Grenoble.
