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Groupe Gonzales fabrique un robot géant pour la centrale nucléaire de Cadarache
Isère # Industrie # Innovation

Groupe Gonzales fabrique un robot géant pour la centrale nucléaire de Cadarache

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L'entreprise familiale Gonzales, dirigée par les enfants du fondateur depuis Estrablin (Isère), s'apprête à transférer - pour essais - dans son atelier de Saint-Etienne une passerelle et une machine permettant de changer les barres d'uranium de la centrale nucléaire de Cadarache (Bouches-du-Rhône). Le fruit de trois ans de travail.

— Photo : Groupe Gonzales

Installé depuis sa création, en 1971, à Estrablin, en Isère, le groupe familial d'équipements industriels Gonzales (CA 2017 : 55 M€, 350 salariés) s’apprête à tester, puis livrer, l'une des machines les plus complexes de son histoire. Son nom : MCD, composé d’une passerelle et d’un engin télescopique de 11 mètres de haut, destiné à charger des barres d’uranium dans le cœur d'un réacteur nucléaire du centre de Cadarache (Bouches-du-Rhône) pour le prestataire Onet.

Un petit bijou au montant tenu secret, mais chiffré à plusieurs millions d’euros. Trois ans de mise en œuvre auront été nécessaires, de la conception au bureau d’études jusqu’à sa fabrication, l’intégration puis les essais. Mais ce sont surtout les étapes de traçabilité des matériaux et la qualité des process, inscrits dans une documentation adhoc, qui ont été les éléments les plus sensibles de ce chantier, occupant trois personnes à plein temps pendant deux ans. « Nous répondons aux normes nucléaires RCC-MX (code de normes propres à la conception et la construction des matériels de réacteurs de recherche, NDLR). Difficile de faire plus exigeant en la matière », souligne le directeur général Jean-Marc Ancelle.

Le groupe s’apprête, cet été, à transporter la machine dans une piscine, pour la tester en conditions réelles pendant trois mois. Une piscine construite spécialement pour ce marché (100 000 euros d'investissement), dans leur atelier de grande hauteur de Saint-Etienne. D’une profondeur de 12 mètres, elle est remplie d’eau « déminée », identique à celle qui refroidit les centrales nucléaires. « Nous faisons désormais partie du petit club des industries dotées de cet outil. Il devrait nous amener progressivement vers l’aéronautique et le spatial », fait valoir Jean-Marc Ancelle.

Ariane 6 au programme

Ce groupe piloté depuis quatre ans par les enfants du fondateur - Damien Gonzales, président du groupe, et Caroline Gonzales, directrice générale déléguée -, vise désormais ces secteurs pointus. « Nous pensons avoir une place à prendre dans le programme d’Ariane 6 (le lanceur développé par l'Agence spatiale européenne pour remplacer Ariane 5 en 2021, NDLR) », indique Jean-Marc Ancelle. Pour conquérir ce nouveau marché, pas d'investissements majeurs. Mais le déploiement de « moyens humains et technologiques - notamment logiciels - pour prendre de l’avance ». L’idée étant de progresser vers l’usine digitale, pour mesurer la performance des produits « de façon ultra-précise », illustre le dirigeant.

En parallèle de ces marchés pointus, Gonzales répond à des commandes plus basiques pour lisser la charge. Cette présence sur l’ensemble de la chaîne de valeur et sur des marchés très différents ? « Une des forces du groupe », dixit Jean-Marc Ancelle. Les contrats avec de grands manufacturiers, tels que Michelin, EDF, Saint-Gobain, représentent 35 % du chiffre d'affaires. C'est pour ces clients que l’entreprise multiplie ses implantations : Toussieu (Rhône), Allonzier (Haute-Savoie), Saint-Etienne (Loire), et plus récemment deux usines à l'international, l'une en Roumanie et, depuis dix-huit mois, une autre dans la région d’Hô-Chi-Minh-Ville (Vietnam).

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