Décor de la conférence de presse : un salon de l’Hôtel Ibis de Saint-Etienne Nord. Face à une vingtaine de journalistes s’est présenté un petit homme sec de 74 ans, offensif mais pas agressif envers ses opposants, les appelant même à une rencontre constructive.
Durant près de deux heures, Jacques Pauly a contre-attaqué brandissant des documents, « éléments de preuve » selon lui, transmis au procureur de la république de Saint-Étienne. Le président fondateur du mystérieux groupe suisse Jason a confirmé de vive voix avoir déposé « 400 millions d’euros le 30 décembre 2009 au siège régional du Crédit Agricole, à Saint-Etienne, alors que le compte était domicilié dans une petite agence de campagne », celle d’Aurec-sur-Loire.
Dans son exposé, Jacques Pauly explique que ces fonds garantis par un SKR (Safe Keeping Receipt) émanant de l’établissement ABN AMRO Bank NV Amsterdam et reposant sur plusieurs tonnes de métaux précieux, étaient notamment destinés à l’acquisition de 40 % des parts de l’AS Saint-Etienne. « Un protocole d’accord relatif aux modalités d’acquisition de ces parts a été signé le 17 décembre 2009 avec la direction de l’ASSE, représentée par Monsieur Roland Romeyer, en présence de témoins », a affirmé Jacques Pauly en montrant le fameux document sur lequel apparaît le nom du président de l’ASSE ainsi qu'une signature en dessous.
Où sont passés les 400 M€ de Jacques Pauly ?
Problème, à ce jour, ce document bancaire d’une valeur de 400 millions d’euros ne lui aurait pas été restitué par le Crédit Agricole avec qui Jacques Pauly est en conflit. Sur le plan judiciaire, les plaintes déposées en 2016 au parquet du Puy-en-Velay auraient été classées sans suite, le tribunal se déclarant géographiquement incompétent. Qu’importe, le Groupe Jason persiste. Deux autres plaintes pour abus de confiance et non respect des obligations liées au Code Monétaire et Financier ont été adressées, fin juin, au procureur de la république et auprès le tribunal de grande instance de Saint-Etienne.
A la question de savoir pourquoi il avait attendu plus de 8 ans pour faire valoir ses droits, Jacques Pauly explique que c’est le « temps nécessaire pour réunir des preuves à charge irréfutables, car s’attaquer à une banque, c’est s’attaquer à un monstre. Je souhaite montrer que ces documents sont authentiques et que les 400 millions ne nous ont pas été restitués ». Concernant l’AS Saint-Etienne, l’homme d’affaires se dit encore prêt à faire l’acquisition des parts et aurait approché la banque Lazard, au printemps dernier, cette dernière ayant « visiblement pour consigne de ne pas considérer mon offre ».
Peak6 refroidi par l'affaire Pauly
Jacques Pauly explique, par ailleurs, avoir été approché par Peak6 qui devait reprendre l’ASSE et que le fond d’investissement américain se serait retiré après avoir eu connaissance du litige. Une explication qui semble tenir la route, surtout quand on sait que le fonds d'investissement américain avait déjà été refroidi par l'affaire opposant Roland Romeyer au sulfureux "troisième homme" Adao Carvalho.
Lors de cette conférence de presse, Jacques Pauly a par ailleurs présenté les grandes lignes de son programme, baptisé "X3". Un programme basé sur un capitalisme social et une économie de complémentarité, dont l'ASSE devait être la tête de pont. Jacques Pauly souhaite le mettre en œuvre grâce à des projets-pilotes et générateurs d’emplois, notamment sur le territoire Loire Haute-Loire... Difficile d’avoir plus de précisions, difficile aussi d’avoir des éléments clairs sur le projet sportif, en cas de reprise de la maison verte.
Une chose est sûre, le fondateur du Groupe Jason n'entend pas abandonner son projet initial. Il a d'ailleurs appelé le maire de Saint-Etienne, le directeur général du Crédit Agricole Loire Haute-Loire et les dirigeants de l’ASSE à se mettre autour d’une table pour « privilégier la raison à la passion et contrôler le scandale ».
