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Abdel Belmokadem (Nes&Cité) : « Des hommes comme Jean-Michel Aulas m’ont tendu la main »
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Abdel Belmokadem président de Nes & Cités Abdel Belmokadem (Nes&Cité) : « Des hommes comme Jean-Michel Aulas m’ont tendu la main »

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Abdel Belmokadem, ancien boxeur professionnel, improvisé médiateur lors des émeutes de Vaulx-en-Velin en 2001, préside le cabinet de conseil en médiation-emploi Nes&Cité (CA 2018 : 400 000 €, 6 salariés, à Vaulx-en-Velin). Au bord de la faillite en 2016, il se relève grâce à l'aide de figures économiques locales. Il garde son cap : remettre les jeunes de quartiers sur le chemin de l’emploi.

— Photo : DR

Le Journal des Entreprises : En 2016, votre cabinet de conseil Nes&Cité était proche de la faillite. Comment vous êtes-vous relevé ?

Abdel Belmokadem : 2015 a été un tournant, avec les attentats de Charlie Hebdo qui sont venus bousculer la donne. Cela a participé à scléroser les décisions politiques vis-à-vis des banlieues. On a perdu des contrats avec des villes, sans en gagner d’autres. Notre CA est passé d’1 M€ à 150 000 €, avec trois licenciements à la clé. On revient de l’enfer. J’étais au bord de la faillite.

Des hommes comme Jean-Michel Aulas (OL Groupe), Patrick Bertrand (ex-Cegid), Jean-Claude Michel (ex-Norbert Dentressangle) ou Bruno Rousset (April) m’ont tendu la main et m’ont permis de me relancer. Ils m’ont dit "Abdel, fais une levée de fonds, on va te soutenir". J’ai levé 400 000 € auprès d’eux en novembre 2017. Ils m’accompagnent aujourd’hui dans le capital, mais sont à mes côtés depuis 20 ans.

Comment avez-vous relancé l’activité de Nes&Cité ?

A. B. : La levée de fonds nous a remis à flot. Il a fallu structurer l’entreprise et développer une nouvelle offre de service. On a décidé de fusionner les deux activités de médiation et d’accompagnement à l’emploi. Aujourd’hui, on vend une offre aux collectivités territoriales combinant de la médiation et de l'aide au retour à la vie active. L’emploi a trop longtemps été une chasse gardée. Elles doivent accepter qu’on agisse sur l’emploi.

« À très court terme, l’idée est de parvenir à impacter un million de personnes sur le territoire français. »

En 2016, Jean-Michel Aulas nous a fait un super cadeau en installant au Groupama Stadium la Cité des entreprises pour l'emploi (CEPE), où nous organisons, avec la Fondation OL et Pôle Emploi, un job dating tous les quinze jours.

Début 2018, nous avons aussi lancé une offre de recrutement de placement. Là où on ne faisait que des événements ponctuels, comme les Jobs&Cité Stadium ou Jobs&Cite Nomad, on va plus loin en commercialisant une offre de recrutement. On place dans l’emploi des jeunes issus des quartiers, peu ou pas qualifiés, en fonction des besoins des entreprises. On a l’objectif d’en placer 150 par an. Pour 2019, on a déjà signé avec six entreprises (dont Vicat et Mediapost) et on discute avec une dizaine d’autres. À très court terme, l’idée est de parvenir à impacter un million de personnes sur le territoire français.

Abdel Belmokadem et Jean-Michel Aulas, lors des 10 ans de Jobs&Cités Stadium au Parc OL en 2016. — Photo : DR

« Impacter », c’est-à-dire ? Comment voyez-vous l’avenir ?

A. B. : Nous avons calculé que la remise à l’emploi d’une seule personne a des effets sur au moins trois personnes de sa famille. On veut toucher un million de personnes. Ainsi sous 5 ans, on espère réaliser 10 M€ de chiffre d’affaires.

« Être une petite entreprise de banlieue et travailler avec des mastodontes, ça nous éclate. »

Au total, sur toutes nos activités, nous avons placé 200 personnes depuis 2016. Récemment, nous avons été retenus sur le dispositif 100 % Inclusion à Marseille et en Ile-de-France. On travaille également sur un projet de médiation-emploi dans les Hauts-de-France et nous relevons un gros challenge en Région Sud pour accompagner, sous trois ans, 500 bénéficiaires du RSA vers l'emploi. La Poste Rhône-Alpes fait appel à nos services sur la question des incivilités et de l'aménagement des agences. Nous venons aussi de signer avec la direction régionale de Pôle Emploi. C’est une reconnaissance de notre travail.

Être une petite entreprise de banlieue et travailler avec des mastodontes, ça nous éclate. Jamais nous n’aurions pu imaginer être partenaire de l’OL, de La Poste ou de Pôle Emploi. On montre que des grands groupes peuvent travailler avec des gens de quartier.

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