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Waga Energy et Suez inaugurent la première unité de biométhane issu du stockage du Grand Est
Moselle # Production et distribution d'énergie # Innovation

Waga Energy et Suez inaugurent la première unité de biométhane issu du stockage du Grand Est

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Sur la décharge de Montois-la-Montagne, en Moselle, où 100 000 tonnes de déchets par an sont déposées, le groupe Suez s’associe à la PME Waga Energy pour installer la première unité de production de biométhane issu du stockage du Grand Est. 20 GWh seront produits et injectés dans le réseau chaque année.

La Waga Box en Moselle installée conjointement par Waga Energy et Suez produira 20 GWh par an — Photo : Jules Petras

À quelques kilomètres de Metz, c’est un changement de métier pour le site d’enfouissement des déchets de Montois-la-Montagne, géré par le géant de l’environnement Suez (7,5 Md€ de CA, 35 000 salariés). Ouverte en 1977, la décharge accueille 100 000 tonnes de déchets par an, presque exclusivement en provenance de Moselle "sur un total de 1,2 million de tonne de déchets enfouit annuellement dans le Grand Est, précise Eric Dumolin, directeur Stockage Grand Est pour Suez . D’un métier plutôt de terrassement, qui consiste à organiser le stockage, nous avons eu une première bifurcation vers la protection de l’environnement et aujourd’hui nous devenons producteur d’énergie à partir des déchets stockés." Les déchets des uns sont la ressource des autres.

En effet, depuis janvier 2023 une "Waga Box" est sortie de terre. Il s'agit d'un petit site de production de biométhane utilisant une technologie unique développée par l’isérois Waga Energy (180 salariés, 19,3 M€ de CA en 2022) qui permet de séparer le méthane, qui émane naturellement des déchets, des autres gaz aussi présents. "Nous avons une première étape de filtration par membrane, assez classique, puis un système breveté de distillation cryogénique qui permet de séparer l’oxygène du méthane", indique Mathieu Lefebvre, PDG de Waga Energy qu’il a fondée après un parcours chez Air Liquide, son principal actionnaire à hauteur de 14 %. Accolée au site de stockage des déchets de Montois-la-Montagne, l’unité de biométhane produit déjà ses premières molécules. Le site doit générer 20 GWh d’énergie, soit la consommation annuelle d’environ 2 500 foyers.

Un investissement partagé

Le gestionnaire de réseau GRDF est aussi de la partie. "Nous contrôlons la qualité du méthane en temps réel pour nous assurer d’un niveau de pureté suffisant afin d’injecter le biométhane produit localement dans le réseau de gaz", indique Denis Mecrin, chef de projet régional Biométhane chez GRDF. GRDF a d’ailleurs financé 60 % de l’investissement des 5 kilomètres de réseau nécessaire pour relier le site de Montois-la-Montagne au réseau de gaz.

L’installation de cette "Waga Box" a nécessité un investissement de 3 millions d’euros, supporté quant à lui par Waga Energy qui exploite l’unité de production. "Nous fournissons un service à Suez qui de son côté commercialise le gaz au fournisseur d’énergie Ekwateur, qui s’engage à acheter la production pendant 15 ans", précise le patron de Waga Energy.

Mathieu Lefebvre, PDG de Waga Energy, Eric Dumolin, directeur Stockage Grand Est pour Suez et Julien Tchernia, PDG d'Ekwateur lors de l'inauguration de l'unité de production de biométhane à Montois-la-Montagne — Photo : Jules Petras

Le biométhane compétitif

Julien Tchernia, le patron du fournisseur d’énergie renouvelable Ekwateur, qui alimente 210 000 compteurs, a fait le déplacement en Moselle pour l’inauguration du site. Le fournisseur, qui propose une offre 100 % biométhane pour éviter à la fois le gaz de schiste américain et le gaz conventionnel de Russie, y voit une manière de sécuriser l’approvisionnement en gaz : "Avec les aléas géopolitiques, le prix du gaz conventionnel s’est trouvé parfois au-dessus du prix du biométhane, qui lui est fixé par conventionnement avec l’État à 80 euros le mégawattheure. Produire localement c’est s’assurer une certaine stabilité à la fois de l’approvisionnement et du prix de la molécule."

Le développement de ce type d’installation par Waga Energy est prometteur. "Le gisement est évalué à 420 TWh en France selon l’Ademe, indique Mathieu Lefebvre. C’est-à-dire 100 % des besoins en gaz des particuliers en France." De quoi envisager une montée en puissance pour Waga Energy. "Nous avons déjà 15 unités en exploitation et 15 autres en projets", conclut le dirigeant.

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