
Un peu plus de 1 000 %, c’est le pourcentage prévisionnel de l’augmentation de la facture d’électricité de la scierie Vosges Bois Développement entre 2022 et 2023, estime Mickaël Oudin. Le dirigeant et son épouse Angélique Oudin, directrice administrative et financière de l’entreprise de 30 salariés qu’ils ont rachetée en 2022, devront trouver rapidement une solution avec leur fournisseur ou ils mettront la clé sous la porte.
Avec un chiffre d’affaires passant de 7,5 millions d’euros en 2021 à 8,6 millions d’euros en 2022, la scierie de Bazoilles-sur-Meuse avait le projet d’investir près de deux millions d’euros pour un parc automatisé de grumes en 2023. Finalement, l’investissement imaginé ne se fera pas.
De 9 000 à 90 000 euros par mois
Après la crise du Covid, période difficile pour la scierie, la guerre en Ukraine vient ajouter un dernier coup de massue : celui de la flambée des coûts de l’énergie. Avec près de 35 machines en fonctionnement, la scierie est une grande consommatrice d’électricité. En mars 2022, pour une consommation de 179 437 kilowattheures, la facture pour un mois s’élevait à 8 962 euros avec un tarif de 0,049 euros le kWh. Pour la même consommation, avec un prix en moyenne du kWh de 0,51 euro selon les prévisions d’Angélique Oudin, la facture mensuelle avoisinerait les 90 300 euros. Sur un an, la hausse est d’autant plus éloquente : le coût pourrait passer d’environ 105 200 euros à près de 1,35 million d’euros… Angélique Oudin a tenté une énième négociation avec son fournisseur d’électricité, dont elle ne souhaite pas communiquer le nom, mais "sans succès".
Un plan de résilience inadapté
Les dirigeants de Vosges Bois Développement cherchent désormais des solutions en interne et en externe pour permettre à leur outil de travail d’être viable. Un véritable casse-tête. "Impossible" pour eux de répercuter cette hausse aux clients, excluent-ils. Mickaël Oudin déplore l'"hérésie" des aides promises par l’État dans son plan de résilience économique, qui viserait les entreprises en grande difficulté financière."Mon entreprise est saine mais rencontrera des difficultés à payer ses prochaines factures. L’État attend donc que ma société meure pour me donner des aides", regrette-t-il.
Les axes de réflexion se sont orientés vers les pouvoirs publics, en alertant les députés, la préfecture des Vosges ou encore les sénateurs, partant du principe que "plus on parle du problème, plus le drame peut être évité", anticipe le dirigeant, qui ne cache plus son inquiétude sur l’avenir de la scierie. La société, qui s’étend sur une superficie de 13 hectares, transforme près de 50 000 m3 de bois par an, principalement des feuillus, et exporte 85 % de sa fabrication en Asie, Europe et Maghreb.