Le train qui n’arrive pas sur le quai est toujours annonciateur du signal sonore propre à la SNCF, qui précède le message indiquant le temps de retard. S’ensuit alors un grommèlement général incarné par les soupirs de désespoir des usagers qui tranche justement avec l’annonce, dénuée, elle, de toute émotion.
Avec les grèves de ces derniers mois, le message agaçant a eu tendance à devenir banal. Et la ligne TER Nancy-Metz-Luxembourg, empruntée chaque jour par 10 000 personnes (dont 8 000 entre Thionville et Luxembourg ville) a été sévèrement touchée. Au début du mouvement, le président de la CCI à Nancy, François Pélissier, avait averti : « En 2018, il n’est plus concevable de condamner un pays tout entier en préméditant ainsi un blocage complet et régulier. La victime principale, c’est l’économie ! ». La suite lui a malheureusement donnée raison : mercredi 13 juin, dix trains ont été annulés, huit retardés, suite aux actions coup de poing de cheminots grévistes qui ont déclenché l’alarme incendie au poste d’aiguillage de Woippy et occupé les rails au niveau de la gare de Uckange.
Une escalade qui a fermement été réprouvée par le président de la Région Jean Rottner : « Je condamne ces actes irresponsables. La SNCF se doit de prendre les mesures qui s’imposent. » Les réseaux sociaux reflètent ce sentiment de ras-le-bol général. « Metz-Luxembourg se fait en une cinquantaine de minutes en moyenne. Mercredi, j’ai mis 2h20 pour me rendre au travail, deux fois plus que d’habitude », détaille un usager du TER.
Certains se disaient même prêts à croiser le fer avec les grévistes. Quand le chemin professionnel se mue en parcours du combattant, les esprits s’échauffent. Les retards impactent le rendement des entreprises et ont le don de stresser tout le monde. Suite à ces agissements, la SNCF a porté plainte contre X. 85 000 Lorrains travaillent au Luxembourg. Ceux qui empruntent le TER sont à bout.
Ce billet a été publié dans Le Journal des Entreprises n°373, juillet-août 2018, édition Lorraine.
