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UMIH 54 : « Sans chiffre d’affaires sur trois mois, impossible de tenir une entreprise »
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UMIH 54 : « Sans chiffre d’affaires sur trois mois, impossible de tenir une entreprise »

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Pour le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie en Meurthe-et-Moselle, Michel Bedu, les conséquences du deuxième confinement vont être « très dures » dans la filière hôtellerie-restauration.

Michel Bedu est le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie en Meurthe-et-Moselle — Photo : © Archives - Le Journal des entreprises

Avec ce deuxième confinement, la filière hôtellerie-restauration est-elle sacrifiée sur l’autel de la sécurité sanitaire ?

Dans notre branche, il y a des métiers qui sont sacrifiés par le gouvernement. En premier, les discothèques : il ne faut pas oublier qu’elles sont fermées depuis le mois de février. Et c’est mon point de vue, si elles étaient restées ouvertes, nous ne serions peut-être pas confrontés à une deuxième vague d’une telle ampleur. Car les jeunes seraient allés en discothèque, donc dans des endroits où l’air est renouvelé toutes les 10 minutes, où les gestes barrières sont respectés. Pour faire la fête, les jeunes sont allés dans des endroits privés, sans aucun contrôle et dans lesquels le virus a pu circuler. Depuis la première vague, nos professions sont montrées du doigt : c’est de la faute des bars, des restaurants. Mais manifestement, c’est faux. Dans les lieux où le couvre-feu a été instauré, soit depuis deux semaines, on n’observe pas d’amélioration. Ce qui nous laisse penser que ce n’est pas spécialement dans nos établissements que le virus se diffuse. Nous n’avons eu aucune alerte sur des clusters dans nos établissements, c’est pour cela que nous sommes abasourdis. Les données montrent qu’on attrape le virus dans les transports en commun, dans les lieux privés, mais ce sont nos professions qui ont dérouillé. Une autre branche qui va être durement touchée, ce sont les traiteurs : plus de mariages, plus de réceptions, c’est terrible…

Peut-on déjà estimer les dégâts à venir ?

On ne peut pas encore les chiffrer, mais ça commence. Un ami restaurateur m’a téléphoné pour me dire qu’il fermait définitivement son établissement. C’est une TPE qui disparaît. Hier, on apprenait que Sodexo licenciait 2 000 salariés. Donc les dégâts ont commencé chez les grands groupes comme chez les petits. Ce n’est pas possible de continuer : sans chiffre d’affaires sur trois mois, c’est impossible de tenir une entreprise sur une année.

La filière s’est adaptée pour éviter la circulation du virus : ce n’était pas suffisant ?

La semaine dernière, le président de la République a montré en exemple les restaurateurs et les gérants de bar. Mais le lendemain, c’était le couvre-feu. Un jour c’est "bravo", le lendemain, "vous fermez" : on n’y comprend plus rien. On est tous dans une situation de ras-le-bol, mais je tire la sonnette d’alarme : quand vous avez une entreprise, que vous savez qu’elle va mourir, qu’on vous empêche de travailler, c’est de la colère qui monte. Aujourd’hui, les professionnels veulent manifester, j’espère pouvoir les tenir…

Est-ce que le panel d’aides mis en place lors du premier confinement peut aider à passer la crise ?

Non pas du tout. Économiquement, je le reconnais, nous avons de belles aides de l’État, qui a vraiment fait tout son possible pour nous aider financièrement. Mais ça ne paye pas toutes les charges, ça ne paye pas les loyers. D’autant que nous avons enregistré des défaillances, comme les assurances, qui n’ont pas du tout tenu compte des pertes d’exploitations sur nos restaurants et nos bars. Le gouvernement aurait dû contraindre les assureurs à assumer leur contrat et donc à payer les pertes d’exploitations. Et ils sont allés chercher une petite ligne au bas de la page, qui disait "sauf pour les épidémies".

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