Cette PME spécialisée dans l'injection, la compression et le moulage des plastiques a connu son heure de gloire dans les années 60-70 grâce au Circuit 24, un jeu électrique miniature sorti tout droit de son bureau d'études. Après des décennies plus difficiles liées à l'avènement des jouets « made in Asia » et à la concurrence d'Europe de l'est, Trolitan pourrait rebondir dans les prochaines années. Cette ancienne filiale d'une entreprise sarroise installée à Bitche depuis 1953 a en effet mis au point un composé innovant chanvre-polypropylène sans additifs. Concrètement, elle a déposé en 2015 une demande de brevet pour son traitement physico-chimique innovant permettant d'améliorer l'adhésion des fibres naturelles avec les résines thermoplastiques. Un pilote industriel devrait permettre de produire les premières pièces d'ici fin 2016 à Bitche. Ce virage en direction de l'eco-conception a été impulsé par Hervé Boulanger, repreneur de Trolitan en 1990. « J'ai constaté que nous ne ferions jamais le poids face aux pays d'Europe de l'est pour alimenter les industriels français en pièces plastiques. C'est pourquoi, j'ai choisi de structurer un petit bureau d'études pour orienter l'entreprise vers l'eco-conception », détaille le gérant.
En phase d'essai chez PSA et Renault
Après quelques tâtonnements, l'entreprise a pu concrétiser ses ambitions en intégrant le projet Fibrastral lancé en 2012-2015 par l'ancienne Région Lorraine avec le soutien de l'Union européenne. Un programme de recherche et développement sur trois ans doté d'un budget de 2,6 millions d'euros associant des laboratoires de l'Université de Lorraine et quatre industriels du Grand est : les Chanvriers de l'Est, A Composite, PIP Médical et Trolitan. « Nous avions eu auparavant l'occasion de transformer des polypropylènes chargés de miscanthus, de chanvre ou encore de laine de bois. Grâce aux travaux menés dans le cadre de Fibrastral, nous sommes parvenus à améliorer de 15 % les caractéristiques mécaniques d'un " compound " composé à 30 % de chanvre en masse. Nous avons également résolu les problématiques d'odeur et d'évaporation liées à ce produit », se félicite le gérant de Trolitan. Entièrement recyclable, le compound chanvre-polypropylène bénéficierait d'une résistance mécanique d'environ 5.000 mégapascals, avec des capacités d'absorption des vibrations. Le produit final pourrait intéresser le secteur automobile. Il est d'ailleurs actuellement en phase d'essai chez PSA et Renault. L'absence d'additifs lui ouvre également le marché du jouet. Ultime cible de Trolitan, le bâtiment et l'aménagement de la maison. La société Fibrastral, née de la collaboration entre les quatre industriels et les laboratoires de recherche devrait assurer la production industrielle du compound à l'horizon 2017 au Composite Park à Porcelette (Moselle), le parc d'activités dédié aux matériaux et à l'énergie.
PLASTURGIE. Un pilote industriel devrait permettre à Trolitan de produire ses premières pièces en composé chanvre-polypropylène d'ici fin 2016 sur son site de Bitche. Le plasturgiste pourrait ensuite démarrer la production industrielle à l'horizon 2017.
