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Touché par la crise, Daimler veut se débarrasser de son usine d’Hambach
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Touché par la crise, Daimler veut se débarrasser de son usine d’Hambach

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Le constructeur automobile allemand Daimler a engagé des discussions pour vendre son usine basée à Hambach, en Moselle. L'usine "Smartville" ne fait plus partie des sites stratégiques du groupe, qui va se concentrer vers l’électrification de sa gamme en soignant sa structure de coûts.

L'usine d'Hambach a été mise en service le 27 octobre 1997. — Photo : © Daimler

« Les répercussions de la pandémie de Covid-19 sur l’économie engendrent de nouvelles conditions sur le marché et par conséquent, nous optimisons notre réseau de production mondial. C’est la raison pour laquelle nous avons l’intention d’engager des discussions concernant la vente de l’usine d’Hambach. » C’est avec ces mots que le président du directoire de Daimler et de Mercedes-Benz, Ola Källenius, a scellé le sort de l’usine d’Hambach, en Moselle.

Jusqu’à 500 millions d’euros par an de pertes

Mise en service en 1997 pour produire une mini-citadine, la Smart, l’usine, couramment appelée « Smartville » emploie aujourd’hui 1 600 personnes, pour produire depuis 2019 deux véhicules : la smart EQ fortwo et la smart EQ fortwo cabriolet. En 2018, le constructeur allemand avait annoncé un plan d’investissement de 500 millions d’euros visant à produire un modèle de marque Mercedes électrique et compact, la Mercedes EQ. Un an après, en mars 2019, première entorse au développement du site d’Hambach : Daimler, propriétaire de la marque Smart, crée une joint-venture avec le chinois Geely pour produire la future génération de Smart électrique en Chine, dès 2022. Opérant historiquement sur le haut de gamme, avec des véhicules premium, le constructeur allemand n’a jamais réussi à trouver la recette sur le segment des « micro-urbaines » et des « urbaines » ou des « petites citadines » : Daimler a perdu jusqu’à 500 millions d’euros par an avec la marque Smart.

Passer à l’électrique implique aussi des économies

À l’époque, Smartville apparaissait comme un site industriel touché, mais pas coulé. En 2019, Daimler confirmait que « l’usine d’Hambach assumera un nouveau rôle dans le réseau de production Mercedes-Benz Cars et produira un véhicule électrique compact sous la nouvelle marque de produit et de technologie EQ ». Le site devait donc avoir une place dans ce réseau mondial d’usine convertie à la production de véhicules électriques.

En confirmant la mise en vente de l’usine d’Hambach, Daimler confirme aussi son intention d’accélérer sur l’électrification de sa gamme : « Ayant choisi la voie menant à la mobilité neutre en CO₂, la société Mercedes-Benz AG va investir massivement dans la transformation de l’entreprise au cours des années à venir. Elle se focalise sur l’électrification de sa gamme de produits ainsi que sur la numérisation des véhicules et des processus au sein de l’entreprise ». Une stratégie d’investissement, mais qui implique un autre volet : des économies. Le groupe indique avoir pris de « nombreuses mesures visant à améliorer durablement sa structure de coûts et à accroître fortement son efficience. L’adaptation et la réorientation des capacités au sein du réseau de production mondial ont ici un effet de levier important ». L’usine d’Hambach n’a donc pas trouvé sa place dans cette réorientation stratégique. « Ces modifications concernent également l’usine d’Hambach », a précisé Markus Schäfer, membre du directoire de Daimler AG et Mercedes-Benz AG, tout en assurant que « l’un de nos principaux objectifs est que l’avenir du site soit assuré », sans apporter de précisions sur le sort des salariés employés à Hambach.

Charge exceptionnelle

Le projet de cession va dans un premier temps entraîner des dépréciations d’actifs très importants : le constructeur allemand a indiqué qu’il comptabiliserait une charge exceptionnelle « de l’ordre de plusieurs centaines de millions d’euros au deuxième trimestre » en précisant que « des contraintes supplémentaires pourraient surgir au cours des négociations ». Les réactions liées à l’annonce ne se sont en effet pas fait attendre : le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a appelé le constructeur Daimler a « gardé toutes les options ouvertes, y compris celle de conserver le site », soulignant que cette usine était un « site symbolique de la relation industrielle franco-allemande ».

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