Le Wall Street Journal a eu la primeur de l’information le 28 janvier : SESAMm conclut une levée de fonds de 7,4 millions d’euros auprès du français New Alpha et de l’américain Carlyle. D’autres investisseurs déjà présents remettent au pot comme Havenrock, AngelSquare, Caisse d’Épargne, Bpifrance ou encore Banque Populaire. La fintech basée à Metz (CA non communiqué ; effectif : 50), conceptrice de solutions de big data et d’intelligence artificielle appliquées à la gestion d’actifs, n’avait encore jamais atteint un tel montant. Cette dernière levée, équivalente à la somme des trois premières, est marquée par le retrait du fonds d'investissement lorrain ILP. Le groupe opérant dans la région Grand Est était au capital depuis la création de SESAMm au printemps 2014.
« Se conformer à de nouvelles exigences »
« New Alpha est l’un des plus beaux fonds français dans la fintech et Carlyle est le cinquième plus gros du monde, il est coté en Bourse et il pèse 300 milliards d’actifs, rappelle Pierre Rinaldi, l’un des fondateurs et directeur général de la société messine. Ils vont nous apporter leurs compétences et leur expérience colossale. Ils auront la capacité de nous suivre dans une prochaine levée de fonds. Bref, ils vont nous permettre de rêver à des projets encore plus grands et surtout de les réaliser. »
Le trentenaire originaire de Mulhouse sera-t-il encore maître à bord ? « Je réponds qu’il faut être plus positif et voir cette levée de fonds comme un axe d’amélioration. Bien sûr, ce sont de grands noms et il va falloir se conformer à de nouvelles exigences. Mais grâce à eux, nous apprendrons énormément. Ce que nous allons capitaliser en termes d’expérience, c’est totalement fou ! »
SESAMm entend profiter de cet apport historique pour renforcer ses moyens en R&D. « Il faut bien conserver ses avantages compétitifs », glisse son dirigeant. L'entreprise lorraine veut aussi s’ouvrir à de nouveaux clients en tendant la main aux acteurs de l’investissement responsable et de la finance non cotée : « A ce jour, notre clientèle est davantage tournée vers la finance de marché. Mais nous voulons aussi nous diriger vers le capital investissement. Dans une situation économique dégradée comme aujourd’hui, les fonds sont très actifs : ils rachètent et investissent. Avec la crise, de nouvelles portes s’ouvrent. »
« Nous ne sommes plus une start-up »
Cette manne financière permettra de doubler le nombre de collaborateurs avant la fin 2021. Plus d’une quarantaine de recrutements sont en cours sur les deux sites français à Metz et à Paris mais aussi à l’international, à Tunis, New York et Tokyo. Des implantations en Grande-Bretagne, en Australie et à Singapour sont également à l’étude.
Avec cette nouvelle levée de fonds, le dirigeant messin ne s’interdit plus de rêver à une future entrée en Bourse. En attendant, Pierre Rinaldi confirme que son entreprise, fondée il y a six ans avec deux autres étudiants, vient de passer dans une toute autre dimension. « Nous ne sommes plus une start-up car nous avons passé un cap en termes de taille et nous devons maintenant nous structurer. Nous avons assez gagné en maturité pour nous considérer comme une PME à part entière mais, dans l'état d'esprit, nous gardons toujours notre âme de start-up. »
