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Schreiber Foods investit 85 millions d'euros pour produire les yaourts de Système U
Meuse # Agroalimentaire # Investissement

Schreiber Foods investit 85 millions d'euros pour produire les yaourts de Système U

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Le site de production de yaourts construit par Schreiber Foods à Cléry-le-Petit, dans la Meuse, a nécessité un investissement de 85 millions d’euros. Système U s’est engagé à se fournir exclusivement auprès du groupe américain pour ses produits ultra-frais en marque distributeur pendant cinq ans.

Mis en service en avril dernier, le site de Cléry-le-Petit affiche une capacité totale de 80 000 tonnes par an — Photo : © Philippe Bohlinger

C’est aux confins de la Meuse, à Cléry-le-Petit, que l’américain Schreiber Foods et le distributeur Système U ont jeté les bases d’une relation présentée comme vertueuse sur le marché chahuté du yaourt. Ils ont gravé leurs intérêts communs dans le marbre d’un partenariat commercial exclusif signé pour une durée de cinq ans renouvelables trois ans.

Concrètement, Système U s’est engagé à se fournir exclusivement chez Schreiber Foods pour les produits ultra-frais (yaourts, fromages frais et desserts lactés) commercialisés sous sa marque de distributeur (MDD). De son côté, le groupe agroalimentaire a injecté 85 millions d’euros dans la fromagerie de Cléry-le-Petit, rachetée il y a deux ans au groupe Bel. L’investissement inauguré officiellement le 14 juin dernier s’est accompagné du recrutement de 115 personnes venues s’ajouter aux 220 salariés du site.

« Nous avons été séduits par le modèle économique mis en place par Schreiber Foods en Espagne, en partenariat avec le distributeur Mercadona », livre Dominique Schelcher, président de Système U, par ailleurs gérant d’un magasin à Fessenheim (Haut-Rhin). L’enseigne coopérative compte ainsi gagner en autonomie sur ses approvisionnements sans pour autant assumer le poids d’un lourd investissement industriel comme peut le pratiquer son concurrent Intermarché. L’enjeu est également d’importance pour le groupe américain connu notamment pour fournir McDonald’s en tranches prêtes à fondre : Il entend bien réussir sa première implantation dans l’Hexagone.

Quatre lignes polyvalentes

Dans la Meuse, l’usine conçue et construite par Thébault Ingénierie (groupe Idec) est 100 % dédiée à l’ultra-frais. Ses ateliers ont été implantés à côté de l’usine existante qui continue de produire 9 000 tonnes par an de fromages à pâtes pressées (Port-Salut, Leerdammer, Cousteron et Maredsous) en sous-traitance pour Bel. Les quatre nouvelles unités de production mises en service progressivement d’avril à septembre 2019 jouent la carte de la polyvalence. « Même avec une capacité de 80 000 tonnes par an, nous demeurons une petite usine par rapport à des acteurs comme Danone qui disposent de lignes dédiées pour les yaourts, les fromages frais et les desserts lactés », nuance Alain Foulgoc, directeur de projets chez Schreiber Foods.

Le partenariat entre l’industriel et le distributeur n’en est pas moins ambitieux. Il vise à accompagner la montée en gamme des MDD. La concurrence imposée par les gammes dites « alternatives » (bio, soja, lait de brebis, laits végétaux, etc.) et les nouvelles exigences des consommateurs ne sont pas étrangères à cette évolution. François Salamon, président de Schreiber Foods International, annonce d’ailleurs que « les yaourts fabriqués à Cléry-le-Petit ne contiennent ni conservateurs, ni arômes artificiels. »

Label nutritionnel et environnemental

Système U a voulu aller encore plus loin. La totalité des produits ultra-frais commercialisés en MDD dans ses 1 600 magasins bénéficieront du label Bleu-Blanc-Cœur. Ce label nutritionnel et environnemental indépendant vise notamment à améliorer la teneur en oméga 3 dans l’alimentation humaine et à encourager un élevage plus respectueux (alimentation des vaches sans OGM, à base de graines de lin, trois mois de pâturage minimum par an, etc.)

Pour ce faire, Schreiber Foods s’est engagé auprès de quatre coopératives d’éleveurs laitiers de Haute-Marne et de Meuse. « Nous leur garantissons un prix de rachat plancher de 320 euros les 1 000 litres assorti d’une prime de 30 euros correspondant au cahier des charges de Bleu-Blanc-Cœur », poursuit le président de Schreiber Foods International. Le distributeur espère également mieux maîtriser l’innovation qui devenait difficilement compatible, selon ses dires, avec une organisation s’appuyant sur trois fournisseurs distincts. « Les MDD se sont longtemps contentées de copier les grandes marques. Aujourd’hui, Système U invente ses propres produits », pointe Dominique Schelcher.

Appui d’un centre de R & D européen

En la matière, l’enseigne coopérative bénéficie de l’appui du centre de recherche et développement européen de Schreiber Foods avec lequel il a mis au point les 80 recettes fabriquées à Cléry-le-Petit. Enfin, au travers de ce partenariat exclusif, Système U s’est affranchi d’un système d’appels d’offres qui a favorisé l’émergence d’un « cartel du yaourt ». Onze sociétés de l’industrie laitière française ont été condamnées il y a quatre ans pour s’être entendues secrètement, afin de définir les prix en commun dans le cadre des appels d’offres des enseignes de distribution pour la production de leurs MDD.

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