Meurthe-et-Moselle
Saint-Gobain PAM : "La France souffre d’un sous-investissement chronique dans ses réseaux d’eau"
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Arnaud Tréguer directeur commercial export de Saint-Gobain PAM "La France souffre d’un sous-investissement chronique dans ses réseaux d’eau"

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À l’occasion de la journée mondiale de l’eau le 22 mars, Saint-Gobain PAM dresse un état des lieux des réseaux d’eau en France. Selon Arnaud Tréguer, directeur commercial export de Saint-Gobain PAM, le constat est sans appel : la France n’est globalement pas à la hauteur du défi de l’investissement aujourd'hui nécessaire.

Arnaud Tréguer, directeur commercial export de Saint-Gobain PAM, alerte sur le sous-investissement chronique dans les réseaux d’eau en France — Photo : Jules Petras

Quels sont les éléments clés du sous-investissement dans les réseaux d’eau que vous dénoncez en France ?

Le travail de l’économiste Maria Salvetti, qui se base uniquement sur des données publiques, pointe un sous-investissement de 4,6 milliards d’euros en 2022 en France pour l’ensemble des réseaux d’eau, dont 1,8 milliard d’euros rien que pour les services d’eau potable. Aujourd’hui, en moyenne, 20 % de l’eau injectée dans les réseaux part dans la nature à cause de la vétusté de l’infrastructure, avec de grandes disparités par territoire. Les réseaux sont vieillissants et ne sont renouvelés que trop lentement. Plus les pouvoirs publics attendent, plus le mur de l’investissement sera difficile à passer.

Quelles sont les propositions de Saint-Gobain PAM pour remédier à ce sous-investissement ?

La situation en France est très variable d’un territoire à un autre. Il y a la France urbaine, où les réseaux sont bons, la France périurbaine qui a de bons services des eaux, et la France rurale, où le nombre d’abonnés au kilomètre de réseau rend compliqué l’investissement. On ne s’en sortira pas sans solidarité urbain-rural, sans une péréquation des réseaux.

Une des solutions sera l’interconnexion des réseaux et la mutualisation des moyens. Il y a 23 000 services des eaux en France. Ces syndicats ont les ressources, il faut organiser une mutualisation pour permettre une meilleure répartition, bien que le partage de l’eau soit un sujet épidermique dans nos sociétés. Sinon, au lieu des 100 communes privées d’eau en 2022, c’est 1 000 communes qui seront impactées.

Saint-Gobain PAM est-il prêt à répondre en cas d’investissement important en France ?

Oui, et en tant qu’industriel équipementier du cycle de l’eau, nous avons justement besoin de visibilité. Si le gouvernement annonce un plan structuré sur plusieurs années, ce sera autant d’emplois pour PAM. La filière française de l’eau entraîne énormément d’acteurs de haut vol. En investissant en France, on investit aussi pour l’exportation dans un secteur d’avenir. Par exemple l’Italie, via son plan national de relance, met 4 milliards d’euros sur la table pour l’eau, pour mieux connaître et améliorer son réseau, et nous profitons à plein régime de l’investissement italien sur le site de PAM. En France, nous attendons encore le plan Béchu (du nom du ministre actuel de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, NDLR), en espérant que ça ne sera pas qu’un plan de sobriété pour réduire le volume de consommation. Nous ne pourrons pas faire l’économie de l’investissement. La sobriété n’est pas un tour de passe-passe pour ne rien faire.

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