Révolution du temps de travail : le reflet d’une époque
Avis d'expert # Ressources humaines

Révolution du temps de travail : le reflet d’une époque

Le temps de travail est un élément clef du contrat qui unit employeur et salarié. Sa dimension collective est aujourd’hui remise en cause par les aspirations individuelles à plus de flexibilité.

Isabelle Brandquien, DRH d'Exco Nexiom — Photo : DR

La durée de temps de travail constitue un pilier dans la relation contractuelle qui lie l’entreprise et le salarié. Calculée et déterminée pour chaque catégorie ou population de l’organisation, elle reste une mention obligatoire du contrat de travail de référence. Son aspect légal et quantifié, les plages horaires de travail déterminées qui s’y ajoutent, lui confèrent une dimension solennelle qui définit la période pendant laquelle le salarié est réputé être à la disposition de l’employeur, quand il se conforme à ses directives et exécute sa prestation de travail sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles.

Les révolutions récentes - sociales, sanitaires, économiques - en se combinant, ont fait émerger une nouvelle perception du travail, de sa durée, de son organisation au sein de l’entreprise, conduisant à revoir la notion de temps de travail comme critère de garantie de réalisation du travail. Nous nous apprêtons en 2023, à sortir du collectif pour entrer dans une dimension nouvelle, plus individuelle et autonome qui répond à une projection différente de l’individu dans le monde de l’entreprise, en passant d’un système de "badgeage" à un monde flexible et agile où vie personnelle et vie professionnelle seront plus interactives et étroitement mêlées.

Une nouvelle dimension

Désormais, le travail est perçu comme une des missions attendues par l’entreprise qui s’interroge sur la "fameuse" semaine de quatre jours. Un dispositif qui permettrait l’adaptation des horaires de travail alliant travail et temps libre pour se consacrer à des œuvres sociales, à sa famille, à une activité sportive…

Le contrat de travail doit donc pouvoir s’aligner pour sortir de la temporalité et de la quantification de la charge. Alors que le BSI (Bilan Social Individuel) détaille par le menu, l’ensemble des éléments de rémunération, les avantages accordés et leur évolution dans le temps, la relation entre employeur et salariés passe aujourd’hui davantage par la définition individualisée du temps de travail. Elle doit être modulable pour s’adapter plus précisément au salarié et non plus le résultat d’un calcul uniforme car la jeune génération considère que l’important est de "travailler mieux en travaillant moins".

Dans le monde anglo-saxon la forme contractuelle même évolue depuis longtemps vers une offre de prestation d’indépendant.

Nous avons urgence à rester attentifs en France à ce phénomène de libération qui dépasse le monde du travail.

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