Repris par un fonds anglais, Norske Skog Golbey se relance
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Repris par un fonds anglais, Norske Skog Golbey se relance

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Lourdement endetté, le papetier norvégien Norske Skog cherchait un repreneur depuis décembre 2017. Le fonds d'investissement Oceanwood a mis sur la table 235 millions d'euros. Un soulagement pour son site de Golbey, dans les Vosges, qui emploie plus de 300 salariés.

Les deux machines à papier de l'usine Norske Skog de Golbey produisent 600 000 tonnes par an — Photo : Jean-François Michel

La transaction devrait être finalisée dans les six mois, le temps que le nouveau propriétaire du papetier finlandais Norske Skog, l'anglais Oceanwood, obtienne les autorisations réglementaires anti-trust en vigueur dans tous les pays concernés par l'opération. Mais à Golbey, sur le site vosgien du papetier, c'est le soulagement : le poids lourd industriel du secteur, qui a réalisé 241 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016 et emploie 325 personnes, va pouvoir se relancer, allégé d'une dette qui passe d'un milliard à 145 millions d'euros.

« La clé pour sortir de l'impasse »

Face à une demande de papier journal en chute libre de 35 % entre 2011 et 2017, le groupe papetier norvégien Norske Skogindustrier, qui pèse 1,2 milliard d'euros de chiffre d'affaires, propriétaire de sept usines à papier à travers le monde dont le site Norske Skog de Golbey, cherchait depuis le début de l'année 2017 à se recapitaliser pour restructurer sa dette. Les négociations n'ont pas pu aboutir et le fonds d’investissement Oceanwood Capital Management, détenteur majoritaire de la dette, a décidé d’actionner sa garantie, ce qui a entraîné la mise en vente de Norske Skog. « La décision d’Oceanwood d’acquérir une part majoritaire de la dette sécurisée puis d’initier la mise en vente du groupe s’avère être la clé qui a permis de sortir le groupe de l’impasse dans laquelle il se trouvait et qui menaçait ses opérations », précise Sven Ombudstvedt, président du conseil d’administration de Norske Skog, cité dans un communiqué.

Le montant de la transaction est estimé à 235 millions d'euros. Allié à l'industriel norvégien Aker, spécialisé dans la pêche, au début de l'opération, le fonds d'investissement Oceanwood a ensuite décidé de faire cavalier seul : fondé en 2006 et basé à Londres et à Malte, ce fonds gère un capital de plus de 2 milliards de dollars, principalement pour des fonds de pensions publics et d’autres investisseurs institutionnels. « Notre premier investissement dans Norske Skog remonte à 2015 et depuis lors, nous avons soutenu le groupe et nous avons travaillé ensemble d’une façon constructive », assure John Chiang, conseiller en investissements chez Oceanwood, cité dans un communiqué. « En novembre 2017, alors que la perspective d’une solution consensuelle pour résoudre les difficultés financières de la holding Norske Skogindustrier s’éloignait, nous avons décidé d’agir afin de protéger les activités opérationnelles du groupe. »

« La stratégie du dernier des Mohicans »

Lors du processus de vente, qui a duré quatre mois, pas moins d'une centaine de repreneurs potentiels ont été approchés, mais Oceanwood semble avoir mis sur la table la meilleure offre et les meilleures garanties : « Nous partageons la même ambition de faire émerger le nouveau Norske Skog qui pourra réaliser tout le potentiel qu’il recèle en continuant à se transformer et à se développer », indique John Chiang.

Dans les Vosges, c'est la décision de conserver Sven Ombustvedt à la tête de Norske Skog qui a été bien perçue. « Notre stratégie est claire : si un jour ça s’arrête, ce sera ici. J’appelle ça la stratégie du dernier des Mohicans », détaillait il y a deux ans Yves Bailly, le dirigeant du site vosgien. Avec une capacité de production totale de 2,7 millions de tonnes de papiers de publication, dont 600 000 tonnes à Golbey, le groupe suit une stratégie visant à réduire les coûts pour compenser la baisse de la demande.

Quand l’énergie représente le deuxième poste de dépense de l’entreprise, ce n’est pas pour le plaisir de faire dans le durable que les équipes de Norske Skog se sont attelées à diminuer la consommation d’énergie du site, soit une facture annuelle de près de 200 millions d'euros. Certifié ISO 50001 en 2017, l’industriel vosgien a diminué ses émissions de 47 % en 2013 et vise 80 % en 2020. Grâce à la mise en œuvre du programme Opti’Watt, initié en 2014 et en partie subventionné par l’Ademe, Norske Skog veut instaurer une culture d’entreprise et des outils propres à optimiser l’efficacité énergétique : en 2016, ce programme a contribué à réduire la consommation énergétique globale de 6,2 % par rapport à 2013. Autre aspect compliqué du métier, la qualité de la matière : consommant 500 000 tonnes de papier recyclé par an, soit la moitié de la ressource disponible au niveau national, pour faire de la pâte à papier, Norske Skog est directement pénalisé par les erreurs de tri des consommateurs.

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