Replace finance le développement de son innovation de rupture dans le recyclage du plastique
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Replace finance le développement de son innovation de rupture dans le recyclage du plastique

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Opérant dans le recyclage des plastiques non-valorisés, la start-up industrielle Replace, dont le siège est à Metz et le site de production dans la Marne, vient de lever 4 millions d’euros auprès du réseau de business angels Yeast et du Groupe ILP.

La première ligne de production de Replace, la start-up industrielle de Laurent Villemin et Christian Horn, est installée à Vienne-le-Château, dans la Marne — Photo : Jean-François Michel

Basée à Metz et exploitant un site de production dans la Marne, la société Replace porte une innovation de rupture permettant de valoriser des plastiques complexes, mélangés, qui étaient jusqu’ici soit enfouis, soit incinérés. Des flux représentant plusieurs dizaines de millions de tonnes chaque année à l’échelle de l’Europe.

La start-up industrielle, fondée en 2019 par Laurent Villemin et Christian Horn, vient de boucler un premier tour de table qui a permis de rassembler 4 millions d’euros auprès d'investisseurs, au premier rang desquels le réseau de business angels Yeast. Le fonds régional Groupe ILP entre lui aussi au capital, en tant qu’actionnaire minoritaire. Détenant une petite participation depuis fin 2021, le groupe suisse Aisa réinvestit également : ce fabricant de machines spéciales, qui fait partie des leaders mondiaux du domaine, exploite une usine à Sainte-Menehould, dans la Marne. "Leur présence au capital est un très bon signe, estime le président Laurent Villemin, ancien vice-président de l'activité "tubes" du groupe d'emballage Albéa. Ils veulent participer au développement et, de notre côté, ça prouve que nous ne fabriquons pas nos machines dans un garage."

"Travailler sur la R & D, structurer l’entreprise"

Incubée à Metz, chez The Pool, Replace s’est installée dans une friche industrielle de 13 500 m2 à Vienne-le-Château (Marne). "Pour démarrer, nous avons rassemblé 1,4 million d’euros, détaille Laurent Villemin. L’Ademe a apporté 40 % de l’investissement pour la machine et la Région Grand Est nous a accordé une subvention." Après plus d’un an de travail pour mettre au point le process et fabriquer le premier pilote industriel, Replace a lancé la production en mai 2021. Le premier client, la Compagnie des agrafes à vigne, une PME installée dans la Marne, passe alors commande de tuteurs en plastique pour la vigne. Replace, qui a créé neuf postes, devrait atteindre le million d’euros de chiffre d’affaires dès l’exercice 2022 et prévoit de réaliser "10 millions d’euros à fin 2025, uniquement avec l’activité réalisée sur le site de Vienne-le-Château", précise Christian Horn.

"Nous utilisons ce que les autres industriels ne veulent plus", explique Laurent Villemin — Photo : Jean-François Michel

"Une option aurait été de capitaliser sur notre première ligne et d’engranger des fonds propres. Mais ça nous aurait pris dix ans avant de pouvoir accélérer notre développement", estime pour sa part Laurent Villemin. "L’idée de la levée de fonds, c’est d’accélérer le travail sur la R & D, de structurer l’entreprise avec des compétences. Comme nous avons déjà des clients, il sera possible de financer les nouvelles lignes par de la dette."

Si Replace s’est adressée en premier lieu à des clients travaillant dans la viticulture, les applications de ce nouveau plastique recyclé sont très larges : "Agroalimentaire, BTP, industrie, logistique... nous allons qualifier de nombreuses typologies de produits et ainsi donner envie à nos prospects d’utiliser notre procédé", détaille Christian Horn. L’équipe de Replace planche actuellement sur un projet visant le secteur de la logistique, avec pour objectif de mettre sur le marché des palettes en plastique recyclé.

De petites unités, au plus près des flux de déchets et des clients

Loin de vouloir bousculer les géants du recyclage, Replace veut porter "une alternative", avec un cahier des charges très exigeant : transformer les déchets plastiques avec un coût de production suffisamment bas pour concurrencer des matériaux comme le bois, minimiser l’empreinte carbone du procédé de Replace, et être capable d’embaucher des opérateurs sans formation. "C’est parce que nous avons réussi sur tous ces aspects que notre procédé est en rupture", insiste Christian Horn.

"Aujourd’hui, il existe une filière pour recycler le PET ou encore pour le PVC, et c’est une très bonne chose. Ce n’est pas notre marché, notre procédé concerne les plastiques mélangés, complexes", souligne Laurent Villemin. Le procédé, sur lequel les deux dirigeants restent très discrets s’appuie sur une technologie robuste, qui permet notamment d’injecter du plastique en continu." Concrètement, là où incinérer une tonne de plastique émet 3 tonnes de CO2, le procédé porté par Replace permet de "produire une tonne de tuteurs en émettant 300 kg de CO2, en tenant compte de l’intégralité des émissions, y compris la fabrication de notre machine", souligne Christian Horn.

"Notre premier contrat porte sur la fabrication de millions de tuteurs pour la vigne", détaille Christian Horn — Photo : Jean-François Michel

Si les deux dirigeants de Replace veulent installer jusqu’à six lignes de production à Vienne-le-Château, le développement de l’entreprise passera par des petites unités de production, basées au plus près de la source des déchets et des clients finaux. "Dans un bilan carbone, l’impact du transport est monstrueux", affirme Laurent Villemin. "C’est ce que nous voulons éviter." Et de donner comme exemple le vaste plan européen visant à planter 3 milliards d’arbres d’ici à 2030 : "Nous pouvons, par exemple, proposer aux collectivités de produire des tuteurs pour ces arbres grâce à notre procédé, à partir des déchets plastiques non valorisés produits par les habitants, dans une petite unité locale", explique Christian Horn.

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