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Porté par l’engouement pour le photovoltaïque, Energéthic multiplie son chiffre d’affaires par trois
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Porté par l’engouement pour le photovoltaïque, Energéthic multiplie son chiffre d’affaires par trois

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Le concepteur et installateur de projets photovoltaïques Energéthic, basé à Vandœuvre-lès-Nancy, veut maîtriser sa croissance et rester fidèle aux principes coopératifs malgré l’explosion de la demande pour le photovoltaïque.

Dominique Isler, président d’Energéthic — Photo : L'oeil Creatif - Clotilde Verdenal

Sans passer la moindre offre d’emploi, Dominique Isler, le président d’Energéthic, recrute en ce moment une personne par mois. "Nous sommes dix, et nous passerons rapidement à 15 voire 20 salariés pour faire face à la croissance de l’activité", détaille le dirigeant du concepteur et installateur de projets photovoltaïques basé à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle). En 2021, la SAS au statut de société coopérative d’intérêt collectif (Scic) créée en 2018 a bouclé l’année sur un chiffre d’affaires de 250 000 € : pour l’exercice 2022, qui sera terminé fin mars, Energéthic devrait atterrir sur une activité proche du million d’euros. "Et pour 2023, nous avons déjà 500 000 euros dans le carnet de commandes", dévoile Dominique Isler.

Activité la plus visible de la coopérative, l’installation de centrales photovoltaïques citoyennes, grâce à la mise à disposition par les collectivités des toits des bâtiments publics, va accélérer en 2023. "Trois projets vont sortir de terre pour un total d’investissement de 800 000 euros", détaille le dirigeant. Concrètement, les communes de Vandœuvre-lès-Nancy, Volstroff et Foschwiller seront prochainement équipées d’un total de 4 000 m2 de panneaux solaires, pour une puissance installée de 800 kilowatts-crête (KWc) et une production attendue de 800 000 kilowattheures (KWh), soit de quoi alimenter 300 maisons individuelles, chauffage compris.

70 actionnaires au capital

"Pour chaque projet, les habitants et les collectivités rentrent au capital de la coopérative, et la coopérative investit dans le projet. Aujourd’hui, nous avons 70 actionnaires et nous avons rassemblé pas loin de 80 000 € de capital", résume Dominique Isler. Derrière, Energéthic peut faire jouer l’effet de levier pour aller chercher des financements bancaires classiques.

Si la coopérative communique beaucoup autour de ces projets de centrales citoyennes, 90 % de son activité se concentre aujourd’hui sur l’installation de panneaux solaires, pour le compte de particuliers ou d’entreprises. "Nous sommes sur-sollicités par les demandes entrantes", souffle le président d’Energéthic, qui ne fait pourtant aucun démarchage.

Dominique Isler anticipe une demande forte en panneaux solaires, ici posés sur ombrières au-dessus d’une déchetterie — Photo : Energéthic

Assommés par la hausse des prix de l’énergie, particuliers et entreprises sont à la recherche d’alternatives. Et le photovoltaïque présente de solides arguments : "Pour une entreprise, le retour sur investissement se fera sur environ 5 ans. Pour les particuliers, c’est autour de 6 voire 8 ans, en fonction de la complexité du projet", analyse Dominique Isler, qui tient à ne pas "vendre de rêve" et a tendance à dégrader ses niveaux de prix pour tenir compte des fluctuations du marché. "Dès que l’investissement est amorti, c’est de l’énergie gratuite. Donc en plus de faire un geste pour la planète, c’est de la bonne gestion : si on produit 50 % de sa consommation grâce au photovoltaïque, on sait que ces 50 %, là ils ne vont pas augmenter".

Le statut coopératif comme force

Porté par son marché mais prudent, le président d’Energéthic reste très attentif à l’augmentation du besoin en fonds de roulement de son entreprise. "Derrière tout ce que nous faisons, il y a du sens, insiste le dirigeant. Nous aurons plus d’impact si nous gardons toujours à l’esprit l’intérêt collectif."

Les deux fondateurs de la Scic, Dominique Isler et Sébastien Lang, tiennent à rester fidèles à leurs valeurs : "Porter une vision collective de la production et de la consommation d’énergie sur le territoire", résume Dominique Isler. Seul moyen de faire rentrer facilement au capital de leur entreprise des acteurs aussi différents que des particuliers, des collectivités ou encore des entreprises, le statut coopératif s’est imposé dès la création, en 2018. "Au début, nous avons peut-être été un peu plus lentement. Mais maintenant, ce statut est une force", assure Dominique Isler.

Si les dirigeants fondateurs conservent 35 % des droits de vote, le fonctionnement même de l’entreprise leur impose de tenir compte des avis développés au sein des autres collèges : collectivités, citoyens coopérateurs et collaborateurs. "Grâce à nos 70 actionnaires, nous avons 70 ambassadeurs de l’entreprise", se félicite Dominique Isler. "Cela change notre relation avec nos clients et cela nous permet aussi de recruter facilement."

Vers un nouveau métier

Aux deux métiers de base d’Energéthic, Dominique Isler veut en ajouter un troisième en 2023 : un ingénieur manager d’énergie à temps partagé. "Les gros industriels ont une personne qui gère l’énergie dans l’usine. Une PME n’a pas forcément les moyens de payer un ingénieur pour ça. C’est ce que nous voulons amener sur le marché", dévoile le dirigeant.

Concrètement, l’enjeu est d’automatiser la saisie des données de consommation d’énergie d’une PME, grâce à des capteurs, puis de faire digérer cette masse d’information à une intelligence artificielle pour obtenir une restitution exploitable rapidement. "Derrière, l’ingénieur pourra passer son temps à faire du conseil. Et ça, on peut le valoriser auprès d’une PME", assure Dominique Isler, qui estime que le potentiel de cette activité est supérieur à celui du photovoltaïque.

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