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PAT va lancer un anti-inflammatoire issu d'une plante
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PAT va lancer un anti-inflammatoire issu d'une plante

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La technique développée par PAT consiste à stimuler les plantes puis à récolter les molécules produites dans les racines sans les couper. — Photo : Plant Advanced Technologies

Présenté pour la première fois à San Diego à l’été 2017, l’anti-inflammatoire « TEM 1657 » avait laissé les experts de l’industrie pharmaceutique sans voix : des résultats étonnants au niveau des études préclinique pour une molécule issue d’une plante, l’industrie n’était pas encore préparée à cela. Breveté en 2016, ce candidat médicament a été découvert et optimisé par les équipes de Plant Advanced Technologies, société basée à Vandœuvre-lès-Nancy, grâce à la technique des plantes à traire. Les performances de « TEM 1657 » dans le traitement du psoriasis ont démontré une efficacité identique à celle des corticoïdes, la référence actuelle du marché, mais sans leurs effets secondaires indésirables. « Notre molécule permet en plus de protéger la peau », soulignent les équipes de Plant Advanced Technologies.

Un potentiel tel que Plant Advanced Technologies a décidé de ne pas attendre que les grands laboratoires pharmaceutiques soient convaincus pour investir et veut dès maintenant accélérer le développement. La société vient en effet de créer une filiale à 100%, baptisée Temisis, qui sera la structure dédiée au développement de cet anti-inflammatoire. Pour le spécialiste lorrain de l’identification et de la production de molécules rares, il s’agit à la fois d’un tournant stratégique et d’une réelle opportunité de dégager des revenus conséquents.

Levées de fonds pour trouver des millions

« L’objectif est d’aller jusqu’à la phase 1 de l’essai clinique », précisent les équipes de Plant Advanced Technologies. Sachant que le développement complet d’un médicament, depuis les premiers essais précliniques jusqu’à l’Autorisation de mise sur le marché pour fabriquer et vendre le produit, dure 10 ans. Pour PAT, afin d’arriver à un produit « vendable », les équipes tablent sur une durée de 4 à 6 ans. Aller jusqu’en phase 1 de l’essai clinique passera nécessairement par un cycle de plusieurs levées de fonds conséquentes, de plusieurs millions d’euros, qui devrait débuter au cours du premier semestre 2018.

PAT n’entend pas pour autant aller jusque sur le marché avec « TEM 1657 ». Le coût de développement d’un médicament a augmenté ces dernières années, notamment du fait de l’explosion du coût des études cliniques : les experts estiment qu’il faut aujourd’hui dépenser près d’un milliard d’euros pour mettre un médicament sur le marché. « Nous ne voulons pas nous substituer aux laboratoires pharmaceutiques », précise Anaïs Gavoille, responsable marketing de Plant Advanced Technologies. « Nous voulons rester producteur, et vendre des licences d’exploitation. »

En créant une nouvelle filiale, les dirigeants de PAT ont voulu diminuer les risques : l’apport de « TEM 1657 » dans Temisis devra permettre de financer la poursuite du développement clinique sans dilution et sans risque pour les actionnaires de PAT, tout en profitant des plus-values en cas de succès. « La richesse de notre portefeuille d’actifs nous invite à structurer notre approche pour sécuriser leur développement et la création de valeur pour PAT », détaille Jean-Paul Fèvre, le président de Plant Advanced Technologies. « La filialisation de Temisis est la traduction même de ce nouveau modèle et permet de présenter notre premier actif pharmaceutique de manière très favorable auprès des sociétés intéressées. »

Plus de produits, moins d’exclusivité

Début 2018, Plant Advanced Technologies a publié un chiffre d’affaires hors filiales pour 2017 de 806 000 €, en retrait par rapport à 2016, où il avait atteint 1,1 M€. Un décalage de revenu qui s’explique notamment par « la baisse des commandes d’un client suite à un redéploiement de gamme ». Pour autant, les équipes de l’entreprise assurent que l’entrée en « production des produits exclusifs et la commercialisation d’actifs en propre vont contribuer à la progression du CA sur 2018 ». L’entreprise va notamment s’appuyer sur une nouvelle stratégie commerciale visant à « prioriser le déploiement du portefeuille de produits non-exclusifs. Cela permettra à PAT d’élargir le nombre de ses clients à terme et d’avoir plus de liberté dans le positionnement de ses produits ».

Cette réorientation stratégique est porteuse de perspectives ambitieuses : « PAT anticipe d’ici fin 2018 le lancement de 2 actifs en collection en anti-âge », indique l’entreprise. Actuellement, trois actifs exclusifs et deux actifs commercialisés par l’intermédiaire de distributeurs sont en phase d’appropriation chez des clients.

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