NGE Grand Est : « On est sorti de la crise de 2008, on va encore s'en sortir »
Interview # BTP

NGE Grand Est : « On est sorti de la crise de 2008, on va encore s'en sortir »

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Le groupe de BTP basé à Tarascon dans les Bouches-du-Rhône, NGE (CA : 2,5 milliards d’euros : effectif : 13 000), vient d’annoncer un plan de 100 recrutements dans le Grand Est d’ici à 2024. Le directeur régional, Jean-Marie Costa, estime qu’il en va de la responsabilité de l’entreprise d’embaucher plutôt que de sous-traiter.

Jean-Marie Costa, directeur régional NGE dans le Grand Est — Photo : © NGE

Vous annoncez avoir recruté 50 personnes dans le Grand Est en 2020 et vous prévoyez encore 100 embauches d’ici à 2024. Malgré la crise, votre carnet de commandes est-il rempli ?

Jean-Marie Costa : Le carnet de commandes de NGE dans le Grand Est est effectivement solide. Pour 2021, on est quasiment à 65 voire 70 % de la commande prévue, ce qui n’est pas si mal. Mais il ne faut pas se leurrer : il y aura des problèmes en 2021, et surtout en Lorraine, parce que le dernier trimestre a été catastrophique en termes d’appels d’offres publics. La chute du nombre d’appels d’offres au dernier trimestre, rien que pour la Lorraine, c’est 54 % en moins par rapport à l’année dernière. De notre côté, nous avons un carnet de commandes à peu près satisfaisant car nous avons énormément de marchés à bon de commande, qui sont des marchés récurrents, sur 4 ans, ce qui nous permet d’avoir un peu de visibilité.

Avez-vous des signaux encourageants sur la reprise de la commande publique ?

Jean-Marie Costa : Ça va nécessairement bouger. Parce que le plan de relance va arriver. On est sorti de la crise de 2008, on va encore s’en sortir. Mais dans le Grand Est, nous avons toujours été un peu plus impactés. Les collectivités ont des projets, mais ont peur de ne pas avoir l’argent pour les faire. Il existe des possibilités de financement avec les privés qui sont intéressantes, sans entraîner nécessairement une augmentation énorme de la dette de la collectivité, et c’est sur cela que les élus doivent aujourd’hui s’appuyer.

Votre stratégie consiste-t-elle à ne pas faire le dos rond mais à vous développer malgré les difficultés ?

Jean-Marie Costa : Les agences de la région Grand Est ont suivi l’évolution de NGE au niveau national. En 2003, nous faisions péniblement 15 millions d’euros de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, rien que sur les métiers classiques du groupe, nous réalisons 105 millions d’euros. Tout ne s’est pas fait par de la croissance externe, mais aussi sur de la croissance organique : et quand vous voulez progresser en chiffre d’affaires, il y a un moment où il faut bien embaucher des gens. On a toujours énormément embauché, même dans des périodes très difficiles, en particulier entre 2013 et 2016. Parce qu’on croit dans notre métier, dans notre territoire, et parce que c’est l’ADN de notre société.

Il y a donc un modèle de croissance chez NGE ?

Jean-Marie Costa : Certains dans le BTP ont tendance à sous-traiter un maximum de chose. De notre côté, c’est l’inverse, nous avons toujours voulu faire les choses par nous-mêmes. Et quand on sous-traite très peu, il faut bien avoir nos propres employés. Il en va de notre responsabilité, dans le sens où nous voulons maintenir une compétence, avec des salariés près de chez nous. Ensuite, si on continue à recruter, c’est que nous nous positionnons déjà sur de nouveaux métiers, qui restent évidemment dans le spectre du BTP. Si on prend l’exemple de la fibre, quand on a gagné notre premier RIP en 2016, pour l’Alsace, nous avions un métier de canalisateur, en revanche, nous n’avions pas encore fait de fibre. Donc il a fallu recruter pour y arriver et aujourd’hui nous avons plus d’un million de prises à installer en France. C’est une des raisons pour lesquelles nous continuons à embaucher, même si la période est compliquée. De toute façon, il faut regarder devant. C’est l’idée quand on parle de « Smart Cities » : il va bien falloir qu’on agrège les compétences et qu’on recrute. Dans le Grand Est, on a toujours été très présents localement, mais à tous les niveaux : dans la culture, dans le sportif, mais avec des gens du terrain. L’enjeu, c’est de participer à la vie de la communauté pour laquelle on travaille et par conséquent d’embaucher des gens du territoire. Le fait est que ça ne nous réussit pas trop mal, puisque j’ai très peu de turn-over dans mes équipes. Et j’en suis très content.

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