« C’est un moment très important pour l’entreprise. Le lancement de la plateforme Myriscent, c’est tout simplement la première étape d’un changement de stratégie complet. » Les 18 et 19 octobre, Muriel Jacquot, la dirigeante de Myrissi, société basée à Vandœuvre-lès-Nancy, présentera lors du salon Cosmétic, à Paris, la première plateforme web de design olfactif : en répondant à quelques questions, depuis une simple page web, l’utilisateur de Myriscent pourra obtenir la recette d’un parfum original, s’appuyant sur le savoir-faire de Myrissi et les années de recherche effectuées par Muriel Jacquot. « En partant des émotions, des attitudes et des couleurs, il devient possible de créer un parfum. »
Identifié comme un concurrent
Les équipes de Myrissi ont en effet réussi à objectiver le lien entre odeur et couleur, et s’appuient sur une base de données de plus de 25.000 tests réalisés partout dans le monde, pour dresser le profil chromatique d’une odeur. Après la création de l’entreprise, en février 2014, Myrissi a bouclé rapidement une première levée de 200.000 € puis a décroché quelques références, surtout locales. La société se lance sur son marché en étant capable, par exemple, de dresser les couleurs, ainsi que les proportions des couleurs d’un paquet de chips pour que le consommateur ressente le goût barbecue, par exemple. Le procédé étant réversible, les équipes de Myrissi peuvent aussi créer une odeur qui va véhiculer les valeurs d’une marque. Innovante, opérant sur des recherches scientifiques pointues, Myrissi avait tout pour réussir… Mais les gros contrats ne viennent pas. « Nous avons mis du temps à comprendre, mais nous avons fait un bilan qui nous a montré que nos clients nous identifiaient comme des concurrents », explique Muriel Jacquot.
Un business model à finaliser
En août, la décision est prise : il faut faire pivoter Myrissi : « Nous allons devenir un prestataire de services pour les marchés de la cosmétique et de la parfumerie », explique la dirigeante. Il faut trois mois à l’équipe de Myrissi pour sortir une première version de sa nouvelle plateforme web, Myriscent. « Les premiers tests menés auprès des clients ont été très positifs », souligne Muriel Jacquot, qui va attendre les retours du salon Cosmétic pour finaliser le business model de Myrissi. « La plateforme est en ligne, le paiement sera possible pour du one-shoot, mais nous allons aussi proposer des formules d’abonnement. »
L’entreprise proposera aussi aux grands groupes l’accès à son interface de programmation, son API, afin que les grands groupes de parfumerie puissent intégrer la technologie Myrissi dans les outils maison. « Cette plateforme est un outil, qui n’a pas vocation à remplacer le travail des nez », souligne Muriel Jacquot. Dans un milieu plutôt conservateur, la dirigeante de Myrissi espère au contraire que les propositions de Myriscent favoriseront l’innovation chez les créateurs de parfum.
