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MGE va investir 50 millions d’euros pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre
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MGE va investir 50 millions d’euros pour diminuer ses émissions de gaz à effet de serre

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Le dirigeant du groupe MGE, Philippe Virtel, vient de dévoiler une stratégie visant à décarboner l’activité du transporteur basé à Chavelot, dans les Vosges et ainsi diminuer de plus d'un tiers ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2028.

Les poids lourds du groupe MGE peuvent compléter leur plein de gasoil avec du HVO dans la nouvelle station de Chavelot — Photo : Jean-François Michel

Pour Philippe Virtel, le dirigeant du transporteur MGE, basé à Chavelot à côté d’Épinal dans les Vosges, engager une stratégie de décarbonation devient "une obligation morale". Le groupe spécialisé dans le transport de marchandises, qui pèse 100 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 700 salariés, vient de dévoiler une stratégie visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de son groupe de "33,5 % d’ici à 2028".

Un chantier à 50 millions d’euros, dont la première étape a été d’ouvrir à Chavelot une station-service délivrant un carburant alternatif au gasoil, le HVO, pour alimenter les poids lourds du groupe. Conscient d’être relativement épargné par les règlements européens, Philippe Virtel sait que "le législateur européen est en train de travailler pour que, d’ici à 2025-2026, les externalités négatives du transport routier fassent l’objet d’une taxation carbone". Pour autant, le dirigeant du groupe MGE veut retenir que "décarboner est devenu possible".

Vers un réseau de station HVO

"Après avoir essayé le gaz naturel comprimé, le gaz nature liquéfié, le carburant d’origine végétale, dit B100 et le HVO, notre choix s’est porté sur l’utilisation de ce carburant alternatif, le HVO", détaille Philippe Virtel. Fabriqué à partir de matières premières issues de l’industrie agroalimentaire, comme des graisses animales ou des huiles de friture, le "Hydrotreated Vegetable Oil" ou HVO, promet une réduction des émissions de gaz à effet de serre comprise entre 80 et 90 %. "Après la mise en service de la première station-service, à Chavelot, nous allons convertir des stations existantes au sein du groupe pour les faire transiter vers ce carburant HVO", souligne Philippe Virtel, qui compte atteindre rapidement quatre stations équipées.

S’engager dans une stratégie de décarbonation relève d’une "obligation morale", estime Philippe Virtel, le dirigeant du groupe MGE — Photo : Jean-François Michel

Pour arriver à réduire de plus d’un tiers les émissions de gaz à effet de serre de son groupe, le dirigeant de MGE va devoir multiplier les efforts : former l’ensemble de ses chauffeurs va permettre d’économiser 3 % des émissions, optimiser les réglages des véhicules et les pneumatiques va permettre d’aller chercher 1,5 % en moins d'émissions de gaz à effet de serre, et accélérer le renouvellement du parc de véhicules vers des tracteurs de nouvelle génération, permettra de réduire les émissions de 8,5 %. "Lorsque les 450 véhicules du parc MGE auront été renouvelés, nous arriverons à cette économie de 8,5 %", insiste Philippe Virtel, qui va injecter dans ce renouvellement accéléré la plus grosse partie de l’investissement programmé. "Donc, il me faut 7 ans pour aller chercher sur le parc 8,5 % d’économie. C’est très long."

Ouvrir toutes les expérimentations possibles

En additionnant tous ces gains, le dirigeant arrive à une réduction de 12,5 % en 2028 par rapport aux émissions actuelles. "C’est très faible et pourtant, ça nécessite des efforts très importants. Avec le HVO, dans une proportion de 1 litre de HVO pour 2 litres de gasoil, mon taux de décarbonation passe de 12,6 % à 33,5 %", se félicite le dirigeant de MGE. Conscient qu’il ne pourra pas y arriver sans l’adhésion de ses clients, Philippe Virtel a lancé un appel, à tous ces clients et prospects, à l’occasion de l’inauguration de la nouvelle station-service de Chavelot les invitant à "le suivre dans cette démarche et à la piloter en commun".

Contraint à l’utilisation du HVO pour engager sa transition, le dirigeant de MGE estime que "le transport zéro émission est pour quelque part entre 2035 et 2045. Mais, d’ici là, il faut démarrer tout ce qu’il est possible de faire." Débordant d’idées pour décarboner son activité, Philippe Virtel veut mettre en service, "d’ici à 2023-2024, d’un à trois tracteurs électriques à batterie, à titre expérimental". Un investissement que le transporteur souhaite porter au sein d’un consortium, qui rassemblerait ses trois plus gros clients, pour "partager la douleur financière et le bonheur de ne pas polluer". Autre piste, l’hydrogène : "dans le Grand Est, il y a 4 ou 5 projets de création d’unités de production d’hydrogène aussi décarboné que possible. Notre parc est disséminé dans la région et demain, il y aura une ressource. Il serait dommage de ne pas mettre en service au moins six tracteurs, pour tester leur efficience".

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