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MGE : la stratégie de croissance s'appuie aussi sur la palette
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MGE : la stratégie de croissance s'appuie aussi sur la palette

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Le transporteur et logisticien vosgien MGE vient de lancer un nouvel outil : une plateforme de 7 500 mètres carrés basée à Contrexéville, rassemblant un atelier de réparation et de stockage de palettes, ainsi qu’un entrepôt logistique.

Les postes de travail ont été aménagés pour bénéficier des dernières avancées en termes d'ergonomie — Photo : © Jean-François Michel

Philippe Virtel est un dirigeant affamé : « J’ai ciblé encore cinq entreprises qui pourraient faire l’objet d’un rachat », dévoile le patron du transporteur et logisticien MGE, basé à Chavelot, dans les Vosges. Ces trois dernières années, Philippe Virtel a déjà bouclé six opérations de croissance externe, avec pour objectif d’atteindre les 100 millions d’euros de chiffre d’affaires à l’horizon 2021, soit un doublement de l’activité en cinq ans.

« Quand j’ai repris l’entreprise il y a 32 ans, MGE était une vieille dame qu’il a fallu secouer pour la mettre sur le chemin de la croissance », précise Philippe Virtel : entouré d’une équipe de jeunes cadres, parfois issus des rangs des chauffeurs routiers, le patron vosgien a bouclé son dernier exercice sur 80 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour 650 salariés.

La reprise des sociétés Vogep et Transports Develotte, signée en 2017, a permis à MGE de se « positionner sur un nouveau métier, celui de prestataire industriel », souligne Philippe Virtel. Depuis Tollaincourt, Vogep assurait en effet la réparation et le stockage de palettes, destinées notamment au conditionnement des bouteilles d’eau pour l’usine Nestlé Waters de Contrexéville, située à 20 kilomètres. Ces palettes étaient ensuite acheminées chez le client par les Transports Develotte.

Une course contre la montre de 11 mois

Pour gagner en efficacité, Philippe Virtel reprend un projet porté par Patrick Develotte, l’ancien dirigeant de Vogep et des Transports Develotte : il faut se rapprocher de l’usine de Nestlé Waters. Début mai 2018, le groupe MGE renouvelle le contrat pluriannuel avec le groupe LPR, société toulousaine spécialisée dans la location et la gestion de palettes. Une signature qui permet d’acquérir un terrain, à proximité immédiate de Contrexéville. Pour une enveloppe globale de 5,5 millions d’euros, le groupe MGE a donc lancé dès juin 2018 le chantier d’une plateforme multi-activité, mêlant atelier de réparation de palettes, stockage, entrepôt logistique et atelier de maintenance de poids lourds, dans un bâtiment de 7 500 m2.

Livré en mars 2019, le site est désormais entièrement opérationnel. « Ce fut une véritable course contre la montre de 11 mois », concède Philippe Virtel, qui avait notamment pour objectif de répondre aux exigences d’un client, Nestlé Waters : l’usine de Contrexéville produit chaque année 1,5 milliard de bouteilles d’eau, sous les marques Vittel, Contrex et Hépar. Pour charger et livrer un tel volume, le nouvel atelier de MGE pourra fournir jusqu'à 2,5 millions de palettes. Et outre l’usine de Nestlé, MGE alimentera la Brasserie de Champigneulles, en Meurthe-et-Moselle, et le site Kronenbourg à Obernai dans le Bas-Rhin.

« Tous les champs du possible »

Le nouvel atelier MGE emploie une trentaine de personnes et permet de traiter entre 10 000 et 15 000 palettes par jour. Arrivées par camion, les palettes usagées sont triées afin de déterminer leur état : si une réparation est nécessaire, la palette entre alors dans un circuit orchestré par un convoyeur entièrement automatisé, mis au point par la société bretonne ENJ Concept. Répartis sur cinq postes de réparations, des opérateurs recrutés pour leur habileté et leur vitesse d’exécution soulèvent les 25 kilos de la palette, enlèvent les pièces endommagées, ajustent les nouveaux éléments, avant d’orienter la palette rénovée vers les 3 000 m2 dédiés au stockage, espace dans lequel s’entassent 90 000 palettes qui attendent d’atteindre le taux d’humidité souhaité, à savoir moins de 35 %.

Le bois de réparation, certifié PEFC, ne vient pas « encore » de la forêt vosgienne, mais d’un prestataire retenu par le groupe LPR : une situation que Philippe Virtel estime pouvoir modifier bientôt, notamment afin de pouvoir soigner encore le bilan carbone global du site. « La palette, c’est vraiment de l’économie circulaire », rappelle Yves Degouve, le directeur France de LPR. « Une palette dure en moyenne 7 ans et tourne 28 fois entre l’atelier de réparation et le site de chargement des clients. »

Des propos qui sonnent bien aux oreilles du dirigeant du groupe MGE : pour être capable d’offrir « des perspectives durables » à ces employés, Philippe Virtel veut en effet maîtriser son impact sur l’environnement. « Il y a 100 ans, c’était le diesel. Le GNV est apparu il y a 5 ans et, depuis un an, on voit apparaître des carburants végétaux. Je suis certain que nous verrons apparaître, d’ici un à trois ans, des tracteurs électriques, avant d’aller vers la pile à combustible. Il faut explorer tous les champs du possible », lance le dirigeant de MGE, en annonçant l’achat de 150 camions compatibles avec le carburant végétal Oléo 100, un carburant issu à 100 % du colza.

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