Marine Jurkiewicz (réseau Est Bpifrance) : « Pour accompagner à l'export nous avons des solutions pour chaque entreprise »
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Marine Jurkiewicz chargée d'affaires international réseau Est chez Bpifrance Marine Jurkiewicz (réseau Est Bpifrance) : « Pour accompagner à l'export nous avons des solutions pour chaque entreprise »

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Chargée d’affaires international réseau Est chez Bpifrance depuis 2013, Marine Jurkiewicz revient sur les enjeux de l’export. Plus frileuses que les voisins européens, les PME lorraines et françaises disposent pourtant de nombreux outils, dont les garanties publiques, pour se lancer vers l’export et trouver leur marché porteur.

Marine Jurkiewicz a croisé la route et accompagné 150 entreprises lorraines en recherche de marchés à l'export — Photo : © Jonathan Nenich

Gérées depuis 1946 par l’assureur crédit Coface, l’État a donné, depuis 2017, la gestion des garanties publiques à l’export à Bpifrance. Ce changement de gestionnaire s’est-il accompagné de nouveautés ?

Marine Jurkiewicz : Depuis que les garanties publiques sont entrées dans le giron de Bpifrance, nous avons simplifié les démarches. Aller à l'export, est toujours très long. Entre le moment où une entreprise s’intéresse à un marché et celui où elle commence à en récolter les fruits et devenir rentable, il se passe des années. Il faut avoir les reins solides. C’est une aventure passionnante mais couteuse, qui sous-entend des frais de traduction, de conseils juridiques, d’adaptation des produits aux normes des pays ciblés, de douanes, de déplacements… Nous accompagnons les entreprises sur tous ces points.

Les entreprises françaises sont-elles volontaires sur l'exportation ?

Il y a deux à trois fois moins de PME exportatrices en France qu’en Italie ou en Espagne. Nos profils sont variés, avec des entreprises jeunes à l’export qui cherchent des conseils pour identifier leurs marchés. Nous comptons aussi des entreprises aguerries à l’export qui ont besoin de nos services et des garanties publiques pour sécuriser leurs opérations.

Qu’en est-il de la situation en Lorraine ?

En 2019, j’ai réalisé 220 rendez-vous auprès de 150 entreprises différentes. Même si je suis seule sur le poste en Lorraine, c’est un bon score. Sur 44 assurances prospection signées, 21 l’ont été en Meurthe-et-Moselle, 12 dans les Vosges, 11 en Moselle et aucune en Meuse. Avec beaucoup de start-up en Meurthe-et-Moselle. Pour les deux autres départements, ce sont surtout des entreprises industrielles, textile et bois. Le pays qui attire le plus est l’Allemagne, avec 14 dossiers. La Suisse compte 10 dossiers. Ce sont les deux les plus plébiscités. En Lorraine, les entreprises restent globalement à proximité. La Belgique, l’Italie, le Maroc attirent aussi. Au niveau national, nous retrouvons l’Allemagne et les États-Unis aux premières places des pays où l'on exporte.

En Lorraine, l’assurance prospection est le produit phare. En quoi consiste-t-elle ?

Nous disposons de solutions adaptées à chaque entreprise, indépendamment de sa taille, de son secteur d’activité, de son degré de maturité. Avec l’assurance prospection nous déterminons d’abord un à cinq pays cibles pour exporter. Puis nous lançons le programme qui implique une durée de prospection de deux ou trois ans. Nous établissons ensemble un budget de prospection : déplacements, recrutements éventuels, participation à des salons, adaptation des produits, interprètes, études de marché, création d’un bureau ou filiale, marketing… Bpifrance se propose d’indemniser l’entreprise à hauteur de 65 % de la somme engagée. L’argent est versé en deux temps : à la signature du contrat pour permettre à l’entreprise d’avoir de la trésorerie immédiatement. Est déduit de ce versement le coût de l’assurance prospection, soit 3 % du budget. Vient ensuite le deuxième versement, avant la période de franchise de deux ans. Ce n’est qu’après cela que l’entreprise débute les échéances, soit quatre à cinq ans après le prêt. Nous prenons alors 10 % du chiffre d'affaires réalisé à l’étranger en guise de remboursement, échelonné sur trois à quatre ans. Le reste est transformé en subventions. C’est donc un produit déficitaire pour l’État. Il faut rembourser en tout état de cause 30 % de la somme prêtée même si le pari n’a pas fonctionné. L’entreprise ne rembourse jamais plus que le montant de l’indemnité.

Quel montant est-il possible de récupérer via l’assurance prospection ?

Cette année, j’ai suivi des entreprises qui partaient à l’étranger avec 30 000 € pour le minimum, et 400 000 € au maximum. Le montant moyen est de 131 000 €. Pour accéder à un tel prêt, nous regardons les fonds propres de l’entreprise, le potentiel, le chiffre d'affaires de l’entreprise. Le but n’est pas de dilapider l’argent public. C’est un partage de risque entre Bpifrance et l’entreprise. Le dispositif est incitatif en cela qu’il apporte de la trésorerie à taux 0.

Les entreprises lorraines sont-elles devenues frileuses pour aller vers le Royaume-Uni avec le Brexit ?

Je n’ai pas constaté de ralentissement, au contraire. Bpifrance a sorti un produit spécial Brexit sur l’assurance change par rapport à la devise. Cela permet de garantir un cours à une PME française sur la livre. Nous neutralisons ainsi le risque de change. Cela permet de réfléchir en euro quelle que soit l’évolution de la monnaie.

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