Rassemblés pour donner naissance officiellement à l’Office foncier solidaire du Sillon lorrain, ce 2 décembre, les quatre élus des collectivités impliquées dans cette création, estimaient tenir "un outil pour aller vers des prix de l’immobilier convenables". Le président de la Communauté d’agglomération Portes de France Thionville, Pierre Cuny, rappelait que les prix sur certaines opérations immobilières dans le Nord lorrain sont passés de "3 000 € le m², à 5 000 voire 6 000 €. Cela engendre une vraie rupture sociale, entre les gens qui peuvent payer et les autres", détaillait l’élu.
Au côté de la Communauté d’agglomération Portes de France Thionville, l’Eurométropole de Metz, la communauté d’agglomération du Val de Fensch et la Communauté de communes du Val de Fensch ont donc rejoint la démarche lancée il y a 18 mois par Olivier Lingat, le directeur général d’EVEL, une filiale du groupe Batigère opérant sur des métiers allant de la construction de maisons individuelles à la promotion immobilière, pour aboutir à la création de l’OFS du Sillon lorrain, dont le siège est basé au 48 place Mazelle, à Metz. "C’est un sujet sur lequel il faut rassembler les compétences", insiste le directeur général, qui est allé chercher la SEBL Grand Est, une société d’aménagement détenue par la région Grand Est, pour porter le foncier. "Dans un contexte où la sobriété foncière s’impose, la création d’un office foncier solidaire est une véritable révolution", estime Jérôme Barrier, le directeur général de la SEBL Grand Est.
Un dispositif à but non lucratif
Introduits par la loi ALUR de 2014, précisés dans un décret de 2016, les Offices fonciers solidaires se sont multipliés en France grâce à un principe simple : proposer une offre de logements abordables, en dissociant le bâti du foncier, qui reste la propriété de l’OFS. En moyenne, la petite centaine d’offices fonciers solidaires opérant déjà en France propose des logements "30 % moins chers par rapport au prix du marché", rappelle Mathieu Biguenet, le directeur général de l’OFS du Sillon lorrain. Le ménage devenant propriétaire des murs, qui doit justifier d’un niveau de revenu inférieur à un plafond, verse à l’OFS une redevance mensuelle, appelée bail réel solidaire, allant de 1 à 2 € du mètre carré.
Disposant d’un capital de départ de 3 millions d’euros, l’OFS du Sillon lorrain "n’a pas vocation à faire des profits", souligne Olivier Lingat, qui a convaincu cinq bailleurs de s’engager dans l’opération : Batigère Grand Est, Vivest, CDC Habitat et Batigère maison familiale. Après l’étude des premiers dossiers, qui devrait mobiliser les partenaires sur le premier semestre, "la première opération de l’OFS du Sillon lorrain devrait être lancée au deuxième semestre 2023, pour une livraison qui devrait intervenir en 2025", détaille Mathieu Biguenet. Une fois les mécanismes entre partenaires rodés, 50 logements sont censés arriver sur le marché chaque année. Si l’OFS du Sillon lorrain va proposer une offre de logements neufs, l’outil devra aussi permettre de "reconstruire la ville sur la ville", comprendre rénover des logements de centre-ville tombés en désuétude. "L’OFS est un outil très innovant", insiste Jérôme Barrier. "D’ailleurs, il n’est pas impossible qu’il s’ouvre à d’autres collectivités lorraines…"