Liquidation de la fonderie automobile FVM : les salariés assignent l'actionnaire en justice
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Liquidation de la fonderie automobile FVM : les salariés assignent l'actionnaire en justice

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Le fabricant de pièces automobiles FVM, à Villers-la-Montagne en Meurthe-et-Moselle, a été placé en liquidation judiciaire le 19 avril. Une soixantaine de salariés parmi les 127 licenciés assignent l’actionnaire chinois Jinjiang en justice.

Désormais liquidée, l’usine FVM de Villers-la-Montagne avait été placée en redressement judiciaire en juillet 2019 — Photo : Jinjiang FVM

La fin de près de quarante ans d’histoire. Le fabricant de carters de boîtes de vitesses FVM, installé à Villers-la-Montagne (Meurthe-et-Moselle), a été placé en liquidation judiciaire le 19 avril. Les 127 salariés, affichant 51 ans de moyenne d’âge, recevront leur lettre de licenciement début mai.

Un mois plus tôt, l’issue de l’audience au tribunal de commerce ne faisant plus de doute, les ouvriers de la fonderie lorraine avaient décidé de prendre les devants en coupant l’électricité, en asséchant les bassins, en vidant les fours et en cadenassant le compteur de gaz. La fin d’un énième redressement judiciaire qui remonte au mois de juillet 2019, un an et demi après le rachat de l’usine par le groupe Jinjiang Industries Europe, basé à Tarascon-sur-Ariège, en Ariège.

Renault comme unique client

Lors du rachat, le propriétaire chinois avait annoncé 20 millions d’euros d’investissements. Selon les représentants syndicaux du site, les salariés meurthe-et-mosellans n’en ont jamais vu la couleur. Le carnet de commandes, lui non plus, n’a pas été à la hauteur des engagements pris par Renault, devenu l’unique client du fournisseur. "La seule chose qui a été faite, c’est de combler un trou de 500 000 euros tous les mois, déplore Jocelyn Pizzirulli, secrétaire Force Ouvrière du comité social et économique (CSE) de FVM. En juillet 2019, l’actionnaire chinois a dit stop. Nous nous sommes retrouvés en redressement et nous ne l’avons jamais revu."

L’éclaircie est alors arrivée de la région lyonnaise avec la Fonderie Trinquet. Cette dernière avait déposé une offre de reprise avant de la retirer en mars 2021, faute d’accord avec Renault.

Un chiffre d’affaires en chute libre

Construite par Peugeot en 1983 à 10 kilomètres du Luxembourg et 20 kilomètres de la Belgique, la fonderie FVM fabriquait alors des carters de boîtes de vitesses et des blocs-moteurs en aluminium. "À son heure de gloire au début des années 2000, l’usine faisait 100 millions d’euros de chiffres d’affaires et tournait avec 500 CDI ainsi qu’une centaine d’intérimaires, se rappelle Jocelyn Pizzirulli. Ces dernières années, nous ne faisions plus que 15 ou 20 millions d’euros de chiffre d’affaires avec moins de 150 salariés et une trentaine d’intérimaires. Nous n’utilisions plus que quatre ou cinq machines sur les 25 du parc." Trois reventes et plusieurs redressements sont passés par là.

Selon l’élu syndical, le plan de sauvegarde de l’emploi n’est pas financé et les responsables "sont aux abonnés absents". Une assignation en justice au nom d’une soixantaine de salariés est en cours de rédaction par l’avocat du CSE à l’encontre de l’actionnaire. "Nous lui reprochons qu’aucun des engagements pris au moment de la reprise en 2017 n’a été tenu", souligne Me Ralph Blindauer.

Les fonderies françaises aux abois

L’actionnaire chinois voit également la colère monter dans l’Aveyron, où son usine de pièces automobiles SAM (société sœur de FVM rachetée, elle aussi, par Jinjiang en 2017) qui emploie 365 personnes, n’a toujours pas trouvé de repreneur. Une réunion "cruciale" est annoncée le 29 avril entre les représentants du personnel et l’unique client de l’entreprise, là encore Renault.

À l’instar également de la Fonderie de Bretagne (mise en vente par le groupe Renault), dans le Morbihan, les fonderies françaises paient un lourd tribut depuis que les constructeurs automobiles se tournent vers l’étranger pour s’approvisionner en pièces détachées. Face aux difficultés rencontrées dans le secteur, le gouvernement a annoncé le 26 avril un fonds de soutien de 50 millions d’euros pour accompagner la reconversion des salariés concernés, dont 30 millions d’euros de l’État et 20 millions des constructeurs Renault et Stellantis.

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