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L’équipementier Inteva ferme son usine de Saint-Dié-des-Vosges, 222 salariés licenciés
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L’équipementier Inteva ferme son usine de Saint-Dié-des-Vosges, 222 salariés licenciés

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Quatre mois après son placement en redressement judiciaire, l’équipementier automobile Inteva Products France a été officiellement repris par son propre actionnaire américain le 9 octobre. Le groupe prévoit désormais de fermer l’usine de Saint-Dié-des-Vosges et de licencier plus de 200 salariés.

L'usine Inteva de Saint-Dié-des-Vosges est condamnée à fermer et ses 220 salariés à être licenciés — Photo : Lucas Valdenaire

À Saint-Dié-des-Vosges, c’est terminé. Les portes de l’usine Inteva sont désormais cadenassées. Les dernières banderoles syndicales sont en train de tomber. Le site va fermer et les 222 salariés vont être licenciés. Plus aucune serrure de voiture ne sortira des lignes vosgiennes. C'est officiel depuis la décision du tribunal de commerce d’Orléans rendue publique le 9 octobre.

À sa demande, l’équipementier automobile Inteva Products France (150 millions de CA en 2019, dont 35 millions pour le site de Saint-Dié-des-Vosges), filiale de l'américain Inteva Products, avait été placé en redressement judiciaire le 9 juin. Les juges orléanais avaient alors nommé deux administrateurs judiciaires et décidé d’une période d’observation pour le fabricant de moteurs de lève-vitres et de serrures de véhicules.

Deux offres de reprise dont une de l’actionnaire lui-même

Le groupe faisait déjà part de ses difficultés financières bien avant le confinement. Elle avait, en effet, engagé deux plans sociaux et validé la suppression de plusieurs dizaines de postes. Ces deux réorganisations « commençaient à porter leurs fruits », selon la direction, mais l’épidémie de coronavirus et la mise à l’arrêt total de l’ensemble des trois sites français ont durement frappé les finances du groupe. « N’ayant pas accès au prêt garanti par l’État pour cause de fragilité financière, Inteva Products France n’était plus à même de payer ses dépenses courantes ordinaires », expliquait le fabricant dans un communiqué publié juste avant d'être placé sous la protection du tribunal de commerce.

Deux repreneurs s’étaient alors manifestés : l’actionnaire américain lui-même (Inteva Products LLC) ainsi qu’un duo d’entrepreneurs indépendants. Dans les deux cas, la fermeture du site de Saint-Dié était envisagée. Après plusieurs mises en délibéré, le choix du tribunal s’est finalement porté sur l’offre de la maison mère présentant plus de garanties financières et moins de casse sociale au niveau national. Inteva Products France conserve ainsi l’intégralité des effectifs sur ses sites d'Esson, dans le Calvados (238 salariés) ainsi qu’une majorité d’entre eux au siège de Sully-sur-Loire, dans le Loiret (118 sur 160). L’établissement vosgien, lui, disparaît.

L'ordonnance du 20 mai 2020 dénoncée

Amers, les syndicats dénoncent la stratégie du groupe américain et déplorent « une mise en concurrence » du site lorrain avec une autre usine du groupe située à 2 000 kilomètres du ballon des Vosges, en Roumanie. « Nous n’étions plus compétitifs, Inteva souhaitait fermer Saint-Dié et nous le savions depuis longtemps, déplore Jean-Bernard Didier, élu CFE-CGC au comité social et économique. Mais là, c’est la façon de faire qui nous choque ».

Dans le viseur des salariés et de plusieurs élus locaux, il y a l’ordonnance du 20 mai 2020. Ce nouveau texte, censé éviter les faillites engendrées par la crise du Covid, donne la possibilité à un dirigeant d'entreprise de racheter sa propre société tout en effaçant sa dette (170 millions d’euros pour Inteva Products France selon plusieurs syndicats mais ce montant n’a pas été confirmé par la direction).

Dans un communiqué publié quelques heures après la décision du tribunal, Inteva Products France dit avoir « une pensée émue pour l’ensemble des salariés non repris ». Un accord portant le plan de sauvegarde de l’emploi a été signé par quatre organisations syndicales. La date exacte de fermeture de l’usine de Saint-Dié-des-Vosges n’a pas encore été fixée.

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