« Ça faisait longtemps que nous n'avions pas eu d'aussi bons chiffres ! » C'est un Thierry Rouchon tout sourire qui a dévoilé les données du panel Apec, l'Association pour l'emploi des cadres, dans sa dernière version. Pour le responsable du centre de Nancy, 2018 signera tout simplement le retour à des niveaux de recrutements observés avant la crise, soit en 2008. « 2006, 2007 ont été de bonnes années, avec un pic en 2008, où le niveau de recrutements de cadres dans le Grand Est a atteint 10 730 », détaille Thierry Rouchon. Pour 2018, les 990 entreprises du panel Apec interrogées dans la région prévoient de recruter 10 180 cadres dans la fourchette basse, et jusqu'à 11 120 pour l'estimation haute.
Des tensions dans le recrutement
Un niveau jamais atteint dans les prévisions, qu'il faut tout de même relativiser : c'est dans un an que les statistiques pourront dire si les entreprises ont réussi à recruter comme elles l'entendaient. « C'est un bémol dans une situation très positive », indique Thierry Rouchon. « Nous observons déjà des tensions au niveau des recrutements. » Des difficultés à recruter qui s'expliquent notamment par l'accélération de la transformation numérique ou la transition énergétique qui exigent des compétences nouvelles. Commercial, ingénieur R&D ou encore cadre dans l'informatique forment le trio de tête des fonctions les plus recherchées en 2017 ainsi qu'en 2018. Avec une particularité pour l'informatique, où le contexte tient du « jamais vu », selon Thierry Rouchon : le gigantesque chantier du RGPD, le règlement européen sur la protection des données ou encore l'évolution très rapide des systèmes d'information pourraient expliquer cette demande inédite.
Tous les départements en positif
Une situation de tension face à laquelle les recruteurs recherchent tous les mêmes profils : trois-quarts des intentions d'embauches dans le Grand Est concernent des cadres ayant de 1 à 10 années d'expérience. « La tendance est moins favorable pour les séniors et les débutants, mais encore une fois, il faut nuancer », souligne Thierry Rouchon. « Confrontées à des difficultés de recrutements, toutes les entreprises finissent par élargir le cadre de leur sourcing et s'intéressent aux débutants et aux séniors. »
Au sein du Grand Est, les disparités régionales restent marquées : l'ancienne Alsace pèse à elle seule 44% des recrutements prévus en 2018, contre 37% pour la Lorraine et 19% pour la Champagne-Ardenne. Pour autant, c'est presque une vague d'optimisme qui déferle sur les entreprises de la région, puisque dans tous les départements, les entreprises prévoient d'augmenter leur effectif cadre, pour une moyenne qui atteint 11% : la Meurthe-et-Moselle et le Bas-Rhin tirent la tendance, puisque dans ces deux départements, 14% des entreprises interrogées prévoient d'augmenter leur effectif cadre. Au final, l'année 2018 devrait permettre à la population cadre d'augmenter dans le Grand Est, comme en 2017 où les créations nettes se sont élevées à 1 910.
