Nancy
L'éditeur de logiciel de santé Juxta récolte les fruits de son pivot stratégique
Nancy # Informatique

L'éditeur de logiciel de santé Juxta récolte les fruits de son pivot stratégique

S'abonner

L’éditeur de logiciel Juxta, basé à Villers-lès-Nancy, conforte sa part de marché sur un secteur de niche : les systèmes de gestion pour les centres de santé. Et mise sur l’intelligence artificielle pour consolider sa trajectoire de croissance.

Romain Léger a pris la direction générale de Juxta en avril 2021 — Photo : Jean-François Michel

En janvier 2021, le directeur général de Juxta, Romain Léger, a décidé de faire pivoter son entreprise pour se consacrer à 100 % au développement d’un logiciel de gestion des centres de santé. "Jusqu’à cette date, nous avions un logiciel pour gérer les magasins d’optique et un autre pour les centres de santé", détaille le dirigeant.

Rassemblant des professionnels de santé au sein d’un même lieu, tous salariés de la structure, les centres de santé sont en plein développement en France : le pays en compte 2 600 à date et 300 centres ouvrent leurs portes chaque année. Le logiciel de gestion en ligne développé par Juxta, baptisé Desmos, est pensé comme la "colonne vertébrale" du centre de santé. Prise de rendez-vous en ligne, gestion de l’agenda des professionnels, mais aussi du dossier administratif et médical des patients, l’équipe de Juxta a soigné l’intégration de la gestion de la comptabilité et du tiers payant, pour arriver à un taux de rejet des factures de 1 %.

Un modèle économique qui permet de changer d’échelle

"Quand nous avons abordé ce virage stratégique, nous avions déployé 240 centres avec Desmos. Nous étions numéro trois sur le marché", détaille Romain Léger. Fin 2021, la maison mère de Juxta, le groupe DL Software (CA prévisionnel 2022 : 220 M€ ; 1 300 salariés), spécialisé dans les ERP métiers positionné sur des marchés de niche, a ouvert son capital au fonds d’investissement TA Associates, désormais actionnaire majoritaire du groupe, et se développe depuis, par croissance externe et interne.

Dans sa niche de marché, Juxta décline la stratégie du groupe. Sur les 300 centres de santé qui se créent chaque année, la PME lorraine en a équipé 135 en 2021, "et nous sommes sur un trend de 150 cette année", souligne le directeur général de Juxta, qui devrait équiper 600 centres à la fin de l’année 2022 et revendique une place de leader sur son marché.

L’activité se reflète dans les chiffres : "Nous avons terminé 2021 à 5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette année, nous serons à 6,2 millions d’euros et 7,2 millions d’euros pour l’exercice suivant", anticipe Romain Léger, qui s’appuie sur une récurrence de chiffre d’affaires de 85 %, grâce à un système d’abonnement. "La période Covid nous a fait gagner entre 5 et 10 ans, du fait de l’accélération de la digitalisation dans toute la société", estime Romain Léger. "Avant, toutes les formations étaient réalisées sur site. Aujourd’hui, elles se font en distanciel, grâce à des outils de visioconférence. Concrètement, cela nous permet de gagner en scalabilité."

Employant 45 personnes toutes installées au siège de Villers-lès-Nancy, Juxta a recruté huit personnes l’année dernière : "Une entreprise a toujours un peu de turn-over naturel. Vous avez à peu près 10 à 12 % d’effectifs qui bougent tous les ans", souligne Romain Léger. Ce qui inquiète plus le dirigeant de Juxta, c’est l’évolution des pratiques dans les métiers de l’informatique. "Depuis le Covid, l’élément qui fait tout exploser, c’est ce qu’on appelle le Full Remote, le 100 % télétravail", explique Romain Léger. "Les collaborateurs de Nancy sont recrutés par des entreprises parisiennes, bordelaises, lyonnaises ou encore niçoises qui ont des salaires de métropole. Et là, vous avez une explosion des salaires qui ont augmenté de 20 à 25 %."

L’intelligence artificielle au service des professionnels de santé

Cherchant à fidéliser ses talents tout en souhaitant continuer à travailler avec le tissu local, Romain Léger a vu sa masse salariale, qui représente 50 % du chiffre d’affaires de Juxta, augmenter de 12 % en deux ans. Pour le dirigeant lorrain, les arbitrages sont évidents : "Est-il préférable d’augmenter quelqu’un de 3 000 € à l’année plutôt que de dépenser 15 000 € pour le remplacer ?". Dans ce bras de fer pour garder les meilleurs talents, Romain Léger veut jouer la carte de l’alternance : "C’est mon premier canal de recrutement."

En parallèle des efforts menés pour recruter et attirer les meilleurs profils, Romain Léger mise aussi sur l’innovation pour se distinguer de la concurrence. Dernier partenariat en date, celui noué avec la société Allisone, un spécialiste de l’analyse de radios dentaires à destination des chirurgiens dentistes. "C’est la première fois que nous intégrons un dispositif à Desmos fonctionnant grâce à de l’intelligence artificielle, mais j’y crois beaucoup", insiste le directeur général de Juxta. "La médecine est en train de changer. Dans les 10 prochaines années, nous serons capables de détecter non pas la pathologie que vous avez, mais d’anticiper la potentielle pathologie que vous allez avoir".

Concrètement, le partenariat avec Allisone permet à Juxta de mettre à disposition de ses clients une intelligence artificielle capable de lire des radios dentaires puis de proposer un plan de traitement aux praticiens et une aide pédagogique pour expliquer les soins. "C’est notre raison d’être : trouver des innovations technologiques qui font du retour sur investissement pour nos clients", détaille Romain Léger. En moyenne, le système développé par Allisone permet aux professionnels de gagner jusqu’à deux patients par jour.

Nancy # Informatique