« Notre dette était énorme. Nous passions la moitié de notre temps à la gérer. Je rappelle que la solution la plus efficace pour gérer un problème de dette, c'est la banqueroute… Mais nous avons trouvé une solution fantastique avec nos actionnaires. » Le PDG de Norske Skog AS, Lars Sperre, ne cache pas sa satisfaction de pouvoir enfin se consacrer à son cœur de métier, à savoir produire du papier.
Repris par le fonds anglais Oceanwood en avril dernier pour 235 millions d'euros, l'industriel norvégien va pouvoir déployer sa stratégie sereinement. Le site vosgien du papetier nordique, à Golbey, cherche à diversifier et à multiplier les sources de revenus pour maximiser la compétitivité du site. « Le marché du papier est en baisse de 7 à 8 % par an, soit une usine comme celle de Golbey qui ferme tous les ans », souligne Yves Bailly, le PDG de Norske Skog Golbey.
L'énergie pour chauffer 2 500 logements
La nouvelle unité de production de biogaz apparaît donc comme une nouvelle pièce de ce puzzle complexe : sur un site de 70 hectares, Norske Skog emploie 325 personnes et réalise entre 250 et 300 M€ de chiffre d'affaires par an, pour une production de 600 000 tonnes papier journal. « Nous avons investi un peu plus de 7 M€ pour produire du biogaz. Pour nous, c'est aussi une nouvelle source de revenus, d'environ 1,4 M€ par an », précise Yves Bailly. En récupérant les 21 000 m3 quotidiens d'effluents liquides en provenance de la station d'épuration de l'usine, qui consomme chaque année 500 000 tonnes de papiers recyclés et 500 000 tonnes de bois, l'industriel peut désormais compter sur une unité de production de biogaz d'une capacité de 17 500 mégawattheures, soit l'énergie nécessaire pour chauffer 2 500 logements.
« Le biométhane est injecté dans le réseau GRDF », précise Yves Bailly. « Et le CO2 produit est utilisé dans notre processus papetier. » Au final, Norske Skog Golbey réduit ses coûts de production de 300 000 euros par an et compte économiser 90 000 euros sur l'achat de CO2. Le chantier a nécessité 40 000 heures de travail, dont 75 % ont été réalisés par des entreprises locales.
« Les problèmes financiers sont derrière nous »
« À Golbey, nous avons une image exacte de ce que nous voulons faire avec nos sites industriels », insiste Lars Sperre. « Une plateforme fantastique pour développer des projets avec des partenaires, pour faire encore plus que ce que nous faisons déjà. » Sur le site, l'usine Pavatex utilise depuis 2013 la vapeur et l'électricité de la papeterie pour produire 50 000 tonnes de matériaux isolants.
Invité pour le lancement de l'unité de production de biogaz, le nouveau propriétaire de Norske Skog, le fonds Oceanwood, par la voix de John Chiang, conseiller en investissements, s'est voulu rassurant : « Ce secteur industriel est en mutation, mais nous voyons un futur intéressant. Les problèmes financiers sont derrière nous, il est maintenant possible de se concentrer sur le métier. »
